Du 26 mai au 11 juin 2011
Festival TransAmériques - 5e édition
Prévente exclusive des FORFAITS
Jusqu’à 40 % de réduction, 3 spectacles et plus

Boulimiques et assoiffés du FTA?
Toujours la meilleure façon de bénéficier des meilleurs prix et de vivre l’expérience du Festival à fond de train, les forfaits seront disponibles à la Billetterie centrale au Centre Pierre-Péladeau et sur admission.com jusqu’à épuisement des stocks. Les quantités sont limitées!

3 à 5 spectacles -15 %
6 à 8 spectacles -25 %
9 à 12 spectacles -30 %
13 spectacles et plus -40 %

*Les réductions offertes à l’achat de forfaits sont applicables uniquement à l’achat de billets à tarif régulier pour des spectacles différents.

SAMEDI 9 AVRIL 2011, 10 H

Mise en vente des BILLETS À L'UNITÉ

Les billets à l’unité seront disponibles à compter du samedi 9 avril 2011.

BILLETTERIE CENTRALE
CENTRE-PIERRE PÉLADEAU
Aucuns frais de service pour les achats effectués en personne

300, boul. de Maisonneuve Est (métro Berri-UQAM)
514 844-3822 / 1-866-984-3822
(frais de service en sus par téléphone)

Du lundi au samedi, de 10 h à 18 h (jusqu’à 20 h les soirs d’événements)
Pendant le Festival, tous les jours de 10 h à 20 h 30

RÉSEAU ADMISSION
514 790-1245 / 1-800-361-4595 (frais de service en sus)
admission.com

Page Facebook - Twitter

Delicious

Entre le 11 mai et le 7 juin, plusieurs événements prendront part au festival, dont des tables rondes, des cartes blanches et des films.
Nous vous invitons à visiter le site du FTA pour avoir accès à ces événements


Symposium
(pour plus de détails, consultez le www.fta.qc.ca)

Accompagner la création
VENDREDI 3 JUIN
17 h à 19 h : Cocktail d’ouverture
SAMEDI 4 JUIN
13 h 30 - 17 h : La création : réflexion sur l’accompagnement artistique tout au long du processus créatif
DIMANCHE 5 JUIN
13 h 30 - 15 h 30 : La diffusion : réflexion sur les conditions de présentation des oeuvres de création
15 h 45 - 17 h 15 : L’écriture : réflexion sur la critique et la théorie comme modes d’accompagnement de la création artistique
Entrée libre
QG du Festival - Agora Hydro-Québec du Coeur des sciences de l'UQAM

...la suite

Du 3 au 5 juin prochains, le Festival TransAmériques consacre tout un week-end de réflexions à l’accompagnement artistique avec son symposium international intitulé Accompagner la création. Le milieu culturel et le grand public sont invités à assister gratuitement aux échanges, qui ont lieu au Quartier général du Festival, soit à l’Agora Hydro-Québec du Coeur des sciences de l’UQAM, et qui réunissent près d’une trentaine de participants venus d’Allemagne, de Belgique, des États-Unis, de la France, d’Italie, du Japon, ainsi que du Québec et de partout au Canada.


4 JUIN
La création : réflexion sur l’accompagnement artistique tout au long du processus créatif
Comment accompagne-t-on un artiste? À quel moment du processus de création une forme d’intervention, d’aide ou de présence est-elle souhaitée? Quels sont les besoins des artistes et comment les gens qui gravitent autour d’eux y répondent-ils? Quelles sont les conditions d’émergence d’une relève artistique forte?

Les réponses à ces questions varient selon les artistes et selon les contextes de création. Au plus près de la création, on peut cerner une forme d’accompagnement que l’on pourrait qualifier d’intime, c’est-à-dire qui s’effectue au coeur même du processus de création, par les collaborateurs et des intervenants qui apportent soutien, écoute, conseils et ressources aux créateurs. Que l’accompagnement se manifeste sous forme de discussions et d’échanges sur les questions et les thématiques qui préoccupent les artistes, ou encore sous forme de soutien structurel offrant un lieu, du temps et un contexte favorable à la recherche, il est dans tous les cas essentiel. Permettre aux artistes de réfléchir à leur discipline et de singulariser leur démarche, n’est-ce pas cela, ultimement, l’accompagnement artistique?

