* les textes et les images proviennent du site www.fta.qc.ca
Info-Festival
514 844-3822 / 1-866-984-3822
Billetterie centrale, Centre Pierre-Péladeau
300, boul. de Maisonneuve Est (métro Berri-UQAM)
Aucuns frais de service pour les achats effectués en personne
Admission, achat en ligne - 514-790-1245, 1-800-361-4595
ANNULATION :
Chutes incandescentes - cause : Clara Furey s'est malencontreusement blessée aux côtes et ne pourra performer.
Le Festival offre aux détenteurs de billets pour ce spectacle de les échanger pour assister soit à Nearly 902 soit Miroku ou de se faire rembourser.
Table ronde : 30 ans de la revue Alternatives Théâtrales
À l’occasion de ses 30 ans d’existence, la revue belge Alternatives théâtrales organise une table ronde à Montréal dans le cadre du Festival TransAmériques le lundi 31 mai 2010 à 12 h avec la participation de Marie-Hélène Falcon, Denis Marleau, Paul Lefebvre et Bernard Debroux, directeur et fondateur de la revue.
Pour marquer ses 30 ans d’existence, la revue organise des rencontres où sont évoquées l’importance des revues de théâtre, comme mémoire de la création contemporaine et trait d’union de la pensée entre artistes et spectateurs.
LUNDI 31 MAI À 12 H
QUARTIER GÉNÉRAL DU FTA
Agora Hydro-Québec du Coeur des sciences de l’UQAM
175, ave. du Président-Kennedy, métro Place-des-Arts
Table ronde animée par Paul Lefebvre avec Bernard Debroux, directeur et fondateur d’Alternatives théâtrales, Marie-Hélène Falcon, directrice artistique et générale du FTA et Denis Marleau, directeur artistique d’UBU, compagnie de création et metteur en scèneThéâtre
Tragédies romaines (Coriolan, Jules César, Antoine et Cléopâtre)
Amsterdam
vidéo
28 mai à 18 h,
29 et 30 mai à 16 h
Durée : 5 h 30
En néerlandais avec surtitres français et anglais
Monument-National, sièges réservés
Rencontre avec Ivo Van Hove, 29 mai, 11h, au QG 175, ave. Président-Kennedy
Imprimer la critique
Shakespeare brûlant d’actualité ! La guerre en direct, les tractations secrètes de politiciens, les entrevues à chaud, les discours enflammés sur la démocratie, les caméras qui traquent jusque dans leur intimité des hommes et des femmes assoiffés de pouvoir ; Shakespeare l’avait déjà tout écrit, il ne restait qu’à donner à cet univers une forme théâtrale qui le propulse au coeur de notre temps. C’est le tour de force qu’a réussi le metteur en scène Ivo Van Hove en recréant les trois tragédies romaines – Coriolan, Jules César, Antoine et Cléopâtre – afin d’éclairer les mécanismes politiques de notre monde contemporain. Le décor : un centre de congrès international, avec son studio de télévision, ses écrans omniprésents, ses ordinateurs, ses canapés géants. Les spectateurs peuvent y circuler, prendre un verre, consulter leurs courriels pendant que les événements politiques se bousculent autour d’eux, comme en direct sur CNN… Le Toneelgroep Amsterdam, la plus grande compagnie théâtrale des Pays-Bas, livre ici un spectacle percutant d’une rare intelligence.
Un spectacle de Toneelgroep Amsterdam
Texte : William Shakespeare
Mise en scène : Ivo van Hove
Dramaturgie : Bart van den Eynde + Jan Peter Gerrits + Alexander Schreuder
Avec : Roeland Fernhout + Renée Fokker + Fred Goessens + Marieke Heebink + Chico Kenzari + Hans Kesting + Hugo Koolschijn + Hadewych Minis + Chris Nietvelt + Frieda Pittoors + Alwin Pulinckx + Halina Reijn + Eelco Smits + Karina Smulders + Fedja Van Huêt
Musiciens : Bl!Ndman + Ruben Cooman + Yves Goemaere + Ward de Ketelaere + Hannes Nieuwlaet
Scénographie et lumières : Jan Versweyveld
Costumes : Lies van Assche
Vidéo : Tal Yarden
Musique : Eric Sleichim
Coproduction Holland Festival + La Monnaie (Bruxelles) + Kaaitheater (Bruxelles) + Muziektheater Transparant (Anvers) + Bl!Ndman (Bruxelles)
Avec le soutien de NFPK+
Présentation : Festival TransAmériques
En collaboration avec Monument-National + Carrefour International de Théâtre de Québec
En lien avec les représentations de Tragédies romaines, Les Belles soirées de l’Université de Montréal présentent les conférences
Shakespeare : imageries à résonnance politique, le lundi 12 avril à 19 h 30
L’homme politique aujourd’hui : rien de neuf depuis Shakespeare ?, le lundi 19 avril à 19 h 30
au pavillon 3200, rue Jean-Brillant.
Critique de David Lefebvre
Une admirable leçon de théâtre moderne, c’est l’une des pensées qui nous traversent littéralement tout le corps lorsqu’on sort de la salle, après six heures de représentation sans entracte. Un projet aux formes ambitieuses, atypiques, non conventionnelles, parfois délirantes, mais aussi hyper décontractées et d’une accessibilité sans condition. Une réussite majeure.
Le génial metteur en scène belge Ivo van Hove a réuni trois textes de Shakespeare – Coriolan, Jules César et Antoine et Cléopâtre – pour créer Tragédies romaines, une longue mais puissante réflexion sur «le fait politique» et sa profonde humanité. De la montée au pouvoir, de la corruption, de l’intégrité morale, des actes pernicieux par gain personnel ou pour le bien du peuple, du rapport entre la vie politique et la vie privée, van Hove décortique Shakespeare, sans pourtant dénaturer les mots du grand Will, pour ainsi analyser et démontrer les rouages des dynamiques politiques contemporaines. Si les deux premières pièces dénotent de la stratégie militaire, du pouvoir en place, des conspirations, la dernière est un véritable plaidoyer de l’humanité de la politique : la passion, l’intimité, les erreurs, la ruine. Du même coup, on sent une différence notable lors de la dernière partie, qui est plus relâchée, plus amusante, plus sexuelle – il faut voir Cléopâtre et sa suite se déhancher au son de Hump de Bump de Red Hot Chili Peppers, ou les baisers entre deux femmes ou alors celui, fougueux, des adieux entre Antoine et Cléopâtre. Les textes sont découpés et édités avec intelligence et doigté : les scènes de guerres se transforment en moments musicaux au vacarme pratiquement insupportable, où l’information pertinente et historique nous arrive par l’entremise d’un tableau lumineux, et les scènes de dialogues du peuple ont été coupées au profit de celles qui se concentrent sur la pensée politique. Il n’y a aucune coupure entre chaque pièce, qui s’imbrique naturellement l’une dans l’autre. Chaque mort (qui est annoncée quelques minutes avant son arrivée) est capturée au flash, comme une photo d’une scène de crime, accompagnée d’un énorme vrombissement. Choc.
Les acteurs, au look corporatif, évoluent dans une scénographie rappelant un centre des congrès avec sofas gris, tables basses, chaises, ainsi qu’une multitude d’écrans de télé, qui diffusent des images captées en direct de la scène ou des extraits de dessins animés, de nouvelles, d’archives (Palestine, Iraq, Jeux olympiques, ou un Kennedy qui accompagne la présence en scène de Jules César qui s’apprête à être assassiné). Pour accentuer davantage ce sentiment de réalisme, les spectateurs sont invités, entre le premier et le dernier changement de décor (qui sont chronométrés, comme des pubs télé), à circuler, à sortir, et même à aller sur scène où ils peuvent se rafraîchir, manger, et accéder à leurs courriels. Le public n’est plus un simple spectateur passif, il devient le témoin privilégié et vivant de ce qui se trame dans les coulisses ( ! ) du pouvoir. Même si le spectateur peut ainsi déguster une bière près d’un César fantomatique, il n’y a aucune interaction entre les comédiens et le public. Les images des caméras et les surtitres en anglais et en français sont aussi projetés sur un énorme écran au dessus de la scène, ce qui nous donne l’impression d’un spectacle hybride, flirtant avec le cinéma feuilleton, le théâtre et la performance technologique. L’omniprésence des caméras sur scène est un joli clin d’œil à l’information continue et au mariage maintenant obligé de la politique et des médias. L’effet de distanciation est effarant, les actants sont tout autant accessibles (grâce aux images vidéo) qu’inaccessibles (dissimulés dans les coulisses).
Si la barrière de la langue, ici le néerlandais, frustre parfois, reste que le talent des comédiens transcende cette frontière culturelle pour nous happer de plein fouet. Que ce soit Frieda Pittoors (mère de Coriolan), Hans Kesting (solide Antoine) ou Chris Nietvelt (frivole et irascible Cléopâtre), ils nous offrent d’extraordinaires performances. La scène où Antoine pleure la mort de Jules César ou encore celle où Brutus joute verbalement avec Cassius sont de brillants moments de théâtre. Deux comédiennes jouent le rôle d’hommes (Cassius et Octavie) : ce choix peut être perçu autant comme un clin d’œil à l’omniprésence des hommes sur les planches du temps de Shakespeare qu’à une modernisation des figures politiques dans l’arène du pouvoir.
La trame musicale, mis à part deux pièces de Bob Dylan qui ouvrent et ferment le bal, est créée par le compositeur flamand Eric Sleichim et est jouée en direct par deux musiciens. Elle présente trois parties distinctes et souligne fermement les actions scéniques. Percussions symphoniques, vibraphones, échantillonnages, ça grince, ça intrigue, ça parasite, ça en met plein les oreilles harmonieusement ou pas. La musique devient parfois une image encore plus percutante que certains carnages qu’on nous donne à voir aux bulletins de nouvelles.
