Retour à la page À l'affiche
Section théâtres Archives des pièces Les coulisses - reportages, entrevues... Liens utiles À propos de MonTheatre.qc.ca.. Contactez-nous Section Montréal
 

 

 

Usine C, 28, 29, 30, 31 mai : 20h

Seagull-Play (La Mouette)
Enrique Diaz (Rio de Janeiro)
Durée: 100 minutes

Laissons de côté les clichés habituellement associés à Tchekhov, trop souvent transformé en saule pleureur. Oublions les forêts de bouleaux, les robes blanches et les ombrelles. Cette Mouette est à la fois une répétition et une prise de possession du matériau Tchekhov, où les acteurs et recréateurs de l’œuvre jouent la pièce et se jouent d’elle.

« Ce sera ici? Ici, dans cet espace vide. – Mais il n’y a rien ici! – Il y a tout. » Oui, dans cet espace vide, il y a tout : La Mouette et un commentaire sur La Mouette. « Seagull-Play, dit le metteur en scène brésilien Enrique Diaz, utilise l’espace comme une tabula rasa pour parler d’art, d’amour, de théâtre, où les acteurs et les personnages échangent leurs places jusqu’au paroxysme. » Cette adaptation d’une insolente liberté fait entendre l’œuvre archiconnue de Tchekhov en la délestant du poids de la tradition pour en retrouver le cœur vibrant : des êtres porteurs d’un rêve qui ne se réalise pas, des artistes multipliant les essais en espérance d’éternité. (S.L.)

En portuguais avec surtitres français et anglais.

D’après Anton Tchekhov (texte adapté par les comédiens et le metteur en scène)
Mise en scène : Enrique Diaz
Avec : Emílio de Mello, Enrique Diaz, Thierry Trémouroux, Alessandra Negrini, Felipe Rocha, Lorena da Silva, Isabel Teixeira
Scénographie : Afonso Tostes
Lumières : Maneco Quinderé
Costumes : Cello Silva
Musique : Lucas Marcier, Rodrigo Marçal (Arp.x Studio)
Direction du mouvement : Cristina Moura
Vidéo : Daniela Fortes, Enrique Diaz

Projet de Emílio de Mello, Enrique Diaz & Mariana Lima
Production Emílio de Mello, Enrique Diaz
Diffusion Made In Productions

Coproduction Temps d’images 2007 / La Ferme du Buisson, Scène Nationale de Marne-La-Vallée avec l’appui de Correios, Eletrobrás, Funarte/Petrobras, ONDA

En collaboration avec Le Carrefour International de Théâtre de Québec

Adultes : 38,00 $
25 et moins / 65 ans et plus : 28,00 $

Crédit photos: Roberto Setton & Paulo Lacerda

 

7 Important Things
Import / Export
Iwanow
La Marea
L'invisible
Mady-Baby.edu
Oxygène
Petits fantômes mélancoliques
Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

Seagull Play (La Mouette)





Source : www.fta.qc.ca

par David Lefebvre

C'est une mouette?
Non ce n'est pas tout à fait ça.

C'est encore abasourdi, sous le choc et charmé que j'écris ces quelques lignes, qui ne pourront malheureusement pas rendre justice ni décrire complètement le spectacle auquel j'ai pu assister, le 28 mai au soir, à l'Usine C. Mais lançons-nous, puisqu'il faut écrire, malgré le peu de temps alloué et le très peu de recul que j'ai.

Après un travail entamé avec Ensaio Hamlet (Répétition Hamlet), le metteur en scène brésilien Enrique Diaz nous revient avec une adaptation - non ce n'est pas ça - un hommage? - non plus - ...  une création exubérante, une claque théâtrale vigoureuse et intense, inspirée de La Mouette de Tchekhov. Le créateur-acteur fait table rase pour nous offrir une réflexion sur l'art, l'amour, l'échec, mais surtout sur le théâtre. L'homme utilise habilement la mise en abîme déjà présente dans le texte de l'auteur russe pour nous plonger dans un univers théâtral excessif, expérimental, franchement audacieux. En entrant dans la salle, nous avons l'impression d'assister à une répétition publique. La sensation ne s'estompera pas si facilement - dû probablement à l'origine du travail, soit des ateliers d'improvisation et de la forme «écriture de plateau». Les comédiens attendent, debout, assis, puis c'est l'envolée. Vertigineux, ils s'échangent les rôles, reprennent leur place d'acteurs et parlent librement de leurs personnages, commentent, s'adressant autant au public qu'à leurs collègues. La scène devient un véritable espace d'exploration, où le jeu dupe et le double est roi, où le corps de l'acteur est tout autant le messager que le message, le miroir entre le concret et autre chose. On triture le texte, on le fouille de nos yeux contemporains, on l'adapte, on l'explore, on s'y plonge pour mieux le respirer, le ressentir aujourd'hui, le vivre! Certains discours originaux sont encore présents dans Seagull-Play, mais on a coupé ici, on verse là dans un monde moins réaliste, plus violent, éclaté. C'est une recherche très élaborée de la forme de l'art du jeu. Diaz et son équipe détruisent les clichés associés à ce bon vieil Anton, remplaçant les arbres par quelques plantes en pot, un lac par une tache de café sur le sol, une mouette par... un chou-fleur, entre autres. Un séchoir à cheveux tient lieu de revolver, et un casque de cosmonaute, rapporté de Moscou, est le dernier clin d'œil absurde à Techkhov. La scénographie, espace blanc (mur et plancher), ouvre la porte toute grande à la création. On y diffuse même quelques «vidéo-art», les présentant au travail, dans un jardin, ou dans la maison où ils ont répété le spectacle.

La pièce se joue en trois langages distincts : français, que la plupart des comédiens parlent bien, anglais (pour quelques tournures comiques ou tragiques) et portugais. Pour nous aider, des sous-titres défilent sur deux panneaux hauts perchés. La trame sonore est sans faille, magnifique, utilisant autant les cordes des violons et violoncelles que les rythmes électro.

Assurément multidimensionnel, ce spectacle étrange et intense renouvelle notre regard sur ce classique, qui se moque de l'avant-gardisme tout en s'en inspirant, qui se joue de la Mouette tout en la jouant…

28-05-2008


 

Pour voir l'image de fond en entier, cliquez ici