Cette première rencontre vise à définir les diverses formes que peut prendre l’accompagnement et à comprendre ce qui permet l’éclosion d’une oeuvre et renforce une vision artistique.

INVITÉS 13 h 30
Franco Boni, directeur artistique du Theatre Centre Toronto
Daniel Danis, auteur et metteur en scène Québec
Lynda Gaudreau, chorégraphe et commissaire, dirige De Studio, un espace expérimental en chorégraphie Montréal
Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique au Centre des auteurs dramatiques Montréal
Lieven Thyrion, directeur général de la compagnie les ballets C de la B Gand
Agnes Wasserman, directrice du département des Ressources Professionnelles du Centre national de la danse Pantin

INVITÉS 15 h 30
Mélanie Demers, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie Mayday Montréal
Marie-Thérèse Fortin, codirectrice générale et directrice artistique du Théâtre d’Aujourd’hui Montréal
Matthieu Goeury, chargé de programmation au Centre Pompidou-Metz Metz
Benoît Lachambre, chorégraphe et directeur artistique de la compagnie Par B.L.eux Montréal
Toshiki Okada, auteur, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie chelfitsch Tokyo
Matthias Quabbe, dramaturge et coordonnateur des projets, K3 Hambourg

ANIMATRICE
Lucie Boissinot, directrice artistique et des études de LADMMI Montréal


5 JUIN / 13h30
La diffusion : réflexion sur les conditions de présentation des oeuvres de création
Quelles responsabilités ont les diffuseurs à l’égard des oeuvres et des artistes qu’ils présentent? Si l’accompagnement ne se fait pas de l’intérieur, au sein même du processus de création, quelles formes prend-il au-delà de l’aide financière? Dans un contexte qui priorise la diffusion, comment préserver la recherche et la création?

Pour accompagner, on doit faire preuve d’ouverture d’esprit, de confiance, d’audace et d’imagination. On doit être attentif aux artistes et à leurs besoins, mais aussi à leur émergence. La diffusion d’oeuvres de création nécessite la compréhension de ce qu’est un processus créatif et la conscience que les artistes doivent être soutenus dans le temps, qu’ils ne sont pas des machines à produire, et que créer c’est avant tout chercher.

Par ailleurs, la diffusion ne peut se faire sans tenir compte du public. La présentation et la promotion d’oeuvres de création nécessitent-elles une approche particulière? Dans le contexte des réalités de la création d’aujourd’hui, souvent multidisciplinaire et hybride, comment présenter ces oeuvres au public? Comment éveiller sa curiosité et l’inciter à aller au théâtre? L’accompagnement ne servirait-il pas aussi à aider le public dans sa découverte?

INVITÉS
Norman Armour, metteur en scène et directeur général du PuSh International Performing Arts Festival Vancouver Francine Bernier, directrice générale et artistique de l’Agora de la danse Montréal Marie Brassard, actrice et directrice artistique de la compagnie Infrarouge Montréal Paul Caskey, directeur artistique de Live Art Dance Productions Halifax Jan Goossens, directeur artistique du KVS Bruxelles Marie-Andrée Gougeon, directrice générale de la compagnie Daniel Léveillé Danse Montréal Mark Russell, directeur artistique et producteur du festival Under The Radar New York

ANIMATEUR
Laurent Vinauger, secrétaire général du Centre Chorégraphique National de Franche-Comté à Belfort Belfort


5 JUIN / 15h45
L’écriture : réflexion sur la critique et la théorie comme modes d’accompagnement de la création artistique
Comment écrit-on sur la création et comment la pensée critique peut-elle se traduire en une forme d’accompagnement? La critique doit-elle se tenir près ou loin du processus de création? Puisque la réflexion constitue le fondement de toute démarche artistique, il est certainement possible d’affirmer que l’écriture puisse l’être aussi.

Écriture, critique et théorie jouent plusieurs rôles essentiels et accompagnent de diverses façons la création. Elles permettent entre autres aux créateurs de réfléchir et d’approfondir leur discipline, tout en donnant des repères au public pour mieux recevoir les oeuvres. Elles servent également à conserver le patrimoine culturel, au même titre que le font la vidéo et la photo.