Si le style du spectacle étonne et séduit, en mettant en scène de cinglants et violents débats autour d’une table ronde ou une typique conférence de presse, le concept tend à s’essouffler à mi-parcours et laisse percevoir les faiblesses de celui-ci ; le dernier segment aurait pu, d’ailleurs, bénéficier de quelques coupures salutaires. Mais la mise en scène et les acteurs sont si solides que nous passons outre et profitons de chaque instant de cette expérience unique.
Spectacle politique fascinant, d'une puissance et d'une intensité extraordinaire, Tragédies romaines est une démonstration sublime des structures politiques en évolution, de la théâtralité de celles-ci et de son caractère profondément humain.
Plusieurs personnes ont pu lire mes commentaires (ainsi que certains autres journalistes et spectateurs) en direct sur le réseau Twitter, sous le Hashtag #tragediesFTA, lors de la représentation. Ce fut une expérience emballante. Merci à l'équipe du FTA et au Toneelgroep Amsterdam pour la permission.
Cendres - Montréal
vidéo
29, 30, 31 mai et le 1er juin à 19h
Durée : 1 h 15 approx.
Théâtre Rouge
En français
Théâtre du Conservatoire d'art dramatique
30 mai, rencontrez les artistes après la représentation
Imprimer la critique
Par-delà la misère, il y a l’humain. Par-delà les massacres et les catastrophes, toujours il y a l’humain. C’est ce qui intéresse Jérémie Niel : la réalité du quotidien et de l’horreur, la réalité des victimes souvent inconscientes de ce qui se passe au-dessus de leurs têtes. Ici, un vieil homme, accompagné de son petit-fils, vient annoncer à son fils qu’au village tous sont morts. Grâce au metteur en scène Jérémie Niel et au cinéaste Denis Côté, deux artistes libres et radicaux, Terre et cendres de l’Afghan Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour Syngué sabour, pierre de patience, devient Cendres, et fait résonner le silence et les mots des survivants dans l’espace nu du théâtre. Oeuvre tragique et pure, Cendres dessille nos paupières, éveille nos consciences et nous confronte à l’humain en crise. Imposant sa lenteur, son humanité et son exigence formelle, Cendres appréhende l’insaisissable et fait entendre l’innommable.
Un spectacle de Pétrus
Adaptation libre du roman Terre et cendres de Atiq Rahimi
Adaptation et mise en scène : Jérémie Niel
Avec Marc Beaupré + Pascal Contamine + Raoul Fortier-Mercier + Bernard Meney + Georges Molnar + Igor Ovadis + Yves Trudel
Cinéaste : Denis Côté
Lumières : Régis Guyonnet
Environnement sonore : Alexandre St-Onge
Scénographie : Simon Guilbault
Costumes : Fruzsina Lànyi
Coproduction Festival TransAmériques + La Chapelle
Critique de Mélanie Thibault
Quand tout dévaste, tout se tait.
La catastrophe a sonné à la porte du village d’un vieillard et de son petit fils, seuls rescapés de la famille, témoins dévastés. L’enfant est sourd des causes de l’attaque, troublé par ce nouveau silence. Il plane, accompagné par la noirceur de la scène, comme l’étendard de la douleur.
Plutôt que de trop en dire, la compagnie Pétrus a fait le choix de livrer cette errance post-traumatique aux mains de l’obscurité et du murmure. Les micros à fond, les respirations se font entendre, le tremblement des quelques mots résonne pour se perdre de nouveau dans le poids de la situation. Quoi dire quand rien ne reviendra ? Que faire quand l’inimaginable se produit, quand la guerre ravage tout espoir ? Lutter ? Jérémie Niel, dans sa mise en scène épurée, semble plutôt parier sur l'entreprise vaine de reconstruire une autre vie.
Conduit par des images de pierres, de lieux vides, de sections de visage en gros plan, le réalisateur Denis Côté fait ressentir le vide installé par la guerre jusque dans l’intimité des personnages. Un jeu décalé et découpé qui suggère un rythme lent, parfois difficile à supporter. La pièce ne dure qu’environ une heure 15 ; c’est suffisant pour saisir l’ampleur de la tragédie. L’originalité dans la transposition du sujet d’Atiq Rahimi, la guerre afghane, nous laisse songeurs sans pour autant bouleverser.
The Dragonfly of Chicoutimi - Montréal
vidéo
30, 31 mai, 1er et 2 juin à 20 h
Durée : 1 h 15 approx.
En français à travers des mots anglais
Espace Go
Rencontrez Claude Poissant et Larry Tremblay le 31 mai 17h au QG
175, ave. Président-Kennedy
Rencontrez les artistes après la représentation, 31 mai
Imprimer la critique
Gaston Talbot dit d’emblée : « I travel a lot. » Mais vous comprenez rapidement qu’il n’a jamais voyagé. Il ajoute : « To keep in touch. » Mais déjà vous saisissez qu’il ne parle pas anglais, mais français à travers des mots anglais. Gaston Talbot ne cesse de se reprendre, de corriger, de changer ce qu’il dit de lui-même, de sa mère, de ses jeux d’enfant troubles avec Pierre Gagnon, ce qu’il dit aussi de ce rêve agité au sortir duquel, après des années de mutisme, il s’est réveillé parlant anglais. Peu à peu, Gaston Talbot vous aspire dans sa spirale où les vérités, à force de tournoyer, vous entraînent dans un gouffre. Il y a quinze ans, au FTA, la création de cette oeuvre aussi perturbante que touchante par Jean-Louis Millette, sous la direction de l’auteur, avait provoqué une onde de choc. Pour retrouver la grandeur de ce texte, Claude Poissant, dont les affinités avec le théâtre de Larry Tremblay sont profondes, le déploie cette fois-ci pour cinq comédiens.
Un spectacle du Théâtre PàP
Texte : Larry Tremblay
Mise en scène : Claude Poissant
Avec : Dany Boudreault + Patrice Dubois+ Daniel Parent + Étienne Pilon + Mani Soleymanlou
Scénographie : Olivier Landreville
Costumes : Marie-Chantale Vaillancourt
Lumières : Erwann Bernard
Maquillages : Florence Cornet
Conception sonore : Te tairas-tu ?
Mouvement : Caroline Laurin-Beaucage
Coproduction Festival TransAmériques
Présentation en collaboration avec Espace GO
Critique de Daphné Bathalon
Absent des scènes québécoises depuis que le comédien Jean-Louis Millette avait incarné de mémorable manière le personnage de Gaston Talbot, The dragonfly of Chicoutimi adopte, pour cette mouture 2010, la forme d’une pièce chorale. Le metteur en scène Claude Poissant a pris le parti de diviser ce long monologue en un texte pour cinq comédiens. Chacun interprète une facette de cet homme qui, après une période d’aphasie survenue à la suite d’un cauchemar, se réveille en ne parlant plus qu’anglais. Il s’exprime par petites touches successives, revenant sur ses pas, rajustant quelques éléments de son récit. Ainsi, cinq voix s’entrechoquent et s’entremêlent pendant les 75 minutes que dure la représentation. Bien vite, on réalise qu’elles parlent un anglais étrange, peu naturel et calqué sur la syntaxe française.
On ne sait jamais ce qui est vrai de ce qui est faux dans le récit de Gaston Talbot, il passe en effet son temps à affirmer une chose, puis à se rétracter quelques minutes plus tard. Ainsi, si d’emblée il nous affirme : « I travel a lot », il admet ensuite qu’il n’a jamais quitté Chicoutimi et qu’il a dit cela pour rendre son histoire plus intéressante. Cette contradiction au sein même du personnage est ici soulignée par le profond clivage entre les différentes versions de Gaston ainsi que par leur séparation physique. La vérité n’a finalement aucune importance, car c’est d’abord avec lui-même que Gaston cherche à reprendre contact.
Séparés par des cloisons, les Gaston sont confinés dans leur univers étriqué : un cadre décoré à leur image et qui, dans le noir, semble suspendu au milieu de nulle part. Tout en étant statique, du fait de la scénographie « en boîtes » signée Olivier Landreville, la mise en scène de Poissant nous donne pourtant une impression de mouvement par des jeux d’éclairage vifs et colorés provenant de différentes sources. Et, bien qu’il n’y ait d’abord aucun contact physique entre les comédiens, il y a clairement interaction entre les versions de Gaston tout au long de la représentation grâce au découpage précis du texte et à son enchaînement très efficace. Le rythme est excellent ; la partition pratiquement sans accroc.
Une grande part de la réussite de cette nouvelle proposition revient aux acteurs. Outre le grand travail de groupe nécessaire à ce genre de production, une telle chorale exige précision et maîtrise du texte, ce dont toute la distribution fait preuve. Encore plus important, même si le personnage est subdivisé en cinq caractères, aucun ne verse dans le cliché, l’interprétation est juste, bien dosée, le jeu de l’un venant souligner celui de l’autre dans une parfaite synchronie.
Qu’on ait vu Millette dans ce rôle extraordinaire ou qu’on soit de ceux qui n’ont pas eu cette chance, la proposition audacieuse de Poissant se révèle une expérience pertinente, différente, mais tout aussi forte que celle de 1995. The dragonfly of Chicoutimi porte indubitablement la marque du Théâtre PàP et c’est tant mieux!
