Cinquième salle de la Place des Arts,
25, 28 mai à 19 h / 26, 27 mai à 16 h
Mnemopark
Theater Basel (Bâle) – Rimini Protokoll (Berlin)
Première nord-américaine
Embarquement immédiat à bord de Mnemopark, folle traversée de la Suisse à bord d’un petit train électrique équipé d’une caméra vidéo. Quelques retraités passionnés de modélisme et une vraie actrice nous guident dans ce périple surprenant à travers bribes de vie et fragments d’histoire. Le metteur en scène Stefan Kaegi, l’un des membres fondateurs du collectif berlinois Rimini Protokoll, s’illustre en intégrant des non-acteurs à ses spectacles, où il mêle allègrement réel et fiction. Un voyage hors du commun à travers les paysages bucoliques d’une drôle de Suisse, Mnemopark suscite un véritable engouement partout sur son passage. Petit train va loin ! À voir du 25 au 28 mai à la Cinquième salle de la Place des Arts.
Une Suisse miniature — Heidi, les vertes vallées et les monts enneigés, les montres et les pendules appelées coucous, le chocolat et la fondue, les comptes en banque et la proverbiale neutralité : quelques-uns de ces clichés encore associés à la Suisse sont convoqués pour mieux être questionnés dans Mnemopark.
Tandis que la comédienne nous raconte son propre parcours, et parle ainsi de tout un mouvement d’exode rural, les acteurs amateurs modélistes livrent des faits et des chiffres, sur le nombre de poules vivant sur le territoire helvétique, sur la longueur des rails qui quadrillent le pays, sur l’utilisation du sperme de taureau, sur l’argent fou dépensé pour sauver l’agriculture suisse, sur les tournages de films indiens de Bollywood dans les vallées alpines. Ils sont accompagnés dans leur présentation par des caméras miniatures embarquées sur ces locomotives format réduit, et qui restituent sur écran les détails de ce décor de carte postale reconstitué sur maquette géante. Le modélisme devient ainsi une forme de mémoire collective maintenue par les retraités.
À fond de train dans l’envers du décor helvétique — Ce pourrait être du théâtre documentaire, mais en vérité, voilà une incarnation nouvelle du théâtre politique. En donnant la parole à une joyeuse bande de retraités, Mnemopark suscite une analyse troublante des rapports de force socio-économiques et des rôles sociaux que tous sont amenés à jouer dans le paysage suisse. L’humour et la légèreté des modélistes permettent aux spectateurs de mieux comprendre les enjeux d’une Suisse figée dans une image d’Épinal et pourtant en pleine transformation. Le périple, qui mêle sociologie, histoire et témoignage à une multitude d’aventures profondément humaines, pleines d’émotions et de drôleries, examine en fin de compte le rapport complexe que les Suisses entretiennent avec leur passé, leur culture et leur neutralité bienveillante. Empruntant la démarche cahotante du petit train électrique, Mnemopark s’aventure sur le terrain miné de la mémoire et lève le voile sur l’envers de ce décor suisse et sur ce paradis artificiel qui bientôt ne survivra plus qu’au théâtre.
« C’est fou, beau, drôle, émouvant et bourré d’idées. Même qu’on se dit constamment : c’est pas possible. Où vont-ils chercher ça ? »
— Jean-Marie Wynants, Le Soir, Bruxelles, 15 et 16 juillet 2006.
Le théâtre de la vraie vie — D’origine suisse allemande, Stefan Kaegi est l’un des membres fondateurs d’un collectif d’artistes connu sous le nom de Rimini Protokoll. Arpenteur du réel, souvent plus farfelu que la fiction, Kaegi s’est distingué au fil des ans en faisant appel à des amateurs ou des « spécialistes de la vie quotidienne » : des femmes octogénaires fans de Formule 1, des adolescents amateurs d’armes, des experts médicaux, des concierges argentins, des opérateurs indiens, des camionneurs bulgares… et des modélistes suisses ! Kaegi s’intéresse à la surveillance vidéo dans les zones urbaines, puis aux débats du Parlement allemand, qu’il reconstitue et met en scène en direct à Bonn, dix-huit heures durant, faisant jouer le rôle des députés à deux cents citoyens ordinaires. Call Cutta, l’un de ses derniers projets, téléguidait les spectateurs depuis Calcutta par téléphone portable dans le quartier berlinois de Kreuzberg.
Créé en parallèle au Théâtre de Bâle en 2005, Mnemopark reçoit le Prix du jury du Festival « Politique au théâtre » avant d’être accueilli triomphalement au Festival d’Avignon 2006. Stefan Kaegi, qui n’a pas même 40 ans, a déjà multiplié les productions et projets où il abolit les frontières de la représentation, parcourt l’Europe, avec un théâtre politique et humain inspiré du quotidien et né toujours de recherches faites sur le terrain.