Les nombreux blogues et autres plateformes de discussion sur Internet permettent à chacun, qu’il soit expert ou amateur, d’exprimer son opinion, et le simple commentaire appréciateur est de plus en plus de mise. Quelle valeur accorde-t-on à la critique dans ce contexte? Le théâtre étant un lieu de réflexion sur le monde et la société, pourquoi la critique s’inscrit-elle si rarement dans le prolongement des questions qui y sont soulevées? La critique ne sert-elle pas aussi à favoriser l’apparition de nouvelles discussions et de nouveaux débats?

INVITÉS
Edit Boxberger, journaliste en danse Hambourg Marie-Andrée Brault, membre de la rédaction de la revue de théâtre Jeu Montréal Philippe Couture, critique de théâtre pour le journal Le Devoir et la revue de théâtre Jeu Montréal Lorenzo Donati, journaliste indépendant Bologne Gérard Mayen, journaliste et critique de danse, collaborateur régulier de la revue Mouvement Paris Philip Szporer, journaliste et critique de danse pour l’hebdomadaire Hour et le magazine canadien Dance Current Montréal

ANIMATEUR
Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique au Centre des auteurs dramatiques Montréal


Théâtre

Moi qui me parle à moi-même dans le futur - Montréal
vidéo
27 mai à 18 h, 28 mai 21 h, 29 mai 16 h et 21 h et 30 mai à 21 h
Durée : 1 h 10
Performance - Théâtre - Musique
En français
Un spectacle de Infrarouge (Marie Brassard)
Monument-National, sièges réservés
Rencontre avec les artistes, le 28 mai, après la représentation

...la suite

Le temps explose en mille fragments ; cohabitent l’origine et la fin du monde, l’enfant qui rêve et se fait des épouvantes, la vieillarde qui flirte avec la mort ; Marie Brassard, elfe curieux et allumé, invite les spectateurs à questionner le tangible et à défier l’intangible. Elle propose son mythe personnel de la création du monde, dévoile des instantanés de son enfance, plonge dans les méandres du temps et se retrouve dans la brume d’un songe.

Tête fureteuse, corps sensible, Marie Brassard revient au Festival TransAmériques avec une odyssée envoûtante, conçue à partir de souvenirs de ses années d’adolescence dans une petite ville à écouter des musiques tonitruantes, à danser dans les bars, à s’étourdir sans peur de l’avenir.

Les images du cinéaste Karl Lemieux sont en parfaite symbiose avec l’univers morcelé de la performeuse, qui partage la scène avec les musiciens et compositeurs Alexandre St-Onge et Jonathan Parant. Marie Brassard nous offre une autofiction poétique, incantatoire et hallucinogène.

Un spectacle de Infrarouge

Texte et mise en scène de Marie Brassard
Avec Marie Brassard + Jonathan Parant + Alexandre St-Onge
Musique originale et son : Jonathan Parant + Alexandre St-Onge
Lumières et manipulation vidéo : Mikko Hynninen
Photo: Nurith Wagner-Strauss

Coproduction : Infrarouge (Montréal) + Festival TransAmériques (Montréal) + Théâtre français du Centre National des Arts (Ottawa) + Wiener Festwochen (Vienne) + Theater Im Pumpenhaus (Münster)
En collaboration avec Usine C

Création en mai 2010 dans le cadre de Wienerfestwochen, au Brut Im Künstlerhaus à Vienne


Photog. - An Imaginary Look At the Uncompromising
Life of Thomas Smith
- Vancouver
vidéo
28, 29, 30 mai 19 h
Durée : 1 h 30
En anglais
Un spectacle de Boca del Lupo
Cinquième salle de la Place des Arts
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 29 mai
Imprimer la critique

...la suite + critique de David Lefebvre

L’état du monde
Un photographe de guerre fait l’inventaire de son champ de bataille intime. Observateur de l’indicible, il fournit en images fraîches un peuple glouton de désastres planétaires. Son récit révèle avec cruauté les aléas d’un métier terrible : documenter le pire de l’humanité.

Tantôt tourmenté par d’atroces photographies de guerres, tantôt happé par les images virtuelles, le spectateur adopte le point de vue et l’angle du photographe. Cadre théâtral éclaté, multiples astuces scéniques, propos d’une actualité bouleversante, une formidable énergie se dégage de l’ensemble.

Seul en scène, Jay Dodge offre une performance stupéfiante. Sa présence physique toute empreinte d’émotions déconcerte et éblouit. Conçu à partir d’entretiens avec des photographes de guerre du Time Magazine et du New York Times, le spectacle donne la parole à ceux qui sont là où le monde s’effondre. Témoins des décombres, ils clament la nécessité de s’indigner.