Domaine public - Barcelone
vidéo
3, 4, 5 et 6 juin à 19h
Durée : 1 h 15
En français et en anglais
Place Pasteur
Rue St-Denis, face de l'UQAM
Imprimer la critique
Amusantes, saugrenues, parfois même embarrassantes, les questions fusent aux oreilles des spectateurs munis d’un casque d’écoute : « Avez-vous déjà suivi un inconnu dans la rue ? Avez-vous déjà fait semblant d’être plus saoul que vous ne l’étiez pour ne pas avoir à faire l’amour ? Avez-vous déjà volé dans un centre d’achat ? »… Assemblés sur la place publique, ils y répondent par corps en obéissant à de strictes consignes gestuelles : « Avancer, lever la main, tourner la tête vers le ciel ». Une ondoyante chorégraphie silencieuse prend alors forme et, à l’image des réseaux sociaux actuels, des communautés se font et se défont au gré d’une mise en commun des expériences ou des convictions intimes. Libéré de ses « ornements » habituels que sont le personnage et le texte dramatique, le théâtre ludique du metteur en scène catalan Roger Bernat renoue ici avec l’idée d’un espace public vivifié, générateur de rencontres, et retrouve son aspect dionysiaque : « On ne sait quand ni comment tout ça va finir ! »
Un spectacle de Roger Bernat/FFF
Texte et mise en scène : Roger Bernat
Direction technique : Txalo Toloza
Costumes : Dominique Bernat + Bárbara Glaenzel
Technique numérique : Aleksei Hescht
Coproduction La Mekanica / APAP (Barcelone) + Teatre Lliure (Barcelone) + Centro Párraga (Barcelone) + Elèctrica Produccions (Murcie)
Avec le soutien de Generalitat de Catalunya / Entitat autònoma de difusió cultural - Departament de cultura i mitjans de comunicació + Commission européenne – Direction générale de l’éducation et de la culture / Programme culture 2007-2013 + Institut Ramon Llull (Barcelone)
Critique de David Lefebvre
Jeu de société grandeur nature ou réflexion sur les questionnements inconscients qui nous assaillent chaque jour, dont les réponses nous modèlent, qu’on le veuille ou non ? Quoi qu’il en soit, la création Domaine public de la figure de proue du théâtre catalan, Roger Bernat, est tout sauf prétentieux. Au moment de se présenter, billet en main, on nous prête un casque sans fil. L’événement peut alors commencer dès que les participants se regroupent au son d’un sifflet au centre de la place prévue. Puis, les questions fusent : qu’elles soient familiales, personnelles, professionnelles, géographiques, anodines, embarrassantes, philosophiques, on rit, on réfléchit, on est ébranlé dans nos convictions. Et on répond, par le geste ou non-geste qu’on nous demande de faire. Vous vous souvenez du dernier french kiss de vos parents ? Avez-vous des enfants ? Êtes-vous nés à Montréal ? Chaque réponse assemble un groupe, le défait, forme des pairs, les désassemble. Les mouvements créent une chorégraphie amusante pour les participants, qui jouent le jeu avec une sincérité désarmante. L’expérience est paradoxale : l’individu est isolé dans son univers sonore, le casque sur les oreilles, et pourtant, il fait toujours partie d’un groupe, d’une assemblée de gens qui répondent la même chose que lui. Il y a autant d’introspection qu’un certain voyeurisme candide. L’intime devient public. Et le tricheur se fait prendre au piège.
Certaines réponses amènent les « spect’acteurs » à adopter un accessoire : un gilet, un masque, une couverture. Grâce (ou à cause) de nos choix, de notre nationalité, de notre rang social, nous obtenons, dans le jeu, un statut, qui prend tout son sens dans la deuxième partie. Nous endossons alors un personnage, un rôle, et les consignes deviennent plus directives. Une certaine conscience sociale s’immisce dans le jeu, même si ce n’est pas l’enjeu principal de l’événement. D’ailleurs, le spectacle commence avec La Flûte enchantée de Mozart, et on nous explique qu’il l’a écrite pour divertir le public ; les concepteurs répondent ainsi à ceux et celles qui veulent trop analyser et réfléchir, et ils disent : amusez-vous !
Par Domaine public, Roger Bernat met en scène un théâtre participatif ludique, original, saugrenu : «l’homme est le propre acteur de sa vie». Nous interprétons l’action, et nous l’observons tout à la fois. Captivant.
L'effet de Serge - Paris
vidéo
3 et 4 juin à 20 h,
5 et 6 juin à 16 h
Durée : 1 h 15
Théâtre Rouge
En français
Conservatoire d'art dramatique
4 juin, 14h30, atelier-conférence de Philippe Quesne, QG, 175, ave. Président-Kennedy
4 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Imprimer la critique
Seul dans son appartement, Serge déjoue l’ordinaire des jours en concoctant des microperformances de une à trois minutes, qu’il présente le dimanche à ses amis. Avec de petits jouets téléguidés, des feux de Bengale, des phares qui clignotent dans la nuit, il anime sous nos yeux une stupéfiante féerie du presque rien, entre réalité et artifice. Pour cet antihéros lunaire et flegmatique, le vide quotidien couve une flamboyante matière à invention. Composé d’un noyau dur de complices assidus – cinq hommes, une femme et un chien –, le Vivarium Studio connaît une ascension fulgurante en récoltant partout sur son passage une adhésion enthou siaste à son théâtre laborantin et iconoclaste. La compagnie poursuit son observation sous microscope de l’humain avec cette pièce faussement ingénue où la drôlerie opère en sourdine et exhibe les inepties de notre condition de vivant. Tout en égratignant au passage l’inanité d’une certaine critique d’art, L’effet de Serge clame l’absolue nécessité du geste créateur, si infime soit-il.
Un spectacle de Vivarium Studio
Conception, mise en scène et scénographie : Philippe Quesne
Avec Isabelle Angotti + Rodolphe Auté + Alix Eynaudi + Cyril Gomez-Mathieu + Gaëtan Vourc’h + invités locaux
Coproduction Ménagerie de verre - Paris
Avec le soutien de Forum scène conventionnée de Blanc-Mesnil + Festival Actoral Montévidéo - Marseille + DRAC Île-de-France - Ministère de la culture et de la communication + Service culturel du Consulat général de France à Québec + Culturesfrance
Présentation Festival TransAmériques
En collaboration avec Carrefour International de Théâtre de Québec
Critique de Sara Fauteux
En me rendant au Conservatoire d’art dramatique pour L’effet de Serge, j’étais particulièrement intriguée. Les occasions d’apprécier ce qui se passe de l’autre côté de l’océan en théâtre ne sont pas si fréquentes à Montréal. Et à l’intérieur même d’un milieu théâtral, les remises en question s’appuient souvent sur des idées communes qui deviennent elles-mêmes des codes acceptés et qui empêche ainsi, en quelque sorte, une véritable remise en question. Quand les créateurs d’ici se lancent dans ce genre d’exploration, ils ont souvent tendance à en faire trop, à avoir peur que le spectateur ne saisisse pas bien le sens de cette recherche et à vouloir expliquer le pourquoi du comment de la remise en question et ainsi en perdre l’essence même.
Rien de tout cela, dans L’Effet de Serge. Désarmant de simplicité, sans prétention, ce spectacle français parvient à ébranler les codes de la représentation tout en les activant de manière efficace et précise. C’est dans un costume de cosmonaute que Serge nous accueille. Il commence par nous saluer, puis se présente, nous amène faire un tour sur la scène qui lui servira de décor. Il nous parle un peu des thèmes abordés et nous décrit ce qui se passera dans la prochaine heure. Serge sera chez lui et le temps passera, de dimanche en dimanche, puisque le dimanche, Serge prépare de petits spectacles de une à trois minutes qu’il présente à des amis. Animés par une riche trame sonore, les spectacles de Serge sont surprenants, dérisoires.
Le travail autour du personnage de Serge est particulièrement intéressant. Son aspect physique, sa voix et sa démarche lente créent un inconfort subtil qui installe une distanciation de l’effet de spectacle tel que nous le concevons.
Mais c’est surtout la réaction des invités et le contexte de ces représentations qui saisit. Cette mise en abîme est certainement une occasion pour Philippe Quesne (à la conception, mise en scène et scénographie) de critiquer la réception et l’art critique. Pourtant, peut-être ne faut-il pas y voir une critique autant qu’une simple reprise de contact avec la réalité de la représentation. Loin de toute intellectualisation de la chose, la pièce ne fait que porter une «attention désintéressée» aux codes du spectacle et nous amène ainsi à prendre pleinement conscience de ce dont il s’agit.
"...and Counting!" (Letter Three) - Toronto
vidéo
4 et 5 juin à 19h
Durée : 2 h 20
Espace Libre
En anglais
4 et 5 juin, rencontre avec l'artiste après la représentation
Imprimer la critique
C’est plus nu qu’un tréteau nu, il n’y a rien : pas de décor, pas de costume, pas un seul effet d’éclairage (même pas la lumière qui monte au début et descend à la fin), pas de musique. Rien qu’un acteur prodigieux d’énergie, d’invention et de précision avec sa colère, son intelligence, son humour et… son ordinateur portable. Cette troisième lettre théâtrale de Tony Nardi trace un bilan de Two Letters, proposant un voyage au coeur de l’état actuel du théâtre, de la culture et de leur financement. Nardi raconte, joue les dérives et les compromissions d’un milieu artistique qui a fait son nid dans une société trop lâche pour faire taire ses artistes et trop molle pour les soutenir. Il montre l’inutilité du théâtre au théâtre et, fidèle à l’esprit séculaire des grandes traditions – en particulier la commedia dell’arte –, rappelle avec jubilation que l’art dramatique est fondamentalement une prise de parole civique portée par le corps et la voix d’un acteur. Dans ce coup de gueule majuscule, où l’indignation et le rire, Dante et Shakespeare, la polémique et la passion sont convoqués, la pensée se fait corps, se fait verbe, se fait théâtre.
