Usine C,
24, 25, 26 mai à 20 h
Rouge décanté
Toneelhuis – Ro Theater (Anvers - Rotterdam)
Première nord-américaine
Le Festival TransAmériques présente la première nord-américaine de Rouge décanté, un monologue bouleversant, tiré du roman autobiographique éponyme de l’écrivain néerlandais Jeroen Brouwers. Le metteur en scène flamand Guy Cassiers qui, de Bruxelles à Anvers en passant par Rotterdam et Avignon, soulève l’enthousiasme avec son approche multimédia dirige l’adaptation scénique du roman. Périple intense, terrifiant et nécessaire, Rouge décanté livre un magnifique témoignage d’amour de la part d’un homme qui se croit incapable d’aimer. À voir sur la scène de l’Usine C, du 24 au 26 mai 2007.
Aujourd’hui maman est morte – Né en 1940 à Batavia (ancien nom de Djakarta), le fils de colons hollandais Jeroen Brouwers fait très jeune l’expérience de l’horreur : « Avant même de savoir lire, je savais tout de la mort ». À la scène comme dans le récit, Rouge décanté raconte l’expérience atroce que l’auteur fit, petit garçon, lorsqu’il fut enfermé avec sa mère dans le camp de concentration de Tjideng, durant l’occupation par l’armée japonaise d’une terre qu’on appelait alors les « Indes néerlandaises ». C’est là, dans ce camp, que sa mère lui apprit à lire et lui offrit son premier livre. Trente-cinq ans plus tard, elle vient de mourir « inopinément », dans la plus complète solitude, dans une maison de retraite où il n’est jamais allé… et il écrit un livre à sa mémoire. À l’annonce de sa mort, les souvenirs remontent, affluent, déferlent et l’engorgent jusqu’à ce que la parole lui vienne enfin. Comme s’il avait fallu que plus rien ne soit possible avec la mère pour que l’enfant inconsolable lui avoue son amour. C’est le foudroiement d’une âme à peine née, la honte d’avoir tout absorbé avec avidité, le remords de ne pas avoir distingué le bien du mal, le sentiment irrévocable d’un amour filial brisé, que Brouwers raconte.
Un devoir de mémoire – De ces années, la plupart des survivants n’ont jamais voulu parler. Brouwers, lui, déchire le voile. Non pas pour dénoncer les atrocités qui se déroulèrent dans ces camps mais pour essayer de les assimiler autrement qu’à travers la haine ou le cauchemar. Mettre l’expérience en mots et en faire un devoir de mémoire, tel est le pari de l’écrivain et des artistes de théâtre qui aujourd’hui transmettent cette parole. Rouge décanté s’emploie à rendre visible cette plaie jamais refermée, à user de la parole pour partager une expérience des limites. Guy Cassiers et son complice, l’acteur belge Dirk Roofthooft, en livrent des échos subtils pour ne retenir que l’essentiel : une voix. Un acteur, un narrateur, un écrivain, un « je », tous réunis en une voix.
« Guy Cassiers, […] inscrit ce texte majeur, qu’il a adapté et coupé sans le dénaturer, dans un dispositif qui permet de pénétrer dans ce récit comme au cœur des ténèbres d’un homme cassé par l’expérience du camp. Dispositif d’une grande beauté plastique, avec ses quatre bassins japonais rectangulaires remplis de dalles de pierre et ses fines lignes lumineuses rouges comme des traits sanglants. […] C’est fort, très fort. »
— Fabienne Darge, Le Monde, Paris, 20 juillet 2006.
Guy Cassiers, metteur en scène – Artiste majeur partagé entre Bruxelles, Rotterdam et Anvers, formé en arts graphiques avant de se tourner vers le théâtre, Cassiers a développé un langage théâtral multimédia des plus singuliers. En étroite collaboration avec le vidéaste, scénographe et éclairagiste Peter Missotten, il a mis au point un art scénique dans lequel l'emploi de caméras, d’images vidéo, de paroles projetées et de musique interprétée en direct sont des éléments essentiels. Directeur artistique du ro theater de Rotterdam de 1998 à 2006, Cassiers a orchestré des spectacles destinés aux grandsplateaux commeDe sleutel (1998), Wespenfabriek (2000), La Grande Suite (2001) et Lava Lounge (2002). En 2005, son cycle de quatre pièces consacrées à Proust fut qualifié de chef-d'œuvre et couronné du prix “Amsterdamprijs voor de kunsten”. Aujourd’hui, il est à la barre du Toneelhuis d’Anvers, une maison de création d’une exceptionnelle vitalité.
Jeroen Brouwers, auteur – Jeroen Brouwers a publié plus d’une soixantaine d’ouvrages depuis la parution de son premier recueil de nouvelles, Le Couteau sous la gorge en 1964. Il fut éditeur à Bruxelles avant de s’installer aux Pays-Bas. Rouge décanté constitue le second volet d’une trilogie autobiographique commencée en 1979. Publié aux Pays-Bas en 1981, le livre remportait le prix Fémina étranger lors de sa parution en traduction française aux éditions Gallimard en 1995.
Dirk Roofthooft, acteur – Acteur de cinéma et de télévision, Dirk Roofthooft travaille régulièrement avec des metteurs en scène, chorégraphes et musiciens réputés comme Jan Fabre, Jan Lauwers/Needcompany, Wim Vandekeybus, the London Symphonietta et le metteur en scène d’opéra Peter Sellars.
Crédit photo : Pan Sok
D’après le roman de : Jeroen Brouwers; Traduit du néerlandais par : Patrick Grilli; Adaptation : Guy Cassiers, Dirk Roofthooft et Corien Baart; Mise en scène : Guy Cassiers; Dramaturgie : Erwin Jans; Décor, Vidéo & Lumières : Peter Missotten (De Filmfabriek); Environnement sonore : Diederik de Cock; Réalisation vidéo : Arjen Klerkx; Costumes : Katelijne Damen; Accessoires : Myriam Van Gucht; Assistance à la mise en scène : Hanneke Wolthof; Distribution : Dirk Roofthooft
Coproduction : Toneelhuis (Anvers) & ro theater (Rotterdam)
Avec le soutien des autorités flamandes et de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas
Usine C
1345, rue Lalonde – métro Beaudry
24, 25, 26 mai à 20 h
En français / 1 h 30 / Admission générale
Tarif régulier : 40$ / 25 ans et moins, 65 ans et plus : 30$
Rouge décanté
Mnemopark
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CHS
Life Is But A Dream #1
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Hey Girl !
Source
: www.fta.qc.ca