Un spectacle de Boca del Lupo

Mise en scène et cocréation Sherry Yoon
Cocréation et interprétation Jay Dodge
Musique Pietro Amato
Son Carey Dodge
Vidéo Brae Norwiss
Lumières John Webber
Costumes Mara Gottler
Chorégraphie Tara Cheyenne Friedenberg
Dramaturgie James Fagan Tait

Présentation en collaboration avec Place des Arts

Création au Harbourfront Centre's World Stage Series en novembre 2010


Critique de David Lefebvre

Assis confortablement en sirotant le café du matin, le soleil entrant par la fenêtre de la cuisine, nous tournons les pages de notre quotidien favori : une crise en Libye, des massacres en Côte d’Ivoire, une journaliste enlevée en Égypte. L’œil est détaché, tout nous semble si loin. Pour restreindre, voire éliminer cette distanciation entre ses contemporains et ces sujets horrifiants, mais importants, le duo Sherry J Yoon et Jay Dodge ont créé Photog, un spectacle intimiste sur ces hommes et ces femmes qui captent, en une fraction de seconde, une réalité qui dépasse parfois l’entendement, et qui risquent leur vie à chaque instant pour nous la présenter.

Dodge incarne Thomas Smith, photographe de guerre, qui est évincé de son appartement. En état d’urgence, il se remémore divers instants de sa vie. Il fait le parallèle entre New York et les zones de conflit qu’il a couvertes. Il pense à la mort, qu’il a côtoyée des centaines de fois : on dit que notre vie défile sous nos yeux, juste avant de mourir. Smith liste tous les petits détails heureux de sa vie de gamin, mais sa mémoire est constamment hantée par ses nombreuses missions à l’étranger.

Photog n’a rien de glamour : le journaliste n’est jamais placé sur un piédestal. Il est humain, avant tout, il est un homme impuissant devant l’horreur du monde, ou totalement désensibilisé. D’une manière ou d’une autre, il lui est difficile de s’ajuster ou d’agir normalement lorsqu’il est de retour au bercail. Toujours sur le ton de la confidence, sans jamais verser dans le sentimentalisme, nous accédons à la mémoire d’un témoin privilégié. L’un des récits, très détaillé, qui a lieu en Côte d’Ivoire, est digne d’un scénario hollywoodien, et tient en haleine toute l’assistance.

Même si le texte est une fiction, l’expérience est parfois troublante, et le caractère de chaque récit, très dépouillé, donne une certaine impression de documentaire. Les concepteurs ont quand même fait un travail de recherche exhaustif pour arriver à ce niveau de réalisme, en rencontrant des psychologues, quelques grands reporters et en ayant la chance d’utiliser de saisissants clichés de Michael Kamber, de Farah Nosh et du regretté Tim Hetherington, tué le 20 avril 2011 en Libye. Le spectacle au FTA lui est d’ailleurs dédié.

L’utilisation très créative de la vidéo dynamise énormément ce monologue d’une heure et demie. La scène, en forme de cube, est fermée derrière par un immense écran sur lequel on projette différentes images : des fenêtres d’appartement, des captations en direct, des photos de différents conflits. La surimpression, très bien maîtrisée, est souvent employée pour incorporer le personnage principal à des clichés ou pour ajouter de la vidéo à une image fixe. Les trouvailles en ce sens sont nombreuses et toujours fascinantes. Par contre, les scènes du gérant d’immeubles et d’un policier venant frapper à la porte de Smith, rappelant vaguement des cinématiques de jeux vidéo,  ne font avancer en rien l’intrigue, sauf pour rappeler au pauvre locataire qu’il doit quitter les lieux avant longtemps. Les créateurs ont aussi recours à des poulies et à des câbles pour suspendre ou faire voler le protagoniste lors de quelques scènes. Le photographe est ainsi catapulté directement dans ses souvenirs : l’effet est tout à fait réussi. Mentionnons l’excellent travail de John Webber aux éclairages, de Carey Dodge à la conception sonore et de Pietro Amato qui interprète en direct une grande partie de la musique du spectacle.