Un spectacle de et avec Tony Nardi
Critique de David Lefebvre
Today you get fucked, and tomorrow… again!
...And Counting! (Letter Three), étonnant et virulent pamphlet, vient conclure les deux premières lettres contestataires et controversées de l’auteur et homme de théâtre Tony Nardi sur la condition médiocre de la culture et de la précarité des comédiens. Alors que la première lettre faisait référence aux stéréotypes, la seconde protestait avec véhémence contre les conceptions erronées de la commedia dell’arte, autant du côté des comédiens, des metteurs en scène que des critiques. Cette lettre faisait état de plusieurs faiblesses de la culture canadienne et a d’ailleurs été présentée à l’Espace Libre l’automne dernier. ...And Counting! (Letter Three), possiblement la lettre la plus personnelle des trois, est essentiellement un post-mortem des deux précédentes.
Aucun décor, aucun effet, seulement le comédien et son ordinateur portable. C’est avec sincérité et spontanéité que Tony Nardi livre ce texte en lecture à vue, avec une fougue et une passion qui l’enflamme et qui nous anime, ou nous divise. Car le propos est tout aussi puissant et fort que dans les deux premières lettres. Cette fois-ci, c’est sur le financement, tout autant du côté gouvernemental que celui privé, qu’il pose un regard acide et critique. Italien de naissance, il ne se gêne pas pour parler de la communauté italo-canadienne, écorchant les clichés, usant de beaucoup d’ironie pour expliquer la situation. L’homme soulève aussi le problème de l’indifférence, ou plutôt de l’absence de passion au pays pour la culture. « Nous ne détestons pas assez pour détruire, mais n’aimons pas assez pour aider suffisamment ». Les fonds sont d’une importance capitale pour la création, il n’en doute pas, mais avec l’argent viennent les compromis ; comme si le fonctionnaire devait décider de ce que devrait être l’art à la place de l’artiste. Indignation, peur, honte, Nardi explose littéralement.
Il parle aussi de suicide, de départ. De son père, d’un ami décédé. Peut-être aussi de l’asphyxie générale du domaine artistique canadien, de l’hypocrisie qui s’est infiltrée dans les sphères décisionnelles, de l’opinion publique ou particulière qui se résorbe aussi, tant par désintérêt que par complaisance. La mort occupe ainsi beaucoup de place dans le récit, alors qu’il compare l’art ou l’artiste à des gens enterrés prématurément et toujours vivants, ou en exil, comme Dante l’a déjà été. Il s’insurge contre la « starisation », la fausse éternité que propose la célébrité. Avec raison, il clame que l’artiste doit reprendre ses droits sur l’art, que le comédien doit reprendre en main le théâtre.
Mis à part quelques retouches ici et là pour actualiser certains propos, Nardi confesse, juste avant de commencer, qu’il n’avait pas relu le texte en entier depuis un an. C’est pourtant une performance de haute voltige qu’il nous offre, à une vitesse fulgurante – car, malgré la forme et les revendications, il s’agit bien ici de théâtre. L’écriture de Nardi est riche, remplie de métaphores, d’images-chocs, d’analogies. Le flot de mots pratiquement ininterrompu, telle une partition musicale sans réelle pause, marque, frappe, soulève la colère, les passions, les questions. Son corps gesticulant, posant, pointant, parle tout autant que sa voix bouge, caricature, interprète quelques personnages fantômes qui l’ont inspiré.
La vitesse, la richesse et la longueur du spectacle pourraient faire perdre l’idée générale, le «big picture», aux spectateurs qui éprouvent quelques difficultés avec la langue anglaise et donner l’impression que la parole perd de sa force et de sa portée en fin de course. Mais ...And Counting! (Letter Three), tout comme l’ont été Two Letters, est une prise de parole courageuse, intelligente, d’une rare acuité, malheureusement nécessaire, qui demande, voire qui réclame haut et (surtout) fort, l’ouverture d’un débat qui doit avoir lieu.
Littoral - Incendies - Forêts / Le sang des promesses - Paris/Montréal
vidéo
Le 6 juin à 12 h
Durée : 11 h 30 approx.
Incluant deux entractes de 1 h 15
Apportez votre lunch ou restaurez-vous sur place
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts,
sièges réservés
10 juin, 17, Rencontre avec Wajdi Mouawad, au QG, 175, ave. Président-Kennedy
Imprimer la critique
De quoi sommes-nous les héritiers ? Quelles sont les forces jaillies du passé qui déterminent malgré nous nos pensées et nos actes ? Quelles sont ces anciennes promesses qui nous emprisonnent ou nous libèrent ? À travers un théâtre-fleuve d’un lyrisme éperdu porté par des acteurs d’exception, trois fois Wajdi Mouawad nous entraîne des ténèbres à la clarté. Wilfrid de Littoral, Jeanne et Simon d’Incendies et Loup de Forêts émergent à peine de l’adolescence pour se retrouver, chacun selon son destin, face aux forces terribles – guerres, exils, idéologies perverties, déshumanisation – qui façonnent notre siècle et nos vies. Cousus avec les lambeaux d’une Histoire désagrégée, ces trois récits épiques claquent comme les oriflammes d’une jeunesse qui refuse la mort qu’on lui impose, puisant leur force d’envoûtement dans les mythes anciens que l’auteur a su retrouver sous le fatras informe du babil informatique et de l’information continue. Cette immense saga théâtrale se déploie enfin à Montréal, pour une seule représentation. Événementiel !
Un spectacle de Au Carré de l'Hypoténuse + Abé Carré Cé Carré – compagnies de création
Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad
Avec Jean Alibert + Annick Bergeron + Véronique Côté + Gérald Gagnon + Tewfik Jallab + Yannick Jaulin + Andrée Lachapelle + Jocelyn Lagarrigue + Linda Laplante + Catherine Larochelle + Isabelle Leblanc + Patrick Le Mauff + Marie-France Marcotte + Bernard Meney + Mireille Naggar + Valeriy Pankov + Marie-Eve Perron + Lahcen Razzougui + Isabelle Roy + Emmanuel Schwartz + Guillaume Séverac-Schmitz + Richard Thériault
Dramaturgie : Charlotte Farcet
Assistance à la mise en scène : Alain Roy
Conseiller artistique : François Ismert
Scénographie : Emmanuel Clolus
Lumières : Martin Labrecque + Martin Sirois
Costumes : Isabelle Larivière
Direction Musicale : Michel F. Côté
Son : Michel Maurer
Maquillages et coiffures : Angelo Barsetti
Coproduction Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie + Festival d’Avignon
Avec le soutien de Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec + Conseil des Arts et des Lettres du Québec + Ministère des Relations internationales du Québec + Conseil des Arts du Canada + Centre Culturel Canadien + Région Rhône-Alpes + Service Culturel du Consulat général de France à Québec + Culturesfrance
Présentation : Festival TransAmériques
En collaboration avec Place des Arts + Carrefour International de Théâtre de Québec + Théâtre Français/Centre national des Arts du Canada
Critique de Marie-Pierre Bouchard
Salvatrices vérités
Autour de minuit, une explosion d’applaudissements retentit au coeur du Théâtre Maisonneuve. Le cycle Le sang des promesses a débuté exactement douze heures auparavant. Épuisés mais comblés, 1400 spectateurs ovationnent à tout rompre, pendant de longues minutes, délirants d’enthousiasme et de ferveur. Entouré des vingt-trois comédiens qui ont tenu l’oeuvre sur leurs solides épaules une journée durant, l’auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad salue l’assistance avec émotion.
Au Québec, les différents volets avaient été joués séparément à maintes reprises, mais jamais ne les avait-on fait ainsi se succéder lors d’une même représentation. C’est en 2009, lors du 63e Festival d’Avignon, que Le sang des promesses fut pour la première fois présenté dans son intégralité. Hier, à Montréal, dans le cadre du FTA, les trois premiers segments de la tétralogie ont littéralement envoûté le public (le quatrième, Ciels, est présenté individuellement).
Les trois pièces explorent la quête des origines en fouillant les liens filiaux des vivants et des défunts, à travers les horreurs de la guerre, les passions charnelles interdites, les déchirements de la migration et le gouffre des générations. La structure est sensiblement la même pour chaque volet: l’action commence dans le Québec contemporain, alors que la disparition d’un parent entraîne sa descendance dans un voyage initiatique inattendu, sur les traces brouillées du passé qui, inéluctablement, façonne le présent.
Dans Littoral, un jeune homme s’engage dans un émouvant périple afin d’offrir à son père une sépulture dans son pays d’origine, encore hanté par la guerre civile. En chemin, il fait la rencontre d’autres éclopés qui l’accompagnent dans sa mission. Incendies raconte l’enquête menée par des jumeaux dont la mère vient de mourir en laissant une mystérieuse requête par voie testamentaire: elle ordonne à ses enfants de retrouver leur père (qu’ils croyaient mort) et un frère dont ils ignoraient l’existence. Des révélations de plus en plus troublantes leur divulgueront d’indicibles horreurs qu’ils n’auront d’autre choix que d’affronter. Enfin, Forêts met en scène une intrigue touffue, dans laquelle une adolescente se voit forcée de remonter les liens du sang, à travers la lignée de femmes qui l’ont engendrée depuis plus d’un siècle, afin de reconstituer une histoire familiale complexe et bouleversante où l’abandon se répète douloureusement de génération en génération.
