En 2045, le Québec est souverain. Mais le Québec est perdu, «pardu». Les gens sont heureux mais n’ont plus de grands projets rassembleurs, plus de guide spirituel. Les dirigeants des grandes provinces sont désespérés. Un seul espoir : Clotaire Rapaille, psychanalyste rock star, gourou du marketing qui en psychanalysant les habitants de différentes villes débusque leurs natures et leur attribue des «codes culturels» de plus en plus ambitieux. Ces codes mirobolants provoquent peu à peu des catastrophes terribles. Clotaire Rapaille doit encore une fois affronter l’opprobre populaire qui le conduit à l’exil.
Clotaire Rapaille : l’Opéra Rock, une allégorie de notre sentiment d’infériorité culturelle et nous donne la clé pour enfin comprendre qui nous sommes, ce que nous valons. Le spectacle est présenté sous la forme d’un véritable opéra rock, dans la riche tradition des Starmania et autres Pieds de poule de chez-nous…
Direction musicale Navet Confit
Éclairages Marie-Aube St-Amant Duplessis
Photo Toma Iczkovits
Plein tarif : 27 $
30 ans et moins, membre de la Fadoq, détenteur d’une carte Accès Montréal : 24 $
65 ans et plus : 24 $
Travailleur culturel, membre de la RAIQ, la FADOQ ou l’AQAD: 22 $
Étudiant : 21 $
Groupe (15 personnes et plus) : 19 $
12 ans et moins : 17 $
Les vendredis soir de représentation, tu dis ton prix!
Cette trilogie réunit les trois épopées fondatrices du Futur du Québec. L’action de cette fresque historique se situe partout sur le territoire québécois entre 2021 et 2045. Elle se décline en trois pièces.
D’abord, L’Assassinat du président (2012), un théâtre-radio avec effets sonores, comme il s’en faisait dans les années 1950; on y voit comment Gilles Duceppe, de retour au Québec après un long exil, fait accéder le Québec à la souveraineté en 2021 malgré de terribles menaces d’attentat à la souffleuse. Vient ensuite Épopée Nord (2015), une purge folklorique en forme de soirée canadienne où l’on assiste à l’étonnante vengeance amérindienne de 2035. Le tout se conclut par Clotaire Rapaille : l’Opéra Rock (2011), la touchante histoire de rédemption de Clotaire Rapaille, gourou du marketing international qui vient déterminer le «code culturel» du Québec.
31 mars : 19h
1er avril : 16h
7 avril : 19h
8 avril : 16h
Préventes : 60 $
Plein tarif : 70 $
Une production du Théâtre du Futur
Section vidéo
Dates antérieures
3 mai 2011 - Festival du Jamais lu
Du 18 au 20 juillet 2011 - Underworld (Zoofest)
7 décembre 2011, Théâtre Petit Champlain
14 décembre 2011 Sala Rossa, et tournée
20-21 décembre 2012 - Théâtre d'Aujourd'hui
critique publiée en 2012
Clotairemania
Ce n'était probablement qu'une question de temps avant qu'un personnage aussi singulier et « théâtral » que le supposé psychanalyste français et « maître du marketing », Clotaire Rapaille, ne se manifeste sur une scène d’ici ou d’ailleurs. Et c'est dans le personnage du sauveur d'un Québec indépendant, en 2045, qu'il le fait, sous la plume acérée, brillante et mordante d'Olivier Morin et Guillaume Tremblay.
Condamné à mort au Texas, Rapaille s'évade et rapplique à le Sherbrooke (oui, parce que les régions du Québec sont devenues des provinces). De Drummondville à Saguenay, de Victoriaville à Granby, il trouve les « codes culturels » de chaque lieu et sème des idées plus folles les unes que les autres, promettant de sortir les habitants de leur marasme. Bientôt, les conséquences de ces projets se font sentir et la population le prend en grippe, mais ce n'est rien à comparer à la grogne des habitants de Québec, qui d'une part, lui en veulent d'être revenu, de l'autre, de les ignorer.
« Le passé n'existe plus, le futur n'existe pas, inventons-les » aurait dit Monsieur Rapaille ; la troupe du Théâtre du Futur s'amuse donc allègrement à le faire, dans ce spectacle déluré à mi-chemin entre la pièce satirique et la comédie musicale. Le décor, avec ses micros et ses instruments, ressemble d'ailleurs davantage à une scène de show rock qu'à une scénographie théâtrale habituelle. C'est que la mise en scène d'Olivier Morin laisse toute la place à l'interprétation, ou plutôt, aux interprètes. Les Myriam Fournier, Virginie Morin, Martin Plouffe, Mathieu Quesnel, Olivier Morin (impayable en Régis Labeaume et en Gilles Vigneault, guide spirituel de Rapaille) et Guillaume Tremblay (un Rapaille plus grand que nature, à la déguaine mi-Gainsbourg mi-Presley lors de certaines passages musicaux) s'éclatent complètement - et le laissent parfois transparaître, riant doucement alors qu’ils observent leurs compères jouer, retirés de l’avant-scène -, et ce, à notre plus grand bonheur. La pièce ne se moque pas seulement de Rapaille, mais se sert surtout de lui pour jeter un coup d'oeil vitriolique au Québec d'aujourd'hui, avec une vision de demain terriblement inventive. On ramasse tout autant la radio commerciale ou poubelle (Radio X devient Radio Q) que les habitants des différentes régions du Québec ; on les taquine sur leur naïveté, leur crédulité et sur leur fameuse façon de pensée d'être « né pour un petit pain ». Si la pièce prône, au final, l'amitié universelle et l'élévation, ne sont-ils pas deux éléments clés, déjà importants, de l'identité québécoise?
Le texte est éprouvé, solide, jouissif et hilarant. Faisant feu souvent de tous côtés, il touche pourtant toujours la cible, incluant au passage quelques faits d'actualité très récents. Mais on doit reconnaître que la musique de Navet Confit (qui n’en est pas à sa première incursion au théâtre) demeure l'un des éléments majeurs de la réussite de ce captivant spectacle. Les chansons, terriblement accrocheuses, aux mélodies souvent pop, parfois aux accents publicitaires, ou flirtant même avec le heavy metal pour un hymne de Québec des plus incendiaires, frappent l'imaginaire. Les compositions, empruntant les styles et les ritournelles ici et là, sont de celles que le public pourrait apprendre par cœur pour ainsi revoir le spectacle et les entonner avec les comédiens. On apprenait récemment que la troupe avait signé avec Audiogram pour la tournée ; on espère un projet d'enregistrement dans les plus brefs délais.