Photog questionne de façon pertinente l'équilibre précaire entre la vie personnelle et professionnelle de ces personnes qui ont décidé de faire face au sort terrible de milliers de gens pour en témoigner devant le monde entier. La pièce joue ainsi beaucoup avec les contrastes, opposant plusieurs théories, plusieurs thèmes : la construction et la destruction, la beauté et l’atrocité, la peur et l’adrénaline. Photog est un singulier voyage au cœur de la mémoire et des observations d’un homme qui n’est ni bourreau, ni victime, mais qui ne peut faire autrement que de se jeter dans la gueule du loup encore et encore pour continuer de vivre, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

28-05-2011


Mille anonymes - hommage aux sociétés disparues - Québec
Du 30 mai au 2 juin 20 h
Durée : 1 h 20
En français
Un spectacle de Daniel Danis, arts/sciences
Espace Go
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 31 mai
Imprimer la critique

...la suite + critique d'Olivier Dumas

Les survivants
Les Mille Anonymes sont d’irréductibles combattants du quotidien. Ils osent l’isolement et la symbiose avec la nature plutôt que d’avaliser leur déracinement et d’abdiquer face à l’extinction de leur communauté. Que la mine soit condamnée, qu’il n’y ait plus d’emplois, plus d’électricité, rien ne parvient à les évincer. Leur ville ne sera pas une cité fantôme. Ils persistent. Ils demeurent. Implacables.

Les mots des Mille Anonymes, épars, laconiques, symboliques, sont portés par le souffle poétique et novateur de leur auteur comme par celui du vent du Nord. Leurs corps, découpés par des cadrages scéniques ainsi que par des gros plans projetés sur écrans vidéo, irradient dans la pénombre de cet univers tout en écho, en évocation et en onirisme.

Daniel Danis, l’une des voix les plus singulières du théâtre québécois contemporain, met en scène de façon audacieuse une société menacée dont l’existence originelle est autant exposée à des périls qu’empreinte de beauté.

Un spectacle de Daniel Danis, arts/sciences

Texte et création Daniel Danis
Interprétation Sylvio Arriola + Frédérick Bouffard + Jean-Pierre Cloutier + Marianne Marceau + Alexandrine Warren
Participation à la création Lionel Arnould + Nadia Bellefeuille + Jean-Pierre Cloutier + Vincent Leclerc (Eski) + Véronique Massé + Mathieu Thébaudeau

Coproduction Festival TransAmériques + Les Productions Recto-Verso + Ex Machina La Caserne Dalhousie + Carrefour international de théâtre de Québec

Présentation en collaboration avec Espace Go


Critique d'Olivier Dumas

Daniel Danis demeure un créateur atypique, capable du meilleur (Celle-là et Terre Océane)  que du pire (E, un roman dit, un pénible souvenir). Pour cet habitué du Festival TransAmérique, sa nouvelle proposition Mille anonymes laisse une sensation de déception à la sortie de l’Espace Go.

Difficile d’aimer cet obscur objet qui tente un amalgame entre l’atmosphère d’une installation muséale contemporaine et une parole puisant dans la tradition orale. En résumé, le spectacle Mille anonymes s’articule autour d’une société archaïque, derniers vestiges d’une ville minière fantôme autrefois prospère. Les habitants veulent laisser coûte que coûte une trace de leur vie avant l’extinction définitive, dans ultime tentative de symbiose avec la nature environnante.

À l’exception peut-être de La trilogie des flous, le talent de dramaturge de Daniel Danis s’est surtout démarqué par son univers autrement plus littéraire imprégné de répliques poétiques foudroyantes entre le tragique d’un Michel-Marc Bouchard et la beauté cérébrale d’un Normand Chaurette. Il porte ici le double chapeau d’auteur et de metteur en scène, en plus de prendre plaisir à brouiller les repères traditionnels du théâtre. Le texte de Milles anonymes demeure embryonnaire et hachuré avec des ellipses et moments silencieux. Cette fragmentation s’accompagne d’une multitude de personnages indéfinis, loin de tout processus d’identification. Durant les 80 minutes de la représentation se succèdent 33 tableaux annoncés par un narrateur qui prend même le temps de nous lire les didascalies. Heureusement, pour les quelques phrases qu’ils ont à dire, les acteurs prennent plaisir à s’exprimer avec une prononciation très québécoise. 