Ainsi, chaque pièce se déploie en une fresque épique, troublante, tragique. Chacune est un passage obligé dans les effrayantes profondeurs des ténèbres afin qu’émerge la lumière. La guerre, l’exil, les amours impossibles, les secrets et les promesses y sont des propos récurrents, autant d’obsessions universelles qui invitent aux réflexions sur la nature humaine dans ce qu’elle génère de meilleur et de pire. Le sang des promesses insuffle cette urgence de lever le voile sur la vérité qui définit sa lignée, d’en comprendre les drames et d’en percer les mystères, et de faire de cette histoire non pas une fatalité écrasante, mais plutôt une clarté salvatrice.
Sur scène se succèdent des tableaux humains d’une beauté à faire pleurer, dans lesquels se jouxtent et se superposent les époques et les histoires qui convergent ultimement vers l’identité d’un individu. Les comédiens s’enduisent tour à tour de peinture épaisse et opaque, esquissant avec conviction et fragilité, tels des peintres expressionnistes, l’aspect fugitif mais néanmoins permanent des épreuves d’une vie. Les mouvements y sont fluides, sensuels, à fleur de peau. Et surtout, des flots de mots déferlent et éclaboussent nos sens. Les dialogues y sont puissants et percutants, les monologues y sont lyriques et poétiques. Profondément humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, les personnages sont d’une saisissante richesse. Et les morts, omniprésents, ont tant de choses à révéler...
Énumérer les scènes qui m’ont marquée ou les personnages qui m’ont le plus émue, serait fastidieux et réducteur. Faire mention de quelques dérisoires bémols parmi mes éloges serait une insulte au génie derrière cette oeuvre inspirée, grandiose et essentielle. L’expérience d’assister à la représentation de ces trois spectacles en une seule journée fut, pour moi comme pour la très grande majorité des spectateurs, un fabuleux voyage intellectuel et sensoriel, une captivante épopée, un moment de théâtre privilégié.
Ciels, Le sang des promesses - Paris/Montréal
vidéo
7, 8, 9, 10 et 11 juin à 19 h
Durée : 2 h 30
En français
Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
10 juin, 17, Rencontre avec Wajdi Mouawad, au QG, 175, ave. Président-Kennedy
Imprimer la critique
Spectateurs et personnages sont enfermés dans un même lieu secret, où des spécialistes du décryptage écoutent toutes les conversations que s’échangent les téléphones et les ordinateurs de ce monde. Une voix émerge, proclamant la venue du « temps hoquetant » et appelant « par ici les parricides ». Est-elle liée à l’attentat terroriste imminent qui menace huit grandes villes? Et le suicide de l’un des espions de l’État indique-t-il une piste à suivre? Dernier volet du quatuor Le sang des promesses de Wajdi Mouawad, Ciels en est aussi le contrepoint. Si Littoral, Incendies et Forêts nous entraînent dans les dédales du passé où les mythes anciens éclairent la quête des personnages, Ciels nous plonge dans un présent qui ne cesse de se répéter à toute vitesse, comme un CD accroché. L’auteur-metteur en scène nous confine dans un microcosme et, à travers un suspense haletant porté par des acteurs continuellement sur la ligne du risque, nous fait prendre conscience de l’impuissance profonde qui nous habite face aux violences et aux catastrophes que nous avons enfantées.
Un spectacle de Au Carré de l'Hypoténuse + Abé Carré Cé Carré – compagnies de création
Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad
Avec John Arnold + Georges Bigot + Valérie Blanchon + Olivier Constant + Stanislas Nordey + sur vidéo : Gabriel Arcand + Victor Desjardins et la voix de Bertrand Cantat
Dramaturgie : Charlotte Farcet
Conseiller artistique : François Ismert
Assistance à la mise en scène : Alain Roy
Scénographie : Emmanuel Clolus
Costumes : Isabelle Larivière
Lumières : Philippe Berthomé
Musique : Michel F. Côté
Son : Michel Maurer
Création vidéo : Adrien Mondot
Réalisation vidéo : Dominique Daviet
Coproduction Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie + Théâtre Français/Centre National des Arts du Canada + Le Grand T Scène Conventionnée Loire-Atlantique + Célestins Théâtre de Lyon + La Comédie de Clermont-Ferrand Scène Nationale + Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées + Mc2: Grenoble
Avec le soutien de : Service Culturel du Consulat général de France à Québec + Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec+ Conseil des Arts et des Lettres du Québec + Ministère des Relations internationales du Québec + Conseil des Arts du Canada + Fonds de Développement de la Création théâtrale contemporaine + Région Rhône-Alpes + DRAC Île-de-France/Ministère de la Culture et de la Communication + l’Hexagone Scène Nationale de Meylan + Culturesfrance
Présentation : Festival TransAmériques
En collaboration avec Place des Arts + Carrefour International de Théâtre de Québec + Théâtre Français/Centre National des Arts du Canada
Critique de Olivier Dumas
Dire que les attentes étaient grandes, voire démesurées, pour Ciels de Wajdi Mouawad relève de l’évidence. Dernier volet de la tétralogie Le sang des promesses, ce spectacle succède à Littoral, Incendies et Forêts qui ont presque fait l’unanimité lors de leurs différentes présentations à Montréal. Or, Ciels constitue à mes yeux une très grande déception.
Voulant faire table rase de ses thèmes de prédilection comme le passé, l’exil ou la transmission d’un héritage lourd à assumer, le dramaturge et metteur en scène libano-québécois s’inspire d’œuvres à la mode, comme Da Vinci Code, pour nous concocter une histoire emberlificotée sur le terrorisme international. Agents de l’antenne francophone d’une cellule antiterroriste mondiale, quatre hommes et une femme sont tenus à l’isolement volontaire afin de décrypter des messages codés présageant des attentats en préparation dans plusieurs capitales de la planète.
Malgré ce fil conducteur intriguant, Wajdi Mouawad insuffle peu de la passion, de l’éclat ou de la ferveur qui ont conduit ses créations précédentes à des sommets d’intensité. Quelques mots simples ou images évocatrices mariaient des souffrances intimes aux tragédies universelles. Ici, il renchérit avec une histoire infanticide, un ton moralisateur sur le devoir de désobéissance et sur la beauté de l’art qui doit enrayer les malheurs et laideurs du monde. Heureusement, les scènes projetées sur écran avec le garçon de l’un des protagonistes apportent des moments d’humour et de spontanéité qui auraient été appréciés ailleurs dans ce marathon de deux heures trente sans entracte, alors que les spectateurs doivent rester assis sur des tabourets inconfortables.
La conception sonore demeure d’une redoutable efficacité, saisissante pour représenter des attentats meurtriers. Bien qu’esthétiquement impeccables, les projections vidéos tombent parfois dans la démonstration trop appuyée (par exemple, les lettres des poèmes évoquant des flocons de neige). On aurait espéré une fusion plus ludique, plus émouvante entre science, technologie et poésie.
La distribution composée majoritairement d’acteurs européens (soulignons au passage la prestation sensible du Québécois Gabriel Arcand par vidéo) s’en tire relativement bien. Leur jeu rappelle celui présent dans les séries télévisées comme Les espions. Oscillant entre la froideur et des excès grandiloquents, il empêche toutefois le public d’adhérer à des situations autrement plus prenantes et plus poignantes.
En résumé, des moyens techniques impressionnants ne parviennent pas toujours à nous ébranler et à faire ressentir les bouleversements d’une guerre, d’un bombardement ou de toute autre tragédie humaine. Il manque à ce Ciels la fulgurance d’une parole incarnée et la douloureuse lucidité sur la condition humaine qui ont marqué l’écriture, la réflexion et la pertinence du théâtre de Wajdi Mouawad.
Asalto Al Agua Transparente - Mexico
vidéo
8 et 9 juin à 21h
Durée : 55 min.
En espagnol avec surtitres français et anglais
Espace Libre
9 juin, rencontre avec les artistes après a représentation
Imprimer la critique
C’est dans une île au mitan du lac Texcoco que fut fondée en 1325 la capitale de l’empire aztèque, Tenochtitlàn. Avant, bien avant de devenir Mexico, la ville au milieu du lac de lune. Avant, bien avant, car des 2 000 km2 de lacs qui brillaient à Mexico, il n’en reste désormais que 10 km2. Après trois siècles d’irrigation pour éliminer les risques d’inondation, la ville a soif. Asalto al agua transparente, c’est l’histoire de ce désastre écologique. Luisa Pardo et Gabino Rodríguez, 27 ans, incarnent le nouveau souffle de la création contemporaine mexicaine et cherchent un théâtre propre à leur génération et à leur réalité. En cumulant les faits, ils entrelacent le récit de la fondation de la ville, celui de l’eau et celui de Janet Meléndez, tout juste arrivée à Mexico, qui entraîne Ixca Cienfuegos dans sa quête des lacs disparus. Le texte? Les statistiques de l’Instituto nacional de estadística y geografía et les charnières historiques. Des faits, toujours des faits, pour un théâtre qui vise la neutralité formelle. Et d’où surgit la froide poésie d’une jeunesse désenchantée. Sans aucun effet. Aucun bluff.
Un spectacle de Lagartijas tiradas al sol
Texte, mise en scène et interprétation : Luisa Pardo + Gabino Rodríguez
Lumières : Juliana Faesler
Images : Juan Leduc
Coproduction La Máquina de teatro
Critique de David Lefebvre
Les eaux disparues
Présentée pour la première fois hors du Mexique, la pièce Asalto Al Agua Transparente, du collectif Lagartijas Tiradas al Sol, se veut une constatation froide, presque défaitiste, de l’environnement de Mexico City. Les comédiens Luisa Pardo et Gabino Rodríguez nous exposent, dans un style parfois détaché, mais qui ne manque ni de charme, ni d’humour, l’entêtement d’un peuple contre la nature, l’ampleur du désastre écologique et social majeur que cela a causé et cause toujours et la prise de conscience d’une jeunesse de plus en plus seule dans une ville envahissante et dangereuse.
