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Théâtre Prospero, 22, 23, 24 mai : 20h, 25 mai : 15h

mady-baby.edu
Teatrul Foarte Mic (Bucarest)
Durée: 105 minutes

Imaginez une pièce qui affronte crûment les questions de la prostitution, du cul-de-sac dans lequel se retrouve la jeunesse roumaine, du miroir aux alouettes que représentent pour elle la société occidentale et ses succès faciles, tout cela sous un mode grinçant, et vous obtenez mady-baby.edu.

Le miracle est possible grâce au regard acéré de cette jeune artiste qu’est Gianina Carbunariu, capable de jongler avec les sujets les plus graves, de créer avec trois chaises et une caméra des scènes tantôt burlesques et tantôt glauques. Avec l’apport de comédiens lestes et visiblement concernés par ces thèmes, elle signe un brûlot qui puise à même le réel, mais pour mieux transcender la part documentaire et faire triompher l’invention scénique. Des destins tragiques y sont dépeints, mais toujours le spectacle conserve une légèreté, jamais insouciante ou désinvolte, qui parfois fait sourire, mais ne manque pas aussi d’engendrer quelques crispations. L’œuvre lucide et enjouée de Gianina Carbunariu est de celles qui ouvrent les yeux, qui empoignent et qui sonnent. (S.L.)

En roumain avec surtitres français et anglais.

Texte et mise en scène : Gianina Cărbunariu
Avec : Mădălina Ghiţescu, Răzvan Oprea, Rolando Matsangos
Scénographie : Alina Herescu
Projections vidéo : Maria Drăghici, Tudor Petre
Chorégraphie : Carmen Coţofană

Production : Teatrul Foarte Mic (Bucarest)

Adultes : 32,00 $
25 et moins / 65 ans et plus : 22,00 $

Crédit photos: Tudor Predescu & Dan Bobe

 

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par Aurélie Olivier

Dans l’avion, Madalina est surexcitée : elle s’en va rejoindre son amoureux, Voicu, en Irlande. Il est Roumain comme elle, mais a émigré là-bas il y a quelques années. Grâce à lui, elle va devenir danseuse. Il lui a même trouvé un nom de scène : Mady-baby. C’est plus vendeur que Madalina. Bon, bien sûr, trouver des contrats de danse, ce n’est pas facile. Alors elle va commencer par vendre des kebabs. Bon, bien sûr, vendre des kebabs ça ne rapporte pas grand-chose. Vendre son corps, c’est plus payant. Au début, ça ne la tentait pas, Madalina, mais Voicu lui a expliqué les choses bien clairement de la pointe de son couteau et, depuis, Madalina a compris que c’était comme ça, et qu’il ne servait à rien de se plaindre.

Créée en 2004 à Bucarest, la pièce de Gianina Carbunariu, mady-baby.edu, dépeint le désir d’ailleurs qui a envahi la jeunesse roumaine après la chute du mur de Berlin et l’exécution de Ceausescu, et les désillusions qui ont suivi.

De son écriture vive qui mêle humour et cruauté, l’auteure et metteure en scène n’hésite pas à aborder des réalités plutôt sordides, qu’elle porte à la scène par l’intermédiaire de trois comédiens talentueux. Avec quelques blocs de métal, elle crée astucieusement différents décors, sur lesquels sont diffusées des vidéos dont le choix laisse parfois perplexe. Les dialogues sont vifs (le sous-titrage, constamment décalé l’est nettement moins), les situations réalistes, les costumes bien choisis, les rapports de force entre les personnages bien rendus. Le plus intéressant est le point de vue sur la façon dont on se recrée une identité lorsque l’on est en exil. Les trois personnages ont beau avoir des relations fondées sur la manipulation, le contrôle, la menace, ils n’en restent pas moins liés par des racines communes. Ils forment ainsi une sorte de famille qui leur permet de faire face à cet immense inconnu dans lequel ils sont plongés.

Le spectacle est tout de même un peu décevant, de par la constante impression de « déjà-vu » qui s’en dégage. Cette histoire-là, aussi tragique soit-elle, on la connaît, car elle nous a maintes fois été racontée. On aurait apprécié un angle différent ou un traitement particulier, attentes qui ne seront malheureusement jamais comblées. Il nous reste alors à replacer la pièce dans son contexte : celui d’un théâtre longtemps contrôlé par l’État, qui ne pouvait s’exprimer que par allusions, et qui a dû réapprendre à dépeindre la réalité aussi crûment qu’elle le nécessite parfois. De ce point de vue là, Gianina Carbunariu mérite sans doute une place de choix dans le théâtre roumain.

24-05-2008

 




Source : www.fta.qc.ca


 

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