Pour son hommage aux sociétés disparues, Daniel Danis s’est entouré d’une talentueuse équipe de concepteurs qui parvient à recréer visuellement et musicalement une atmosphère saisissante. Le dispositif monochrome éclairé de l’intérieur et la scénographie composée de planches en perpétuels déplacements rappellent le travail formel de Robert Lepage. L’imposante robe blanche portée par l’une des comédiennes qui contient même des lampes m’a fait penser à certaines tenues de scène de Diane Dufresne. Sur le plan technique, la pièce se révèle assez intéressante.  

Par contre, l’essence du spectacle dégage une froideur qui empêche souvent le public d’adhérer à un propos qui recèle autrement un potentiel dramatique qui aurait pu être plus poignant. Les ambitions de recréer un théâtre du rituel et du sacré se perdent donc devant un formalisme trop froid pour nous bouleverser. Dommage que le perfectionnement de la technologie n’a pas mieux embrasé la portée symbolique de ces Mille anonymes en quête d’un dernier souffle avant leur anéantissement.

31-05-2011


El Rumor del Incendio - Mexique
vidéo
Du 31 mai au 2 juin 21 h
Durée : 1 h 20
En espagnol avec surtitres français
Un spectacle de Lagartidas Tiradas al Sol
Théâtre Prospero
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 1er juin
Imprimer la critique

...la suite + critique d'Olivier Dumas

Devoir de mémoire
Au Mexique, durant les années 1960, de jeunes révolutionnaires prennent les armes et tentent désespérément de changer la société. Quelques décennies plus tard, les enfants de ces guérilleros retracent le parcours de leurs aînés. Archéologues du sens, Luisa Pardo, Francisco Barreiro et Gabino Rodríguez ont furieusement gratté le passé, en ont exhumé les vestiges dépolis d’une histoire récente faite de sueur, de sang et de larmes. Au cœur de leurs fouilles gisent les restes d’une lutte à finir.

À partir de documents, de maquettes, de figurines, avec trois bouts de ficelle, un imaginaire débridé et un sens du récit peu commun, ils échafaudent un docu-théâtre épique qui met en lumière leur soif ardente de rébellion, héritée du désir d’utopie de leurs aînés.

Sans effets spéciaux, sans poudre aux yeux, les spectacles de la troupe mexicaine agissent comme des brûlots sur nos consciences endormies. Un plaidoyer déstabilisant et nécessaire contre l’oubli.

Un spectacle de Lagartidas Tiradas al Sol + Universidad Nacional Autõnoma De Mexico (UNAM)

Texte et coordination Luisa Pardo + Gabino Rodríguez
Avec Francisco Barreiro + Luisa Pardo + Gabino Rodríguez
Recherche et iconographie Juan Leduc
Vidéo Yulene Olaizola
Lumières Marcela Flores + Juanpablo Avendaño
Miniatures Francisco Barreiro
Interprétation vidéo Harold Torres + Cesar Ríos + Mariana Villegas

Présentation avec le soutien Consulat général du Mexique à Montréal


Critique d'Olivier Dumas

Originaire du Mexique, la compagnie Lagartidas Tiradas al Sol semble très prisée par les organisateurs du FTA. Après deux spectacles présentés en 2010 (Asalto al agua transparente et Catalina), elle récidive cette année avec El rumor del incendio, une touchante pièce qui n’évite malheureusement pas une densité parfois étouffante.

Trois comédiens inspirés, Francisco Barreiro, Luisia Pardo et Gabino Rodriguez, reviennent sur un pan sulfureux de l’histoire mexicaine de la seconde moitié du 20e siècle. Ils racontent les guérillas des années 1960-1970 où la jeunesse de l’époque a voulu s’affranchir des dogmes sociaux et capitalistes de leur pays pour implanter une société plus équitable. En résumé, c’est le destin d’une jeune institutrice qui part pour Mexico dans l’espoir de changer le monde et d’éradiquer la grande pauvreté qui sévit pour une large part de la population. Or, elle vivra arrestation, torture et emprisonnement. En cette année de 1968, des manifestations étudiantes n’empêcheront pas le massacre du 2 octobre et la répression pour les décennies suivantes.