Crédit photo : Sébastien Hoppe
Conception et mise en scène : Stefan Kaegi; Scénographie : Lex Vögtli; Vidéo : Jeanne Rüfenacht; Musique et son : Niki Neecke; Lumières : Christopher Moos; Dramaturgie : Andrea Schwieter; Assistants à la mise en scène : Agnese Cornelio; Anna K. Becker; Assistant à la scénographie : Uta Materne; Traduction : Pascal Paul-Harang; Distribution : Rahel Hubacher; Max Kurrus; Hermann Löhle; Heidy Louise Ludewig; René Mühlethaler; Niki Neeck; Jean Reithmeyer
Production : Théâtre Basel (Bâle)
Avec l’appui de Pro Helvetia; ONDA (surtitres).
En collaboration avec la Place des Arts; le Carrefour international de Québec; la Jeune Chambre de commerce de Montréal
Cinquième salle de la Place des Arts
175, rue Sainte-Catherine Ouest – métro Place des Arts
25, 28 mai à 19 h / 26, 27 mai à 16 h
En français / Extraits de film surtitrés en français et en anglais / 2 h / Admission générale
Tarif régulier : 35$ / 25 ans et moins, 65 ans et plus : 25$
par David Lefebvre
La Suisse, à 1/87e près
Mnemopark est un étrange mais fascinant voyage que la troupe Riminiprotokoll, du concepteur et metteur en scène Stefan Kaegi, nous propose de faire. À bord d'un très petit train électrique muni d'une caméra, nous partons à la découverte d'une Suisse méconnue, montagneuse, paysanne, agricole, grâce au monde miniaturisé construit et élaboré avec une patience, une minutie et une dextérité impressionnante par des retraités (qui ne sont pas comédiens), férus de modélisme ferroviaire. Chacun se présente, nous parle de sa première locomotive, de sa première gare, de ses inspirations. Ils nous montrent les chalets de montagne, les maisons, les ponts, les pâturages, nous expliquent comment ils les construisent. Le train passe aussi par des coins plus connus, de Bannwil à Berne, en s'aventurant même... au travers un aquarium et une montagne de viande. Accompagnés d'une comédienne professionnelle, qui joue au chef de gare avec son sifflet, ils nous racontent une partie de leur vie, nous font entrer dans leur intimité, grâce à des vidéos tournées en Suisse. À leurs histoires, ils ajoutent une fiction à la Bollywood ; quelques caméra, qui ont à l'oeil tout l'attirail, projettent sur un écran géant les détails fabuleux des maquettes et nous dévoilent les différentes scènes du long métrage qu'ils inventent. De plus, nous avons droit à quelques chorégraphies inspirées des extraits de films de Bollywood, présentés aussi sur l'écran lors du spectacle (fameux!). Nous apprenons par ce fait-même qu'en Inde, l'exotisme passerait par la Suisse... Des petits jeux donnent cours à des flashback : les modélistes gagnants se transforment, grâce à la technologie du «green screen» (écran vert), en figurines de la maquette, se déplaçant dans celle-ci tout en se remémorant plusieurs souvenirs de leur passé. Un bruiteur crée les ambiances en direct, et une poule vivante, dans une cage, tente de pondre son oeuf. Tout un monde à portée de doigt, à l'échelle 1/87.
Sous la surface amusante et légère du spectacle, se dissimule une pièce plutôt politique et engagée. Dès le départ, on nous bombarde de chiffres, évaluant tout au kilomètre carré. Puis, on explique les tensions entre l'Est et l'Ouest qui déchiraient le pays, les rapports de force sociaux et économiques, la vie des petits villages, les difficultés des fermes laitières, de l'autosuffisance agricole que la Suisse s'impose tout en subventionnant mal ou pas du tout ses travailleurs de la terre. Pratiquement documentaire, les informations coulent pourtant en douce grâce à l'humour et aux propos sympathiques de l'équipe. On sort donc inévitablement du mythe suisse pour se plonger dans un pays qui se questionne sur son identité, sur son rapport à ses racines, sur sa neutralité et son évolution. Ce qui rend encore plus humaine la mise en scène est le naturel presque naïf mais tout à fait rafraîchissant des (non) comédiens de la troupe. Attachants, charmants, ils sont tout aussi passionnants que passionnés.
Spectacle alliant d'une manière originale la vidéo, le modèle réduit et le jeu-documentaire, Mnemopark, malgré quelques ratés au niveau des effets spéciaux lors de la première, nous pousse sur les rails de l'imprévu et du farfelu. Nous nous laissons conduire par la langue allemande (très bien surtitré en français) et charmer par le français au fort accent germanique de la jeune comédienne et des quelques autres qui s'y risquent.
L'échange se poursuit après le spectacle, puisque ces maniaques de la miniature nous proposent de venir admirer les modèles de plus près et à dialoguer avec eux.
25-05-07
Rouge décanté
Frank Ketchup
CHS
Life Is But A Dream #1
The Eco Show
Famous Puppet Death Scenes
Fantasmagories technologiques I, II, III
Lipsynch
Hey Girl !
Source
: www.fta.qc.ca