Espace Libre,
25, 26, 29, 30, 31 mai et 1er, 2, 4, 5, 6 à 21 h
Frank Ketchup
Le Pont Bridge (Montréal)
Première mondiale
Depuis bientôt quinze ans, la compagnie québécoise Le Pont Bridge, dirigée par la metteure en scène et tête chercheuse Carole Nadeau, produit des œuvres pluridisciplinaires atypiques et fascinantes qui nous entraînent à l’écart des sentiers balisés de la forêt théâtrale québécoise. Frank Ketchup, leur nouvelle création, s’aventure une fois de plus vers l’inédit, l’inattendu et l’insolite. Frankenstein était un mythe ; Frank Ketchup, lui, existe. Il est déjà là. Cette œuvre protéiforme coproduite par le Festival TransAmériques sera présentée en primeur, à l’Espace Libre, pour une série de dix représentations entre le 25 mai et le 7 juin.
Le CIG, Congrès International sur la Génétique, tenu dans un grand hôtel du centre-ville, est l'occasion d'un chassé-croisé entre quatre destins qui va mettre à jour, par un jeu de manipulations aussi réelles que symboliques, la solution monstrueuse à leurs frustrations, désirs inavoués, et rêves avortés. Une histoire qui rappelle la naissance de Frankenstein, produit chimérique d'un cerveau où le génie a couché avec sa sœur l'ambition.
Tuer la mort – Frankenstein, icône glacée, chargée d’effroi, symbole de l’innommé, de l’innommable, en qui se confondent créateur et créature, est un nom qui résonne en nous comme un écho obscur. Trois sons cassants comme des décharges électriques et l’image est là, saisissante. L’histoire du savant et de sa créature est devenue un mythe. Il y a deux siècles déjà, le docteur disait : « Je dérangeais de mes doigts profanes l’agencement secret de l’édifice humain. ». L’ambition scientifique rejoint alors un rêve de toute-puissance : créer le surhomme et tuer la mort. Jamais dans l’histoire de l’humanité n’aurons-nous été aussi près de ce mythe. À l’aube du 21e siècle, nous assistons à l’amorce du remodelage généralisé du vivant : un jeu de combinatoires où se dissolvent progressivement les frontières entre les personnes et les choses, les êtres et la matière.
Bricolage théâtral ludique, multimédiatique et « thrillertique », en écho au bricolage manipulatoire de la génétique, Frank Ketchup interroge notre volonté de rester humains et pose un regard humoristique sur ce nouvel ordre du biopouvoir qui bouleverse nos conceptions intimes et nos repères psychiques.
Au delà du réel – Jeu de constructions et de manipulations de corps et d’images dans un dispositif scénique en forme de mur-mosaïque constitué d’aires de jeu et d’écrans (ouf!), Frank Ketchup explore les limites des genres et engendre une réflexion sur le processus même de la création. La pièce abolit les frontières perceptives du réel et du virtuel, du fabriqué et du naturel. Au-delà des enjeux économiques et des espoirs scientifiques, de la science-fiction et de ses spéculations, c’est notre rapport à l’identité, à l’altérité et à la maternité qui est ici questionné, comme un point aveugle dans cette course au progrès.
Le Pont Bridge – Fondé en 1993, Le Pont Bridge est une cellule de création multidisciplinaire à l’affût de la technologie, qui privilégie une approche artisanale et inventive. Sa directrice artistique, Carole Nadeau, crée des fables urbaines qui agissent sur les sens et la perception du spectateur, des œuvres qui, à la jonction du théâtre, de l’installation et de la vidéo, explorent les interrelations entre la parole, le corps, l’espace et l’image.
Au sein de la compagnie, elle a créé une dizaine de spectacles dont Le Contrat (2004) de Tonino Benacquista et Les Bonobos (collage) (2005). En 2000, Carole Nadeau est lauréate du Prix John-Hirsch du Conseil des Arts du Canada qui souligne l’originalité d’une vision artistique. En 2004, son solo multidisciplinaire MeMyLee Miller présenté au Festival AM/PM du CICV en France fut très remarqué. Elle a aussi participé à la Quadriennale de scénographie de Prague et mis en scène le spectacle de clôture de l’événement TheaterTextContext sur la nouvelle dramaturgie en Norvège.