Deux histoires se croisent, dans ce récit : la grande, celle de Mexico, et la petite, celle d’une jeune femme qui arrive en ville pour y étudier, y vivre, sans pouvoir réaliser ses rêves. Elle cherche les fameux lacs disparus, en compagnie d’Ixca qu’elle rencontre au hasard. Entre la visite touristique et le conte historique, Asalto Al Agua Transparente résume la bouleversante histoire de cette ville de millions d’habitants. D’une part, on nous indique les faits. L’an 1111 avec l’exode aztèque dans tout le pays pendant 200 ans, l’édification d’une ville, au milieu de cinq lacs, qui paraîtra enchantée, mais qui sera pratiquement maudite ; l’arrivée de Cortés, la construction d’une cité encore plus grande, plus prospère, plus vulnérable à l’eau qui s’infiltre partout, causant inondation, maladie, mort. Puis les combats contemporains, du 17e siècle jusqu’à aujourd’hui, contre l’environnement, faisant disparaître près de 1990 km2 d’eau salée et d’eau douce autour de la ville. L’endroit marécageux devient désert, et le peuple est assoiffé.
Les couleurs du pays sont présentes sur scène, au travers des accessoires qu’on pourrait trouver dans les dépotoirs de la ville – canettes, seaux, caisses de bois. Des objets sont suspendus, tels des piñatas égarées, des souvenirs incertains. Asalto Al Agua Transparente démontre avec austérité les erreurs d’un peuple qui voulait dompter son environnement, gagner sur la nature, mais qui perd à son propre jeu ; de l’utilisation hypocrite de l’eau potable et des besoins démesurés d’une ville qui ne se contrôle plus. Mais la pièce aborde aussi les problèmes d’ordre générationnel de ces jeunes Mexicains urbains à l’avenir sans promesses, de plus en plus isolés. Ici aussi, les chiffres et statistiques mis de l’avant par les deux comédiens parlent d’eux-mêmes, et ils sont parfois effarants.
Spectacle qui ne fait pas nécessairement dans la plus grande subtilité– quoique les images sont drôlement efficaces, il faut voir, par exemple, comment la scène se transforme en véritable champ d’ordures pour représenter l’état de la ville – Asalto Al Agua Transparente propose tout de même une intéressante réflexion désenchantée, tout aussi irrationnelle que réaliste, un voyage certes minimaliste, presque anti-spectaculaire, froidement documenté et émotionnellement chargé, que le duo transpose à la scène de manière tout aussi sobre qu’éclatée.
Catalina - Mexico
vidéo
11 juin à 21 h
12 juin à 16 h
Durée : 55 min.
En espagnol avec surtitres français et anglais
Espace Libre
Imprimer la critique
Gabino Rodríguez, seul en scène, devient archiviste de sa déception amoureuse. Souvenirs, musique, photos, vidéos, textos : il expose, une à une, les pièces à conviction de son désastre intime. Fragments d’une rupture amoureuse et implacable liste, où la femme absente, finalement, prend toute la place. Autofiction exposée? Débordement de la jeunesse? Exhibition de la mémoire? Le Mexicain Gabino Rodríguez, en rupture avec le théâtre traditionnel, élimine le spectaculaire pour ne garder que l’os. Constamment sur le fil, il joue sur le temps, l’identité, les distances intimes et, encore, la notion de représentation. Peut-on classer sa mémoire ainsi, devant un public juge et témoin? L’impudeur est latente. Le malaise aussi. Plus il avance les preuves, plus le personnage se défait. Comme s’il était essentiel de penser seulement les choses, sans les ressentir. Comme s’il était vital de s’éloigner, enfin, de la dictature du sentimental.
Un spectacle de Lagartijas tiradas al sol
Mise en scène et interprétation : Gabino Rodríguez
Collaboration à la mise en scène : Luisa Pardo
Oiseaux : Francisco Barreiro
Vidéo : Yulene Olaizola
Maquillages : Iñaqui Legaspi
Dessins : Juan Leduc
Coproduction Teatro Unam
Critique d'Aurélie Olivier
Catalina est le second spectacle de la compagnie mexicaine Lagartijas Tiradas al Sol à être présenté au FTA. Après Asalto al agua transparente, une réflexion pertinente, mais peu approfondie et un peu maladroite sur les méfaits de l’urbanisation et l’épuisement des ressources naturelles, Gabino Rodriguez et Luisa Pardo nous font le récit d’une histoire d’amour qui a mal tourné. Rodriguez est seul en scène, sa comparse n’apparaissant que sous forme d’images vidéo et de bande sonore préenregistrée. C’est qu’il est là pour nous raconter la plus grande douleur de sa vie : le moment où Catalina l’a quitté.
Dès le départ, il annonce la couleur en nous disant qu’il est menteur. On s’en réjouit d’avance, pensant qu’il va nous entraîner dans une histoire pleine de contradictions et de recoupements improbables, bref dans un dédale où il sera impossible de discerner le vrai du faux et dont nous sortirons avec matière à discussions infinies. Malheureusement, cette piste n’est pas du tout exploitée. C’est d’ailleurs le cas de toutes les autres pistes qui sont esquissées pendant le spectacle. Ainsi, le récit débute au printemps 2009, alors que l’épidémie de grippe porcine frappe Mexico de plein fouet. Sur l’écran vidéo qui occupe la majeure partie de la scène défilent des images apocalyptiques de foules portant des masques, de dizaines de porcs pendus par les pieds, de personnes en combinaisons anti-infection armées d’étranges vaporisateurs. On perçoit là une mise en parallèle d’un désastre collectif et d’un désastre individuel, mais malheureusement, la piste s’arrête ici, et on réalise que ce fait n’a été abordé que comme un repère temporel. Au fil du récit, on apprend aussi que Catalina est partie vivre à Buenos Aires et on se prend à espérer une réflexion sur l’effet de la distance physique sur l’intimité ou à une mise en perspective avec la distance qui peut régner entre deux individus malgré la proximité physique, mais une fois encore, rien. Ce qui demeure, c’est une peine d’amour mille fois vécue et qui ne vaut la peine d’être racontée que si elle est sublimée, comme le fait par exemple Sophie Calle dans Douleur exquise. Gabino Rodriguez, lui, nous lit des déclarations enflammées envoyées par courriel, exhibe de petits objets signifiants pour lui, mais malheureusement pas pour nous, diffuse des gros plans interminables du visage de sa bien-aimée et chante à tue-tête sur des chansons mexicaines. D’un côté, les lectures de courriel sont faites d’une voix étrangement détachée et à toute vitesse, comme s’il cherchait à évacuer toute forme d’émotion, de l’autre il se vautre dans les souvenirs. Une attitude paradoxale dont l’objectif est peu clair. S’agit-il d’ironiser sur l’autofiction? Si tel est le cas, le message ne passe assurément pas et seule demeure une persistante impression d’inconsistance.
The Greatest Cities in the World - Vancouver
vidéo
9, 10 et 11 juin à 19 h
Durée : 1 h 30 approx.
Cinquième Salle de la Place des Arts
En anglais
10 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Imprimer la critique
Wim Wenders nous a fait découvrir le paysage de Paris, Texas. Mais que sait-on de Paris, Tennessee ? Dans ce même état américain nichent aussi Rome, Moscou, Athènes – célèbre pour sa crème glacée – et Londres, petit grain de sable sur une route poussiéreuse de la Cherokee National Forest. Fascinés par la réalité des habitants de ces minuscules bourgades au nom usurpé, par leurs expériences bariolées, leurs errances, leurs rêves ardents ou étiolés, les têtes chercheuses du Theatre Replacement se sont immergées dans ce Sud mythique. Ils ont infiltré ses étendues arides, ses wafflehouses, ses snacks de routes secondaires, ses maisonnettes et motels climatisés, y colligeant une myriade d’entretiens pour composer le portrait d’un Tennessee insoupçonné, halluciné. Après avoir conquis le public du FTA l’an dernier avec les épatants Bioboxes et WeeTube, la compagnie vancouveroise poursuit sa démarche quasi ethnographique avec cette insolite nouvelle création interdisciplinaire. Sur scène, à travers la parole volée, dans un univers ahurissant où évoluent chevaliers et reines de carnaval, apparaît une Amérique pétrie de contradictions, où, le temps d’une danse baroque, s’unissent le terrible et le magnifique.
Un spectacle de Theatre Replacement
Production et mise en scène : Maiko Bae Yamamoto + James Long
Interprètes : Ruben Castelblanco + Nneka Croal + Susan Elliott + Young Hee Kim + Andrew Laurenson + Tanya Podlozniuk + Michael Rinaldi
Scénographie : Jesse Garlick
Composition et direction musicales : Veda Hille
Lumières : Jonathan Ryder
Costumes : Allison Wells
Coproduction Magnetic North Theatre Festival + Festival TransAmériques
Avec le soutien de Shadbolt Center for the Arts Présentation
En collaboration avec Place des Arts
Critique de Sarah Fauteux
Depuis plus d’une décennie, le Theatre Replacement de Vancouver s’active à explorer la forme théâtrale à travers le mélange des cultures et leur cohabitation dans un milieu social unique. Cette fois-ci, les deux initiateurs du projet, Maiko Bae Yamamoto et James Long, ainsi que certains des acteurs du spectacle, reviennent des villes de Paris, Londres, Athènes et Rome, au Tennessee, avec une série d’entrevues vidéo et audio effectuées avec des personnages locaux. Manifestement, ils rentrent également de ce périple avec une forte impression humaine des gens rencontrés et des souvenirs encore palpables. Dans The Greatest Cities in the World, on retrouve, en quelque sorte, un souvenir de voyage incarné.
