Né en l’an 2011, le Théâtre du Futur réunit Guillaume Tremblay, Olivier Morin et le multi-instrumentiste Navet Confit autour de désopilantes créations aux formes bigarrées (soirée canadienne, théâtre-radio, opéra-surf, théâtre en réalité augmentée®) mettant en scène l’avenir de notre inconscient collectif. Après Clotaire Rapaille : l’Opéra Rock, l’Assassinat du Président, Épopée Nord et La Vague Parfaite, le Théâtre du Futur a entamé en 2018 un nouveau cycle de création. La pièce Les Secrets de la Vérité, une expérience paranoïaque et futuriste abordant les théories conspirationnistes avec humour et musique, a été présentée en avril 2018. S’inscrivant dans un tout nouveau cycle, Le Clone est triste est en cours de création et promet encore une fois un voyage qui en vaudra le détour.
Texte Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Mise en scène Olivier Morin
Crédits supplémentaires et autres informations
Musique Navet Confit
Photo-montage Olivier Morin
Tarif :
Régulier : 28 $
Réduit* : 25 $
Étudiant et voisin** : 22 $
16 ans et moins : 15$
Ce spectacle est inclus dans les offres suivantes :
3 spectacles pour 45$
Vendredi dis-ton-prix
** Résidents de Montréal dont le code postal commence par H2E ou H2R.
Production Théâtre du Futur
Après avoir repris le printemps dernier leur Trilogie du futur (Clotaire Rapaille – L’Opéra-Rock, L’Assassinat du président et Épopée Nord), le trio derrière le Théâtre du futur nous invite à nouveau dans un de ses délires iconoclastes dont il a le secret.
Le clone est triste replonge dans les thèmes favoris de la compagnie : avancées technologiques, culture populaire, bouleversements politiques et sociaux et avenir du Québec. Si la trilogie nous baladait dans la première moitié du 21e siècle, cette nouvelle dystopie fait un bond dans le temps et nous projette en 2067, plus de trois décennies après le bannissement sur la Lune de tous les représentants de la détestable génération des baby-boomers, déclarée coupable de crime contre la Terre. Mais tous ont-ils vraiment été exilés?
Dans l’intérieur baroque d’un confortable salon bourgeois, cinq des arrière-petits-enfants des boomers trompent leur oisiveté à l’aide de devinettes et de charades. Ils forment le Club des Marquis, une agence d’enquêteurs mondains, et ils ont un nouveau cas sur lequel se pencher : l’assassinat apparent de Gilles Douillette, qui serait le dernier clone du dernier boomer vivant encore sur Terre.
Le clone est triste dépeint, avec un sens de l’à-propos qui fait mouche, le paysage d’un Québec futuriste, mais pas si déconnecté de notre présent.
Le clone est triste se déguste comme un polar tandis que les éléments de l’intrigue se dévoilent au fil de l’enquête dissipée du Club des Marquis, mais c’est le foisonnement de références à la culture populaire et de traits d’humour qui font tout le charme de cette dégustation remplie de surprises et d’une autodérision bien québécoise.
Il ne faut que quelques répliques pour retrouver le ton à la fois décapant et décalé des coauteurs Olivier Morin et Guillaume Tremblay. Dans une langue qui navigue entre vocabulaire châtié et expressions québécoises populaires, un procédé qui aurait pu se révéler casse-gueule, mais que le tandem maîtrise parfaitement, la production multiplie les références culturelles, sociales et politiques. Les auteurs s’en donnent visiblement à cœur joie en jouant sur les clichés associés aux générations, car les boomers ne sont pas les seuls à goûter à la médecine du Théâtre du futur, ceux qui les suivent aussi : ces X privés d’amour et ces Y qui se cherchent. Mais les boomers demeurent la cible de prédilection, coupables d’avoir monopolisé le monde du travail, cannibalisé les ressources de la planète, glorifié les icônes de leur jeunesse, privé les X de tout futur…
En dandy désœuvré et meneur de troupes, Olivier Morin excelle : il virevolte, exulte, chante, accuse et se moque avec intelligence. À ses côtés, Guillaume Tremblay (qui se glissait dans la peau d’Elon Musk dans la précédente production du Théâtre du futur, Les secrets de la vérité) brille tout autant, surtout dans l’hilarante scène jouée en chiac. Marie-Claude Guérin vient tout naturellement compléter le trio d’acteurs, qu’accompagnent les musiciens Navet Confit et Philippe Prud’homme. Les cinq artistes s’échangent les rôles et les répliques dans un rythme qui ne faiblit qu’en milieu de parcours avant de repartir aussi sec dans une succession délirante de chansons et de revirements de situation aussi absurdes et imprévisibles qu’hilarants, où des chats-chacals vous traquent, des poubelles intelligentes vous volent à main armée et des statues de cire du Musée Grévin peuplent le Montréal souterrain. On pardonne aisément son côté un peu touffu à la production hyperactive tant on rit.
Le clone est triste dépeint, avec un sens de l’à-propos qui fait mouche, le paysage d’un Québec futuriste, mais pas si déconnecté de notre présent. Éclatée, avec une allure qui donne parfois l’impression d’aller dans tous les sens, la production parvient malgré tout à rester cohérente et à offrir une nouvelle fois une critique aiguisée de nos travers en tant que société et en tant qu’individu, peu importe la génération à laquelle on appartient. On ne peut que souhaiter que le Théâtre du futur continue de jouer aux Nostradamus pour nous éclairer en humour sur tous les avenirs imaginables.