Une armée de baguettes de pain se dresse devant une autre, les bombes de tomates éclatent, le batteur à œufs survole les troupes en déroute, du sang de mélasse pisse sur les soldats fourchettes marchant sur le Père Ubu… Le sort de la Pologne se joue sur une petite table où, faisant flèche de tout bois, deux acteurs multiplient les références cinématographiques et échafaudent sous les yeux du public cette grande fresque bouffonne miniature.
L’adaptation en théâtre d’objets de la pièce Ubu Roi, d’Alfred Jarry, a fait la renommée du Théâtre de la Pire Espèce, qui l’a jouée près de neuf cents fois dans plus de dix pays. Multipliant les commentaires à l’assistance, les acteurs-marionnettistes (à vue) s’adressent à l’intelligence du spectateur autant qu’à son imagination, offrant un deuxième niveau de lecture à cette farce cruelle. L’aspect brut et les limites expressives des objets sur table forcent les créateurs à privilégier l’action dramatique à l’évolution psychologique des personnages, tout en soulignant avec humour leur côté grotesque. Autant dire que Père Ubu s’est trouvé tout à fait à son aise au milieu des ustensiles de cuisine, utiles autant à l’empiffrement qu’à la déconfiture des «sagouins».
Adaptation et mise en scène Olivier Ducas et Francis Monty
Texte : libre adaptation d’Ubu roi, d’Alfred Jarry
Interprétation Daniel Desparois et Olivier Ducas
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception des éléments d'éclairages Jonas Veroff Bouchard
Photo Djeyo, sur la photo : Francis Monty
Mercredi à 19 h, vendredi à 20 h, samedi à 16 h et 20 h
Régulier : 27 $
Réduit* : 24 $
Étudiant et voisin** : 21 $
16 ans et moins : 15 $
Vendredi-dis-ton-prix
Représentations scolaires
Mercredi à 13 h et jeudi à 10 h 30
Réservations scolaires à billetterie@auxecuries.com.
Rencontre-débat après la représentation du 25 octobre :
GOUVERNANCE LOCALE ET DÉMOCRATIE
PARTICIPATIVE : UTOPIE OU PROJET DE SOCIÉTÉ?
Une production du Théâtre de la Pire Espèce
critique publiée en 2009
Le public était invité, du 25 mars au 2 avril 2009, aux Écuries, pour le 10e anniversaire (en retard) de la création de la maintenant légendaire pièce Ubu sur la table. Franchement, comment dire non ? Comment répondre logiquement ou émotionnellement par la négative à ce petit bijou du théâtre de manipulation d'objets que les Monty, Ducas, Gosselin, Mauduit et compagnie ont trainé partout à travers le monde, en français, en espagnol, en mexicain (un exploit) et en langage des signes pour les personnes sourdes?
Adaptation libre et libertine du fameux Ubu roi d'Alfred Jarry, précurseur du théâtre absurde, Ubu sur la table regorge littéralement de créativité, d'imagination et de folie. Après 11 ans maintenant, rien n'a changé. Que l'on voie cette pièce pour la première ou la septième fois (mon cas, j'avoue), Ubu sur la table reste aussi drôle qu’à ses débuts. Mieux encore, elle suscite toujours l'intérêt et la fascination. On se dit, en sortant de la salle : mais comment font-ils pour réussir à nous amuser et nous émerveiller avec une bouteille remplie d'un liquide douteux (Ubu), une lavette (Mère Ubu), un marteau (Bordure), des théières (la famille royale) ou un bilboquet (l'espion)? Là réside toute la magie de ce théâtre minimaliste, où le plaisir de donner vie à des artefacts et de les faire parler prend un sens inégalé. Car on ne voit plus la bouteille, mais plutôt un soldat gros et farfelu, aux flatulences nucléaires; on ne voit plus un marteau, mais un noble assassin, grand, sec et impitoyable. Certaines scènes sont mémorables : l'assassinat au ralenti de la famille royale, dont Shakespeare jouirait, ou ce tango entre la Mère Ubu et le lieutenant Bordure. Ou encore, cette guerre de boustifaille (pain, raisins, tomates) entre les rebellés et Ubu, des armées représentés par… une panoplie d'ustensiles de cuisine.
Pour cette célébration, nous avons eu droit au duo original, soit Francis Monty et Olivier Ducas, qui était en grande forme. Le spectacle a débuté sur les chapeaux de roue, mais a heureusement pris un rythme plus maîtrisé par la suite. Les deux comédiens sont totalement à l'écoute l'un de l'autre, le premier s'amusant aux dépens de son partenaire, et vice versa. Le plaisir qu'ils ont encore à jouer ensemble ce Ubu singulier se propage et contamine le public pourtant déjà conquis.
Le succès et la renommée d'Ubu sur la table ne sont plus à faire. On annonce déjà une supplémentaire dans l'espace café du Théâtre Aux Écuries. Profitez-en...
autres critiques disponibles
[ici] de David Lefebvre (Maison Théâtre)
[ici] de David Lefebvre (400e, 2006)
[ici] de David Lefebvre (Ubu sourd la table)
Dates antérieures (entre autres)
Plusieurs endroits depuis la création, dont La Licorne, le bar chez Baptiste, Théâtre d'Aujourd'hui, la Maison Théâtre (2004), Aux Écuries (2009)...
4 et 11 octobre, 1er novembre 2013, 20h, 18 et 25 octobre 2013, 21h30 + suppl. 8 novembre 2013, 20h30 - Aux Écuries
15 et 16 octobre 2015, 20h - Aux Écuries
20 et 21 octobre 2016 + 2 décembre 2016