Les acteurs proviennent tous de milieux sociaux et culturels différents et la confrontation qu’ils ressentent comme citoyen face aux idées rencontrées au Tennessee est évidente et riche. À travers leur volonté d’explorer les formes de la représentation ainsi que l’idée de la présence de l’acteur sur scène comme humain, la réalité et la fiction se mêlent de manière particulièrement intéressante. Mais ce mélange d’éléments finit par dissiper l’intérêt réel du spectacle. Comme spectateur, on saisit très bien le désir de communiquer un message social troublant tout en restant dans une démarche artistique, donc personnelle. En voulant expliquer cette démarche au cœur même de leur oeuvre, ils perdent la profondeur d’un aspect comme de l’autre.
Les témoignages précieux, choquants et surprenants qu’ils rapportent de ce milieu particulier et difficilement accessible sont souvent abordés au premier degré. Comme si, en tentant de nommer les clichés pour les transcender, ils n’arrivaient finalement qu’à les reconduire. Les acteurs prennent la parole dans des chorégraphies gestuelles qui parviennent parfois à créer un effet hypnotisant et qui captent notre intérêt, mais dont on échoue à saisir le sens réel. Il faut souligner le travail remarquable, fait autour de la scénographie et de l’univers visuel, particulièrement réussi du spectacle. Mais au bout du compte, on ne voit ni l’aboutissement de cet univers, ni le lien qui pourrait s’établir entre ce travail sur le corps, la scène et les rencontres faites au Tennessee.
Sonia - Riga
vidéo
9, 10 et 11 juin à 20 h
Durée : 1 h 40
En russe avec surtitres français et anglais
Maison Théâtre
10 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Imprimer la critique
Dans les années 1930, une femme solitaire et sans âge habite une modeste maison de Leningrad. Cette femme au coeur d’or et à l’âme d’enfant possède un sens inné de la beauté et un appétit démesuré pour la vie. Sonia coud avec soin, cuisine à la perfection, rêve avec démesure. Elle a tout pour être heureuse, sauf qu’elle est laide. Par pure méchanceté, des personnes de son entourage lui font croire qu’un certain Nicolaï se languit d’amour pour elle et lui adressent pendant de longues années des lettres enflammées. Sonia s’amourache de ce prétendant et connaît à travers le mensonge le plus grand bonheur de sa vie. Ce récit poignant tiré d’une nouvelle de l’auteure russe contemporaine Tatiana Tolstaia est brillamment raconté par Alvis Hermanis, l’inspiré metteur en scène de The Sound of Silence, coup de coeur au dernier FTA. Avec la complicité d’un duo d’acteurs masculins bouleversants, entre tragique et burlesque, hyperréalisme et poétique, pathétique et comique, férocité et délicatesse, Alvis Hermanis recrée ce drame intime empreint d’une immense compassion pour la nature humaine. Un moment théâtral inoubliable.
Un spectacle du Nouveau Théâtre de Riga
Texte : Tatiana Tolstaia
Mise en scène : Alvis Hermanis
Interprètes : Gundars Abolinš + Jevgenijs Isajevs
Scénographie et costumes : Kristine Jurjane
Environnement sonore : Andris Jarans
Lumières : Krišjanis Strazdits
Présentation Festival TransAmériques
En collaboration avec la Maison Théâtre
Critique d'Olivier Dumas
Après une présence remarquée l’année dernière au FTA avec The Sound of Silence, le Nouveau Théâtre de Riga récidive avec Sonia, un magnifique spectacle imprégné de sensibilité et de douleur.
À Leningrad, deux cambrioleurs au physique ingrat prennent possession d’un modeste appartement décoré à l’ancienne. À l’aide de quelques accessoires, leur allure lourdaude s’insère avec virtuosité dans la peau de différents personnages. L’un des deux devient Sonia, une femme solitaire et sans âge au cœur d’or qui possède un dévorant appétit de vivre qu’elle exprime par la couture et la confection de gâteaux. Or, elle est laide et son entourage la ridiculise en lui faisant croire qu’un certain Nicolaï est amoureux d’elle.
Le deuxième cambrioleur raconte cette tragique histoire humaine en devenant les hommes qui l’ont rejetée, métaphore de cette impitoyable société qui, par son manque de compassion, a entraîné l’existence de Sonia vers un désespoir abyssal.
Ce récit aux accents mélodramatiques est inspiré d’une nouvelle de l’auteure russe contemporaine Tatiana Tolstaia. Heureusement, le metteur en scène Alvis Hermanis a effectué une transposition scénique toute en finesse et une remarquable sobriété qui sert adéquatement le propos. C’est le désir de deux protagonistes de vivre dans un monde imaginaire pour s’extirper de la banalité de l’ordinaire qui a valu aux comédiens (Gundars Abolinš et Jevgenijs Isajevs) une longue ovation bien méritée lors des représentations à la Maison Théâtre. Pendant plus d’une heure trente, les deux clowns pathétiques, qui évoquent l’esprit de Beckett, passent avec sensibilité et humilité du comique à la tragédie, en nous parlant avec délicatesse de la vie, de l’amour et de la mort.
Le Nouveau Théâtre de Riga nous rappelle ainsi qu’il suffit d’un duo de comédiens intense, d’une histoire d’une simplicité désarmante et de l’intérieur modeste d’un appartement des années 30 pour émouvoir encore et encore le public. Dans la tête et le cœur de nombreux festivaliers, le mal de vivre de Sonia restera, sans aucun doute, inoubliable.
Tu vois ce que je veux dire?
28, 29, 30 mai,
4, 5, 6 juin
28 mai et 4 juin de 14 h à 18 h 45
29, 30 mai, 5 et 6 juin de 13 h à 18 h 45
durée : 2 h 30
En français, sur demande en anglais
Sur réservation seulement. Le spectateur marche 2h30 dans la ville les yeux bandés accompagné d’un guide. Votre réservation est un rendez-vous individuel avec votre guide. Aucun retardataire accepté.
Imprimer la critique
Un duo improbable sillonne les rues de Montréal. L’un des deux partenaires est le spectateur marcheur de Tu vois ce que je veux dire ? Il a les yeux bandés et son rapport au monde est bouleversé. Les odeurs et les bruits sont devenus plus présents. Sa perception de l’espace change. Un nouvel équilibre se crée. Au fil du temps, il accorde son pas à celui de son guide dont il ne connaît que la voix et le bras. Imaginé par les chorégraphes Martin Chaput et Martial Chazallon, ce parcours à l’aveugle pousse la recherche sur le corps en offrant au spectateur la possibilité de plonger dans l’univers des sens pour interroger son lien à l’environnement et à l’autre. Une oeuvre où la danse se présente de manière inattendue. Un voyage fait d’émotions, de sensations, de rencontres, de découvertes et de surprises.
Consignes :
1. Spectateurs âgés de 16 ans et plus, en condition physique pour réaliser une marche de 2h30, qui comprend des pauses mais également des montées d'escaliers.
2. Visite individuelle : les spectateurs ne peuvent pas être accompagnés d'enfants ou de bébés.
3. Tenue vestimentaire adéquate à prévoir :
- pas de sacs, de casques de motos ou de vélos
- prévoir parapluie et/ou tenue de pluie en cas de pluie.
Lieu de rendez-vous et de départ :
The Long Haul/ Le Corrid’art
450 Beaumont, 2e étage
À proximité du métro Parc et du métro Acadie
Lieu d'arrivée à proximité des transports en commun
Table ronde avec Martin Chaput, Martial Chazallon, Martin Hurtubise, Katya Montaignac au QG, 175, ave. Président-Kennedy, 1er juin, 17h
Un spectacle de Projet in situ
Direction artistique et chorégraphie Martin Chaput et Martial Chazallon
Avec Claire Bartoli, Michèle Febvre, Nicolas Filion, Séverine Lombardo, Katya Montaignac, Ken Roy, Daniel Soulières
Avec le soutien du Service culturel du Consulat général de France à Québec + Culturesfrance + Ville de Lyon – Direction des Affaires internationales
En collaboration avec Danse-cité + Arrondissement de Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension + Programme Hors les murs de la Maison de la culture
Critique de David Lefebvre
Fermez les yeux, et déambulez dans la ville comme si elle ne vous appartenait plus. Comme si votre corps devenait anonyme, dans un quartier que vous ne connaissez plus. Tous les sons s’amplifient, se magnifient ; les sensations deviennent étranges, le vent est doux, les odeurs sont omniprésentes, les gestes banals deviennent extraordinaires.
La compagnie lyonnaise Projet In Situ, de Martin Chaput et Martial Chazallon, s’installe dans les quartiers Parc-Extension et Villeray pour faire expérimenter le quotidien autrement aux festivaliers. Tu vois ce que je veux dire est une création qui se base sur une recherche exhaustive sur le corps, dans l’espace public et urbain, sur sa mémoire intime et collective.
Tout d’abord, on bande les yeux du participant, et on l’amène vers son guide. Il ne connaîtra que sa voix et son bras durant le parcours d’un peu moins de trois heures. Chaque itinéraire est différent, aucun spectateur-acteur ne prend les mêmes rues, ou ne rencontre les mêmes personnes. Le guide s’assure de mettre en confiance le participant, il peut alors se laisser totalement aller. Pour que celui-ci entre dans son propre univers, pour que son imagination s’anime, le guide n’a ni le loisir de décrire les lieux, ni la possibilité de dire où on est. Autant l’expérience de se retrouver « seul » nous permet d’écouter et de ressentir à fond ce qui nous entoure, autant on aimerait que notre guide devienne nos yeux, et nous fasse voir à sa manière ce quartier mille fois arpenté.