Après avoir connu un grand succès à Montréal, sa mise en scène de Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans de Normand Chaurette est finaliste dans la catégorie « Meilleur spectacle étranger » au Festival international de théâtre de Montevideo en Uruguay à l’automne 2005.
Crédit photo : Janicke Morissette
Idée originale et mise en scène : Carole Nadeau; Scénario et dialogues : Normand Chaurette et Carole Nadeau; Assistant à la mise en scène: Louis Hudon; Scénographie et lumières : Louis-Philippe Saint-Arnault; Vidéo : Jean-Sébastien Durocher et Carole Nadeau; Interface de la régie vidéo : Alexandre Burton; Conception sonore : Jean-Sébastien Durocher; Conseillers artistiques : Jean-Sébastien Durocher et Louis Hudon; Distribution : Manon Brunelle; Stéphane Demers; Guillermina Kerwin; Élysabeth Walling.
Production : Le Pont Bridge (Montréal)
Coproduction : Festival TransAmériques
En collaboration avec l’Espace Libre
Espace Libre
1945, rue Fullum – métro Frontenac
25, 26, 29, 30, 31 mai et 1er, 2, 4, 5, 6 à 21 h
En Français / 1 h 45 / Admission générale
Tarif régulier : 30$ / 25 ans et moins, 65 ans et plus : 20$
par Marie-Julie Desrochers
Dès son entrée dans l’espace attenant à la scène, le spectateur s’apprêtant à assister à Frank Ketchup comprend que la pièce, qui s’attaque à un sujet criant d’actualité, notamment avec la tenue simultanée de l’exposition Le monde du corps 2 au Centre des sciences de Montréal, et surtout extrêmement controversé, celui de la manipulation du corps humain par la science, ne se contentera pas de livrer un message : elle sera pamphlétaire. Le sous-sol de l’Espace Libre est en effet transformé en laboratoire scientifique où se côtoient poupées bébés de plastique et informations factuelles et statistiques alarmantes sur l’état actuel des manipulations génétiques et les liens entre développement de la science et capitalisme.
Si théâtre et politique ne sont évidemment pas incompatibles, dans Frank Ketchup, le message clair, univoque et sans aucune nuance où remise en question éclipse malheureusement l’aspect artistique du projet. Le propos, livré par quatre personnages stéréotypés, prend le dessus sur la démarche pourtant fort intéressante de Carole Nadeau. Il existe deux sciences, exprime-t-on, une bonne et une mauvaise, la première devant seulement être réparatrice d’injustes erreurs de la nature (ici l’infertilité) et la seconde, permettant uniquement à une classe de gens extrêmement riches de jouer avec la notion de perfection et de pureté humaine, comme on le fait pour des biens matériels inanimés.
Guillermina Kerwin incarne avec une naïveté presque frigide le rôle de la scientifique vertueuse, dévouée et talentueuse, et sa sœur, jouée par une Manon Brunelle séduisante et aguichante, s’y oppose en tout point en se montrant obnubilée par l’argent et un désir déraisonné de voir l’humanité s’embellir selon des critères plutôt immoraux. Le portrait est complété par un couple de millionnaires dont l’homme, amant de la sœur capitaliste, est un célèbre violoniste atteint d’une maladie dégénérative et la femme, une new yorkaise charmante (et adorablement interprétée par Élysabeth Walling) mais dont toute la vie se consacre à un seul rêve : mettre au monde un enfant parfait, correspondant à de banals clichés américains.
Le questionnement annoncé – et qui aurait pu être captivant – en bonne partie en raison des clichés sur lesquels se base l’intrigue, ne trouve finalement pas un réel espace où se déployer. La soirée perd ainsi en éclat : les dialogues, auxquels a collaboré Normand Chaurette, quoique bien ficelés, demeurent froids et prévisibles et le jeu, supporté intelligemment par l’utilisation bien dosée de la vidéo, conserve un peu trop de retenue.
Si le constat général est un peu décevant, il importe de noter que la scénographie, assurée par Louis-Philippe Saint-Arnault, est très belle et efficace. La mise en scène utilise le plein potentiel d’un décor créatif permettant la surprise tout au long de la pièce et maintenant malgré tout le spectateur alerte, attentif et intéressé.
30-05-2007
Rouge décanté
Mnemopark
CHS
Life Is But A Dream #1
The Eco Show
Famous Puppet Death Scenes
Fantasmagories technologiques I, II, III
Lipsynch
Hey Girl !
Source
: www.fta.qc.ca