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Théâtre Prospero, 29, 30, 31 mai : 19h, 1er juin : 15h

Petits fantômes mélancoliques
Louise Bombardier (Montréal)
Durée: 65 minutes

Les « petits fantômes mélancoliques », ce sont les enfants autistes, qui jamais peut-être ne communiqueront comme nous le faisons et dont l’univers nous semble inaccessible. Avec chaleur et compassion, l’auteure et comédienne Louise Bombardier s’insinue dans leur espace mental et leur crée un imaginaire porteur de poésie.

« J’ai voulu inviter ces petits dans une aire de jeu où la tendresse et l’humour permettent de parler des pires choses avec le sourire serein du survivant. » Oniriques et puissamment évocateurs, les 21 tableaux de cette suite nocturne constituent un univers théâtral oblique et décalé où les mondes intérieurs prennent forme et solidité. Avec les danseurs Louise Bédard et Paul-Antoine Taillefer, qui incarnent ces fantômes surgis de l’enfance crépusculaire et les présences prégnantes qui peuplent leurs rêveries, Louise Bombardier chuchote, au plus près de la blessure, les mots et les gestes du silence autiste. Avec infiniment de pudeur et de fantaisie. (S.L. et M.C.)

Idée originale, texte et conception du spectacle : Louise Bombardier
En collaboration avec les interprètes et autres concepteurs

Interprètes : Louise Bédard, Louise Bombardier, Paul-Antoine Taillefer

Conseiller à l’interprétation : Gervais Gaudreault
Conseiller à la mise en espace : Claude Poissant
Chorégraphie : Louise Bédard
Musique : Hélène Bombardier
Direction artistique, costumes, maquillages : Angelo Barsetti
Lumières : Etienne Boucher
Assistant à la mise en scène et régisseur : Dominique Cuerrier
Production : Festival international de littérature (FIL)

Adultes : 32,00 $
25 et moins / 65 ans et plus : 22,00 $

Crédit photos: Pierre Crépô

 

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Source : www.fta.qc.ca

par David Lefebvre

Quand le silence fait naître des mots spectres, des tristesses solitaires, quand le spleen nous isole de soi-même et nous rend trop vulnérables, quand l'état cathartique dévoile en nous de petits fantômes mélancoliques, on ne peut que créer dans une poésie tendre et impressionniste. Publiés chez Les 400 Coups puis lus pour la première fois devant public lors du FIL (Festival international de la littérature) en 2007, Louise Bombardier nous présente finalement, sur scène, ses contes-portraits, autistes, blessés, doucement baignés dans un univers malade, en deuil.

Lors des vingt et un tableaux proposés, nous faisons la rencontre d'enfants et de gens, victimes d’abus, en carence, qui, d'ordinaire, n'ont pas la chance de prendre la parole. Nous entrons dans leur monde à la fois ludique, tendre, imaginaire, violent, mais aussi très érotique. Il y a la dormeuse du Val, née dans la mauvaise situation, Hélène au corps de marbre, Liliane qui se tient toujours derrière son père, les seins nus, Mathilde qui collectionne les papillons et qui clame son droit d'exister, Hans, à la nature catastrophique, au nez toujours fourré dans le tapis à lire et relire et qui voit sa soeur Athéna partir pour l’Australie. Et Violette, entretenue et violée par son cousin, et Christine, vendeuse de lingerie et souple comme son chat, et Sophie qui jamais ne plie, et Jacynthe qui se fait toucher par son professeur de musique, et Justine et son bébé lynx, et... et... et...

Louise Bombardier joue et narre, de sa voix douce et grave, ses contes, entourée de deux danseurs émérites qui donnent vie et texture à ses mots. Louise Bédard et Paul-Antoine Taillefer, de leur présence, réagissent aux textes de Mme Bombardier et personnifient les enfants, les animaux ou leurs bourreaux. Émanent alors de leurs corps et de leurs gestes ces petits êtres bouillants, pétrifiés, meurtris, abandonnés, qui ne demandent qu'à se faire entendre, qu'à capter un regard bienveillant. La poésie du désarroi imprègne totalement la pièce, de l'étude du mouvement jusque dans la parole de l'auteure, en passant par les éclairages et la scénographie, composée essentiellement d'une quinzaine de lampes allumées, diffusant une chaleureuse lumière orangée, d’un fauteuil renversé et d’une porte, ouverture de l'inconscience.
On ressent aussi l'influence du peintre Balthus, tout autant dans les récits que dans la direction d'acteurs. Il suffit de voir ou de revoir quelques-unes de ses toiles pour y voir une forte source d’inspiration. Par exemple, La leçon de guitare s'apparente directement à l'histoire de Jacynthe, ou encore Therese (qui se rapporte à Christine) ou The Golden Days (à Colette)...

«L'extérieur et l'intérieur sont des mondes fabuleux, mais immensément séparés», dit l'un des personnages, au tout début du spectacle. Vingt et un petits mondes de souffrance repliés sur eux-mêmes, mais tout aussi romantiques qu’attendrissants, teintés d'humour et de fantaisie.

29-05-2008

À lire, Petits fantômes mélancoliques - contes autistes, de Louise Bombardier, brillamment illustré par Gérard DuBois, au 400 Coups.


 

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