De : Olivier Ducas et
Francis Monty
Adapté de Ubu roi d'Alfred Jarry
Avec : Olivier Ducas et Francis Monty
MERRRDRE ! Le ventripotent Père Ubu est livré à une armée de soldats-fourchettes ! Une légion de baguettes de pain se dresse devant une autre, les bombes de tomates éclatent, le batteur à œufs survole les troupes en déroute, du sang de mélasse pisse. Le sort de la Pologne se joue sur une petite table où, faisant flèche de tout bois, les deux acteurs-marionnettistes-bruiteurs-éclairagistes multiplient les références cinématographiques et échafaudent sous les yeux du public cette grande fresque bouffonne à l’aide d’objets du quotidien. L’aspect brut des objets, la complicité contagieuse des interprètes et le rythme effréné de l’adaptation conviennent parfaitement à la farce cruelle écrite par Alfred Jarry. Avec 600 représentations données au Canada, au Mexique et en Europe, Ubu sur la table est le spectacle qui a hissé la renommée de la troupe et qui a établi sa réputation de fureteuse aguerrie en théâtre d’objets.
Le 10e anniversaire de la création du spectacle marque également celui de la compagnie, qui fêtera d’une pierre deux coups, le 27 mars (Journée mondiale du théâtre), en présentant Ubu en programme double avec un cabaret clownesque conçu spécialement pour l’occasion.
Conception d'éclairages : Jonas Veroff Bouchard
Spectacles : 20 $/Régulier 15 $/Étudiant 10 $
Production Théâtre de la Pire Espèce
par David Lefebvre
Le public était invité, du 25 mars au 2 avril 2009, aux Écuries, pour le 10e anniversaire (en retard) de la création de la maintenant légendaire pièce Ubu sur la table. Franchement, comment dire non ? Comment répondre logiquement ou émotionnellement par la négative à ce petit bijou du théâtre de manipulation d'objets que les Monty, Ducas, Gosselin, Mauduit et compagnie ont trainé partout à travers le monde, en français, en espagnol, en mexicain (un exploit) et en langage des signes pour les personnes sourdes?
Adaptation libre et libertine du fameux Ubu roi d'Alfred Jarry, précurseur du théâtre absurde, Ubu sur la table regorge littéralement de créativité, d'imagination et de folie. Après 11 ans maintenant, rien n'a changé. Que l'on voie cette pièce pour la première ou la septième fois (mon cas, j'avoue), Ubu sur la table reste aussi drôle qu’à ses débuts. Mieux encore, elle suscite toujours l'intérêt et la fascination. On se dit, en sortant de la salle : mais comment font-ils pour réussir à nous amuser et nous émerveiller avec une bouteille remplie d'un liquide douteux (Ubu), une lavette (Mère Ubu), un marteau (Bordure), des théières (la famille royale) ou un bilboquet (l'espion)? Là réside toute la magie de ce théâtre minimaliste, où le plaisir de donner vie à des artefacts et de les faire parler prend un sens inégalé. Car on ne voit plus la bouteille, mais plutôt un soldat gros et farfelu, aux flatulences nucléaires; on ne voit plus un marteau, mais un noble assassin, grand, sec et impitoyable. Certaines scènes sont mémorables : l'assassinat au ralenti de la famille royale, dont Shakespeare jouirait, ou ce tango entre la Mère Ubu et le lieutenant Bordure. Ou encore, cette guerre de boustifaille (pain, raisins, tomates) entre les rebellés et Ubu, des armées représentés par… une panoplie d'ustensiles de cuisine.
Pour cette célébration, nous avons eu droit au duo original, soit Francis Monty et Olivier Ducas, qui était en grande forme. Le spectacle a débuté sur les chapeaux de roue, mais a heureusement pris un rythme plus maîtrisé par la suite. Les deux comédiens sont totalement à l'écoute l'un de l'autre, le premier s'amusant aux dépens de son partenaire, et vice versa. Le plaisir qu'ils ont encore à jouer ensemble ce Ubu singulier se propage et contamine le public pourtant déjà conquis.
Le succès et la renommée d'Ubu sur la table ne sont plus à faire. On annonce déjà une supplémentaire dans l'espace café du Théâtre Aux Écuries. Profitez-en...
autres critiques disponibles
[ici] de David Lefebvre (Maison Théâtre)
[ici] de David Lefebvre (400e, 2006)
[ici] de David Lefebvre (Ubu sourd la table)