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Usine C, 2, 3, 4, 5 juin : 20h

L'Invisible
Infrarouge (Montréal)
Durée: 90 minutes

La ville de Berlin, les ectoplasmes, ces émanations visibles du corps des médiums, et le canular littéraire autour de J T Leroy, cet écrivain inventé par une femme qui cherchait le moyen d’être publiée, fournissent à Marie Brassard le matériau métaphorique idéal à une réflexion sur l’art et la création, sur la frontière poreuse entre la créatrice et sa créature.

Depuis l’époque où elle travaillait avec Robert Lepage à la création du Polygraphe, Marie Brassard multiplie les séjours à Berlin. Ville cerveau avec ses deux hémisphères apparemment réunis, Berlin est au cœur de L’Invisible. La nouvelle création de Marie Brassard, après Jimmy, créature de rêve, La Noirceur et Peepshow, toutes trois créées au FTA, est une exploration scénique du double et de l’altérité, une tentative d’apprivoisement de ces formes mystérieuses et insaisissables qui jaillissent de nous. En collaboration avec l’artiste finlandais Mikko Hynninen et le compositeur et concepteur sonore Alexander MacSween, cette artiste à la fois singulière et plurielle qu’est Marie Brassard s’emploie à matérialiser les esprits et les corps qui l’habitent, à faire résonner leurs voix spectrales, à rendre visible l’invisible. (S.L.)

Texte, mise en scène et interprétation : Marie Brassard
Composition musique et son
- partie 1 : Alexander MacSween Installation son et lumière
- partie 2 : Mikko Hynninen
Scénographie : Simon Guilbault
Direction technique : Richard Desrochers

Production : Infrarouge (Montréal)
Coproduction : Festival TransAmériques, La Bâtie - Festival de Genève, PuSh International Performing Arts Festival (Vancouver), Wiener Festwochen (Vienne), Théatre Français du Centre National des Arts (Ottawa).

Ce spectacle a bénéficié d’une résidence de création à l’Usine C

Adultes : 38,00 $
25 et moins / 65 ans et plus : 28,00 $

 

7 Important Things
Import / Export
Iwanow
La Marea
L'invisible
Mady-Baby.edu
Oxygène
Petits fantômes mélancoliques
Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

Seagull Play (La Mouette)





Source : www.fta.qc.ca

par David Lefebvre

Le tout nouveau spectacle, très attendu, de la comédienne et conceptrice Marie Brassard a été présenté en primeur lors de cette deuxième édition du FTA. Après Jimmy, La noirceur et Peep show, Marie Brassard nous offre un spectacle beaucoup plus abstrait, sombre, et chaotique que les autres.

Sans personnage principal défini, sauf peut-être cette femme que l’on devine en dialogue avec un esprit, Brassard navigue dans un univers bien à elle, dans un décor dépouillé et technologique. Microphones, projecteurs et banderole confectionnée dans un matériel rappelant l’aluminium composent l’ensemble de la scénographie. Celle-ci, par certains astuces, semble être «vivante», sans pour autant être véritablement organique : il y a souvent un mouvement perceptible, comme par exemple, quelques projecteurs qui bougent et cherchent ou un pied de micro qui tombe et produit un fracas du tonnerre.

Une jeune femme entre en scène, vêtue d’une robe argent, et questionne, et questionne encore, bougeant à la manière d’une poupée. Le langage de Marie Brassard se perd souvent dans les méandres d’une poésie incertaine, vaporeuse, ou d’une réflexion non achevée, sur des mystères qui nous entourent et qui nous sont invisibles : l’inspiration, au départ, puis les disparitions, les esprits, la mort. Sa voix est sur le ton de la confidence, presque le chuchotement. Très loin sont les premières pistes d’inspiration (le mur de Berlin, l’intrigue J.T. LeRoy et les ectoplasmes). L’Invisible s’avère être au final une performance «son et lumière» ; l’interprète réagit aux projections live et aux ambiances sonores de Mikko Hynninen et d’Alexander MacSween.

L’exploration sonore est, jusqu’à un certain point, assez intéressante. La musique électro et les ambiances sonores sont froides, intrigantes mais évocatrices, et Marie Brassard y répond, en chantant ou murmurant sur celles-ci. Sa voix se déstructure, change, et tourne même à l’envers.

Mais du côté éclairages, les expériences qui en résultent sont plutôt décevantes : même si certaines peuvent s’avérer jolies, au plus fort du spectacle, comme des réflexions sur ballons métalliques ou des lumières fantomatiques au travers d’une fumée blanche, d’autres sont tape-à-l'œil ou statiques (néons blancs, stroboscope). Certains moments sombrent même dans un ridicule métaphorique, comme cette danse frénétique, sous la lumière d’un «black light», où on ne perçoit que les sous-vêtements de l’interprète, qui gueule et râle sourdement, comme un démon en transe. Peu de couleurs viennent frapper notre rétine, mis à part un dégradé de la couleur rouge au jaune, à un moment de la performance.

Spectacle ni répété, ni rodé, il faudra encore plusieurs représentations pour que L’Invisible trouve sa voie, au-delà du simple trip artistique hermétique, mais surtout un message réel à livrer, pour remplir ce vide qui nous mystifie à la sortie de la salle. Pour public amateur et averti.

03-06-2008

 


 

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