Mon trajet personnel m’a amené dans un restaurant, où j’ai bu un verre d’eau, assis au comptoir. Puis chez un homme qui m’a décrit sa passion pour le canoë-camping. Puis encore dans un lieu où une personne non voyante m’a fait découvrir son univers rock n’ roll par le toucher, me demandant de décrire les matériaux des murs, la texture, imaginant ce que ça pouvait être, puis de tester le son de l’endroit, en criant. J’ai délaissé un moment le bras de ma très charmante guide dans un parc, où je sentais l’herbe sous mes pieds. Mais c’est lors du dernier exercice, dans un lieu inconnu et silencieux, qu’on entre véritablement dans la recherche de la compagnie. Laissé au soin d’un autre guide totalement muet, on se permet soudain de courir, de marcher selon un certain rythme, et même de danser ; le corps de l’autre s’adapte, nous suit ou nous guide. Nous expérimentons plusieurs situations qui s’apparentent à une chorégraphie improvisée ; d’autres personnes courent autour de nous, frappent par terre, s’approchent et nous font entendre leur respiration. Si déambuler dans la ville est une aventure fantastique de découvertes et de sensations renouvelées, où on négocie chaque pas, où on a la possibilité de visiter plusieurs lieux très différents, cette dernière partie est d’une sensualité accentuée, vivifiante, exaltante. Quelle liberté de courir sans crainte, aveugle !
Après un debriefing de quelques minutes, on retire doucement le masque et on revient à notre réalité. Et nous ne sommes plus tout à fait les mêmes personnes. Tu vois ce que je veux dire… ?
Danse - Musique (pour plus de détails sur les spectacles de danse - musique, consultez le www.fta.qc.ca)
Chutes incandescentes - Montréal
Vidéo
29, 30 et 31 mai à 21 h
ANNULATION :
Chutes incandescentes - cause : Clara Furey s'est malencontreusement blessée aux côtes et ne pourra performer.
Le Festival offre aux détenteurs de billets pour ce spectacle de les échanger pour assister soit à Nearly 902 soit Miroku ou de se faire rembourser.
Durée : 1 h approx.
Agora de la danse
Interprétation et musique Clara Furey
Chorégraphie et mise en scène Benoît Lachambre
Texte : Clara Furey, Benoît Lachambre, Jelaluddin Rûmi
30 mai, rencontre avec les artistes après la représentation
More More More... Future - Kisangani (Congo)
vidéo
1er, 2 et 3 juin à 21 h
Durée : 1 h 20
Usine C, sièges réservés
Studios Kabako
2 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
«Créer en Afrique aujourd'hui» rencontrez Faustin Linyekula et Salia Sanou (fr) 17h au QG,
175, ave. Président-Kennedy
compte rendu de David Lefebvre
More More More... Future est un spectacle incandescent, qui brûle comme les braises d'un passé de ruines fumantes et ranimées par un espoir naissant et nécessaire. Mais le spectacle congolais a une qualité singulière : il propose, par trois voix différentes, le meilleur de l'Afrique d'aujourd'hui. Que ce soit par le mouvement et la danse, grâce au chorégraphe et concepteur Faustin Linyekula, de la musique du guitariste hors pair Flamme Kapaya et des mots du génial poète Antoine Vumilia Muhindo, ami d'enfance de Faustin, More More More... Future est l'anti-punk africain, c'est le renouveau, c'est l'explosion, car «demain on ne sait pas».
La musique de Flamme Kapaya, accompagné de Patou «Tempête» Kayembe, Le Coq, Rémi Bassinta Nightness et Pasnas, crache son rock, comme un mur sonore vibrant et galvanisant, ou ensorcelle le corps par des rythmes traditionnels presque aériens, dansants. Linyekula et les danseurs qui performent à ses côtés (Dinozord et Papy Ebotani), bougent , tout d'abord pris dans un costume bouffant. C'est lorsqu'ils se défont de cette carapace et qu'on assiste aux mouvements incroyables de leurs corps agile et souple, aux muscles saillants, que le spectacle prend tout son sens et captive autant les oreilles que les yeux. Les mots de Vumilia Muhindo, qu'ils soient chantés, criés ou dits, sont tout aussi percutants et mordants, enragés en engagés, noirs et éblouissants.
Malgré quelques longueurs, par l'absence d'une trame narrative conventionnelle, ou de longs moments dans une pénombre assumée, et une finale qui détonne, More More More... Future est un spectacle enragé, aux multiples découvertes.
Danse (pour plus de détails sur les spectacles de danse, consultez le www.fta.qc.ca)
Nearly 902 - New York
vidéo
27 et 28 mai à 20 h
Durée : 1 h 30
Théâtre Maisonneuve, sièges réservés
Chorégraphie : Merce Cunningham
Rencontrez Merce Cunningham le 28 mai (fr-ang) 13h au QG
175, ave. Président-Kennedy
Rencontrez les artistes après la représentation, 28 mai
Onde de choc - Montréal
vidéo
28 et 29 mai à 20 h
30 mai à 16 h
Durée : 1 h
Sièges réservés
Usine C
Rencontrez Ginette Laurin le samedi 29 mai à 14h au QG
175, ave. Président-Kennedy
29 mai, rencontrez les artistes après la représentation
Un spectacle de O Vertigo
Chorégraphie : Ginette Laurin
Portrait - Toronto
vidéo
31 mai, 1er et 2 juin à 19 h
Durée : 1 h
Espace Libre
1er juin, rencontrez les artistes après la représentation
Un spectacle de The Dietrich Group
Chorégraphie : D.A. Hoskins
Tout se pète la gueule, chérie - Montréal
vidéo
2, 3 et 4 juin à 20 h
Durée : 1 h 30 approx.
Cinquième Salle de la Place des Arts
3 juin, rencontrez les artistes après la représentation
Un spectacle de Grouped’ArtGravelArtGroup
Concept et direction : Frédérick Gravel
Création et interprétation : Stéphane Boucher, Nicolas Cantin, Frédérick Gravel, Dave St-Pierre
Le très grand continental - Montréal
vidéo
3, 4 et 5 juin à 21 h
le 6 juin à 18 h
Durée : 30 min.
Place Émilie-Gamelin, gratuit
Un spectacle de Sylvain Émard Danse
Poussières de sang - Ouagadougou
vidéo
5, 6 et 7 juin à 20 h
Durée : 1 h 10
Sièges réservés
Usine C
«Créer en Afrique aujourd'hui» rencontrez Faustin Linyekula et Salia Sanou (fr) 17h au QG,
175, ave. Président-Kennedy
6 juin, rencontrez les artistes après la représentation
Un spectacle de la Compagnie Salia nï Seydou
Chorégraphie : Seydou Boro + Salia Sanou
Golpe - Montréal
vidéo
7, 8 et 9 juin à 20 h
Durée : 1 h 30 approx.
Agora de la danse
8 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Un spectacle de Tusketdance
From Me I Can't Escape, Have Patience! - Lisbonne
vidéo
8, 9 et 10 juin à 19h
Durée : 45 min.
Théâtre Prospero
9 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Un spectacle de Bomba Suicida
Chorégraphie et musique Tânia Carvalho
Children
A Few Minutes of Lock - Montréal
vidéo
9, 10 et 11 juin à 20 h
Durée : 1 h 15
Sièges réservés
Usine C
10 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Un spectacle de Fou glorieux – Louise Lecavalier
CHILDREN
Chorégraphie : Nigel Charnock
Interprètes : Patrick Lamothe + Louise Lecavalier
A FEW MINUTES OF LOCK
Chorégraphie : Édouard Lock
Recréation des danses : France Bruyère + Louise Lecavalier
Interprètes : Elijah Brown + Louise Lecavalier avec la participation de Patrick Lamothe
Miroku - Japon
vidéo
11 et 12 juin à 20 h
Durée : 1 h
Théâtre-Maisonneuve
Sièges réservés
11 juin, rencontre avec les artistes après la représentation
Un spectacle de Karas + New National Theatre Tokyo
Chorégraphie, interprétation, scénographie, lumière et costumes : Saburo Teshigawara
Activité spéciale - lecture (pour plus de détails, consultez le www.fta.qc.ca)
Une journée pour Haïti
12 juin
Amour à 14 h, durée : 1 h
Colère à 16 h 30, durée : 1 h
Folie à 19 h 30,
durée : 45 min.
Usine C
20$ par lecture.
Cinq mois jour pour jour après le terrible séisme qui a frappé le pays tout entier, une invitation à venir écouter Amour, colère et folie, le plus célèbre roman de l’écrivaine haïtienne Marie Vieux- Chauvet, adapté pour la scène par le dramaturge José Pliya. Cette trilogie baroque et puissante publiée en 1968 suscita la fureur de François Duvalier, le despote qui régnait alors sur Haïti. Trois monologues mettant en présence trois figures féminines singulières et entières, des femmes résolues dans la révolte malgré les tourments et les contradictions du passé, malgré l’injuste violence du présent. Marie Vieux-Chauvet a su saisir l’âme de son peuple ; trois actrices d’exception, Magali Comeau-Denis, venue expressément de Port-au-Prince, Christiane Pasquier et Pol Pelletier nous en livrent de grands pans avec chaleur et passion.
Mise en lecture : Martin Faucher, Brigitte Haentjens, Denis Marleau
Toutes les sommes recueillies lors de cette journée, incluant les frais de service du réseau Admission, seront versées au Centre d’étude et de coopération internationale (CECI). Tous les artistes associés à ce projet offrent leur collaboration à titre gracieux.