Usine C,
29, 30, 31 mai à 20 h
The Eco Show
Necessary Angel Theatre Company (Toronto)
Première montréalaise
L’un des plus brillants artistes de l'univers théâtral canadien, Daniel Brooks s’unit à la figure montante qu’est Chris Abraham pour le nouvel opus de la Necessary Angel Theatre Company, groupe de création de Toronto convaincu que le théâtre est un art social et politique. Avec The Eco Show, Brooks observe avec humour comment l’écologie d’une famille, saisie dans son habitat naturel menacé, est affectée par l’écologie du monde. Le climat n’est pas à la fête, en cette époque où les questions d’environnement sont à l’ordre du jour, mais il vaut peut-être mieux en rire… Cette fable écologique d’une terrible lucidité est présentée les 29, 30 et 31 mai à l’Usine C.
Le vivarium de Daniel Brooks — Si un battement d’ailes de papillon peut engendrer des tornades des milliers de kilomètres plus loin, il ne fait aucun doute aux yeux des créateurs Daniel Brooks et Chris Abraham que les gestes que nous posons, que les relations que nous entretenons avec les autres, que notre inscription dans une famille, une histoire et une mémoire sont en lien avec l’écosystème auquel nous appartenons. Avec cette folle histoire familiale à multiples tiroirs et doubles-fonds, Daniel Brooks étudie les milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants, ainsi que les rapports de ces êtres avec les autre représentants de leur espèce et leur milieu : la famille, la ville, le pays, le monde, mais aussi avec les zones d’ombre de leur vie.
En cette fin de journée difficile, Hamm et les siens, observés dans le vivarium de Daniel Brooks, cherchent une issue, vont voir à la fenêtre quel temps il fait, alors qu’ils savent très bien qu’il fait toujours le même temps et que leur horizon est de plus en plus dévasté. Ni éditorialiste ni pamphlétaire, Brooks n’écrit pas du théâtre documentaire, pas plus qu’une défense et illustration d’une juste cause. Son œuvre s’inscrit dans un climat qui nous préoccupe de plus en plus, dans une société qui débat tous les jours des enjeux dramatiques entourant le non-respect du protocole de Kyoto.
À nous de jouer ! — The Eco Show en dit beaucoup sur la dénaturation dont on est tous victimes, nous qui pillons la nature, l’atmosphère, les eaux et forêts, et qui n’avons pas davantage d’égard pour notre corps, notre mémoire et notre milieu naturel. Ainsi, la nature qui se déchaîne devient-elle une métaphore de notre tourmente intérieure… à moins que ce ne soit le contraire et que la nature dévastée ne soit une conséquence directe de nos troubles intérieurs. Avant que la terre ait complètement disparu sous les eaux, que le vivant n’ait été englouti et que les rapports humains soient modifiés par ce nouvel ordre mondial, l’être humain n’a d’autre choix que de dire : « À moi de jouer! ».
Compagnons de résistance — Daniel Brooks, metteur en scène, auteur et acteur, a reçu un nombre incalculable de prix pour ses productions telles que The Lorca Play, Insomnia, Cul-de-sac et Half Life, présentées respectivement au FTA en 1993, 1999, 2002 et 2005. En 2001, il est le premier lauréat du prestigieux prix Siminovitch, la plus haute distinction remise à un artiste de théâtre au Canada. Cet artiste prolifique a cofondé les compagnies Augusta et da da kamera, parmi les plus novatrices du pays. Sa rigueur communicative et stimulante ne cesse d’inspirer les artistes auxquels il s’associe. En janvier 2003, il succédait à Richard Rose à la direction artistique de la Necessary Angel Theatre Company. En début d’année 2006, Brooks s’adjoignait la présence de Chris Abraham à titre d’artiste associé. Metteur en scène, scénographe et dramaturge, cofondateur et directeur artistique associé de la Bill Glassco’s Montreal Young Company, directeur artistique de la compagnie Go Chicken Go, mentor du programme de mise en scène à l’École Nationale de théâtre, Chris Abraham fut le protégé de Brooks lorsque ce dernier reçut le prix Siminovitch. Il est également lauréat des prix Ken McDougall et John Hirsch, décernés à un jeune metteur en scène.
