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Théâtre La Chapelle , 27, 28, 29, 30 mai : 19h

7 Important Things
Sto Union (Ottawa)
Durée: 60 minutes

En altermondialistes de la scène, Nadia Ross et Acheson réaffirment la force de la parole et redonnent au théâtre le pouvoir d’élucidation qu’il ne devrait jamais cesser d’avoir. Après Recent Experiences et Revolutions in Therapy, remarqués au FTA, STO Union revient avec un nouveau spectacle-installation qui détourne avec malice les codes de l’entretien public et de la conférence.

Adolescent, George Acheson a été foutu à la porte de la maison familiale parce qu’il refusait de se couper les cheveux. Depuis, il est allé à Woodstock, à Berkeley, il a manifesté contre la guerre du Viêt-nam, a adhéré à tous les mouvements de la contre-culture. Aujourd’hui barbier dans un petit village du Québec, il continue à croire en des lendemains qui chantent, mais s’interroge sur les pouvoirs de David face à tous les Goliath de ce monde. La pièce 7 Important Things transforme la vie de cet homme en métaphore vibrante et éclairante de nos illusions vacillantes et des dangers de la résignation. (S.L.)

Texte, mise en scène et interprétation : Nadia Ross et George Acheson
Directeur du Wakefield Art Collective (W.A.C.) et collaborateur : Rob Scott
Scénographie : Barry Padolsky
Lumières : Steve Lucas
Vidéo : W.A.C.
Régisseur : Richard Desrochers
Masque : Rick Ritza
Costumes : Andy Tait
Direction de tournée : Sarah Rogers
Agent de tournée : Menno Plukker
Theatre Agent Inc.

Production : STO UNION (Ottawa)
Coproduction : THE NAC ENGLISH THEATRE (Ottawa)
En association avec le WAC (Wakefield Art Collective)

Adultes : 32,00 $
25 et moins / 65 ans et plus : 22,00

Crédit photos: Andrée Lanthier & Eric Fruhauf

 

7 Important Things
Import / Export
Iwanow
La Marea
L'invisible
Mady-Baby.edu
Oxygène
Petits fantômes mélancoliques
Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

Seagull Play (La Mouette)





Source : www.fta.qc.ca

par David Lefebvre

N'ayant assisté à aucun des deux premiers spectacles du triptyque de Nadia Ross, soit Recent Experiences et Revolutions in Therapy, il m'est impossible de parler de son travail passé ou de l'évolution de celui-ci. Concentrons-nous donc sur ce projet, comme objet unique.

Intitulé 7 Important Things, le spectacle d'une soixantaine de minutes met en scène la vie réelle de George, qui a été mis à la porte du domicile familial parce qu'il ne voulait pas se couper les cheveux, sorte de geste rebelle contre son paternel. Il était contre sa façon de pensée (dont sur la Grande Guerre, que l'homme désignait comme une bonne guerre), et ce refus le suivra toute sa vie durant, et sournoisement façonnera son existence. En quittant la maison pour ne pas se conformer à l'autorité, il s'apercevra qu'il est loin de la libération qu'il cherchait ; il tombera plutôt tête première dans une manigance trompeuse, une roue qui tourne sur elle-même sans cesse, qui, ironiquement, le mènera vers un emploi inattendu : barbier. Comme s'il devait se rattraper sur les autres, en leur coupant la chevelure, pour se pardonner à lui-même, et reprendre indirectement contact avec ce père qui a demandé pardon une seule fois dans sa vie, soit sur son lit de mort.

Le travail de Nadia Ross est singulier. Elle manipule et métaphorise l'histoire de George Acheson pour aborder les thèmes de la relation père-fils, de la montée du capitaliste mercantile au profit du communisme et du socialisme humain, du mouvement hippie, de la conscience sociale, de la foi, de l'anarchie, de la recherche du sens de la vie, puis du vide jusqu'à la chute interminable dans la drogue. Soul destroying, dira-t-elle à un moment, alors que George s'ennuie à mourir dans un bureau, en attendant le week-end. De son côté, Nadia Ross interprète quelques personnages, dont une intervieweuse, qui fait parler George sur des sujets généraux, dont le marketing, le temps qui passe et les fameuses sept choses importantes de la vie ; elle jouera aussi les rôles d’une jeune fille de sept ans, puis celle-ci à 18, ou encore le père de George, grâce à sa voix distordue au travers de son microphone. La pièce reste continuellement sur le ton de la confession, presque thérapeutique ou psychanalytique. On plonge dans une forme de théâtre comme on en voit peu, qui déconcerte. Un théâtre d'authenticité, intellectuel, mais duquel se dégage rarement d'émotion. Et c'est probablement là que le bât blesse : on voit quelques photos de l'homme quand il était plus jeune, on entend son père jouer de l'accordéon, on assiste à certains moments de sa vie personnelle, pourtant peu de choses viennent nous toucher, nous happer. Cette histoire, aussi vraie soit-elle, est vue et revue. Le spectacle se veut une expérience différente, mais on ne peut échapper à sa nature lourde, déprimante, une lente discussion sur des idées qui sont, à la fin, d’un intérêt partagé, mitigé.  Au niveau de la mise en scène, ils n'utilisent que peu d’effets et d'accessoires, qui se résument en deux chaises sur roulettes, une petite table, un magnétophone, un projecteur, une tête blanche et creuse (sorte de masque complet), un micro et un long rouleau de toile blanche qu'ils déroulent selon leur besoin.

Même si les 7 Important Things sont, selon George, la bravoure, l’humilité, la vérité, la sagesse, l’honnêteté, le respect et l’amour, la pièce, au style particulier, déstructuré, fait réfléchir sur notre propre existence, sur notre confort personnel, sur la façon si facile de détruire les choses – si on se donne la peine de faire l’exercice. Comment quantifier ou qualifier une belle vie? Comment peut-on réellement juger de notre sort, de notre rang dans la société? Sommes-nous ici pour accomplir quelque chose de précis? Est-ce que nos rêves ne sont pas plutôt des chimères que l’on tente de réaliser pour rien? Et si ce petit quelque chose qui semble toujours nous manquer n’est qu’un trou dans notre âme que l’on ne pourra jamais boucher ?

27-05-2008

 


 

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