Texte : Daniel Brooks; Mise en scène : Chris Abraham; Daniel Brooks; Concepteurs : Ben Chaisson; Richard Feren; Julie Fox; Andrea Lundy; Distribution : Richard Clarkin; Joe Cobden; Fiona Highet; Jenny Young et un autre acteur à confirmer
Production : Necessary Angel Theatre Company (Toronto)
Usine C
1345, rue Lalonde – métro Beaudry
29, 30, 31 mai à 20 h
En Anglais / 1 h 30 / Admission générale
Tarif régulier : 30$ / 25 ans et moins, 65 ans et plus : 20$
par Aurélie Olivier
Alors que le climat se dérègle, que les lacs se vident de leurs poissons, que l’air que nous respirons nous intoxique, un homme fait de la défense de l’environnement son cheval de bataille. « Vous le savez et vous ne faites rien! » martèle-t-il, soucieux d’éveiller la conscience du monde ainsi que celle de sa famille. Pas une minute sans qu’il ne lui parle des injustices sociales, des ravages de l’air climatisé, de la nécessité de filtrer l’eau… Pas une minute sans qu’il ne lui rappelle à quel point les petits problèmes individuels sont insignifiants à l’échelle de l’humanité. Pas une minute sans qu’il ne lui lise un de ses pamphlets, s’attendant à être brossé dans le sens du poil. Cet homme qui veut sauver l’humanité est un véritable tyran domestique.
En écrivant The Eco Show, Daniel Brooks (qui cosigne également la mise en scène, avec Chris Abraham) a redonné au mot « écologie » son sens premier, celui de science qui étudie les êtres vivants et le milieu dans lequel ils évoluent. Son regard acéré décortique ainsi une famille dont le père, idéaliste égocentrique, fait peser un regard impossible à soutenir sur une épouse à son service, une fillette vivant dans un monde à part et un adolescent s’enfermant dans le mutisme. La finesse psychologique avec laquelle sont construits les personnages est étonnante et les comédiens (Richard Clarkin, Joe Cobden, Fiona Highet, Howard Jerome, Jenny Young) sont tout simplement remarquables.
L’adolescent qui traverse la scène en traînant les pieds, ne sachant manifestement pas quoi faire de sa peau, exsude le mal-être. Quant au père qui commande toute la maison depuis son ordinateur, persuadé qu’il agit pour le bien commun et ne semblant (ne voulant) pas voir à quel point tout le monde est malheureux, il fait froid dans le dos. Difficile aussi de rester insensible à la souffrance de cette mère qui se sent invisible et dont même les enfants se moquent. Quand à la fillette fofolle, elle est merveilleusement interprétée, de même que le grand-père, qui a parfois bien du mal à comprendre son rejeton « vert ».
Outre la direction d’acteurs, toute la conception du spectacle est admirable.
Le jeu de lumières relativement sophistiqué projette des ombres chinoises de toutes les tailles sur les murs, et exploite de manière intéressante la transparence des cloisons. À part durant quelques fractions de seconde, la scène reste plus ou moins plongée dans la pénombre, ce qui, ajouté au décor dont les murs et le plafond s’inclinent vers le point de fuite, nous donne une sensation de confinement qui n’est pas sans évoquer celle que doivent ressentir les membres de cette famille pour le moins dysfonctionnelle. À tout moment, des projections évoquent le paysage intérieur des individus et la trame sonore annonce un chaos imminent.
Le seul hic, c’est finalement cette histoire de famille qui tourne un peu en rond, sans qu’on sache trop où l’on s’en va, avec certaines scènes qui tirent en longueur et certains passages qui gagneraient à être coupés. Si l’on y retranchait une demi-heure, le spectacle serait presque parfait. Avec cette demi-heure de trop, il n’est « que » très réussi. Reste qu’il vaut le déplacement.
29-05-2007
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Source
: www.fta.qc.ca