Pour ce type de représentation documentaire, il est préférable de connaître minimalement l’histoire du Mexique ou encore celles des mouvements révolutionnaires des années 1960 (en France, en Amérique du Sud, aux États-Unis et au Québec) qui ont secoué la planète. Car le spectateur se doit d’absorber dans la langue de Cervantès (aidé heureusement par les surtitres) une surabondance d’informations factuelles pendant les 90 minutes d’El rumor del incendio. Le sentiment d’assister en accéléré à un cours universitaire nous empêche de ressentir pleinement une démarche significative et percutante. Il est facile de se perdre devant tant de noms d’individus, de politiciens, de groupuscules, sans oublier les dates. Par ailleurs, les scènes où les interprètes s’éloignent du texte et des faits pour vivre pleinement l’action demeurent les plus troublantes.

Autrement, leur propos s’accompagne d’une démarche ludique avec ces nombreux accessoires, figurines, trains électriques, caméras qui étonne par son côté enfantin. Une belle ingéniosité, qui, mieux exploitée et harmonisée à un récit moins touffu, ferait des productions de Lagartidas Tiradas al Sol des incontournables. Un tel engagement de la part d’artistes sensibles imprégnés de leur histoire nationale, de justice sociale et de talent mérite toute notre admiration.

02-06-2011


Gardenia - Gand, Belgique
vidéo
1er, 2, 3, 4 juin à 20h
Durée : 1 h 45 sans entracte.
En français
Un spectale de Les ballets C de la B
Monument-National
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 2 juin
Imprimer la critique

...la suite + critique de Daphné Bathalon

Sur scène : six hommes d’âge mûr, extraordinairement ordinaires ; ils ont vécu des vies de fonctionnaire, d’infirmier, d’employé de bureau… Surgit une transsexuelle délicieusement fanée qui annonce la fermeture du cabaret Gardenia. Et l’on comprend que ces hommes ont tous mené une double vie à se travestir en femmes, en vedettes, en stars. Une dernière fois, pour vous seulement, sur des airs d’Aznavour, de Dalida et de Ravel, ils se transforment — faux cils, faux seins, vrai strass — pour vous lancer avec une générosité déchirante un bouleversant moment d’humanité.

À la demande de la grande comédienne — et transsexuelle — Vanessa Van Durme, Alain Platel et Frank Van Laecke ont mis en scène une époustouflante métamorphose : celle de rêveurs qui deviennent leur propre rêve.

Après les triomphes de Iets op Bach (1999) et d’Allemaal Indiaan (2001), les ballets C de B reviennent enfin au FTA avec leur façon unique d’interroger de manière grave et ludique la représentation du corps dans le monde d’aujourd’hui.

Un spectacle de Les ballets C de la B

Mise en scène : Alain Platel + Frank Van Laecke
D’après une idée de Vanessa Van Durme
Création et interprétation : Gerrit Becker + Griet Debacker + Andrea De Laet + Richard "Tootsie" Dierick + Timur Magomedgadzhiev (remplacé par Hendrik Lebon) + Danilo Povolo + Rudy Suwyns + Vanessa Van Durme + Dirk Van Vaerenbergh
Musique : Steven Prengels
Éclairage : Kurt Lefevre
Son : Sam Serruys
Scénographie : Paul Gallis
Costumes : Marie Lauwers
Photo : Luk Monsaert

Coproduction : NTGent + La rose des vents (Villeneuve d’Ascq) + TorinoDanza + Biennale de la danse de Lyon + Tanz im August (Berlin) + Théâtre National de Chaillot (Paris) + Brighton festival + Centro Cultural Vila Flor Guimarães + La Bâtie-Festival de Genève + Festival d’Avignon.

Avec l’appui des Autorités Flamandes + ville de Gand + Province de la Flandre-Orientale.

En collaboration avec le Carrefour international de théâtre de Québec

Création au NT Gent (Gand, Belgique) en juin 2010


Critique de Daphné Bathalon

Quelque part, au-delà de l’arc-en-ciel, il y a ces êtres fanés, flétris par les années dont la vie s’est écoulée sur la scène d’un cabaret, aujourd’hui sur le point de fermer. Ces êtres, à la fois hommes et femmes, nous accueillent dans leur jardin le temps d’une dernière représentation bien particulière. Touchant, ce beau portrait nous est proposé par Les Ballets C. de la B pour un très court moment au Monument-National.

C’est avec beaucoup de tendresse et de respect qu’Alain Platel et Frank Van Laecke abordent le délicat sujet de la transformation d’un homme en femme, mais aussi, et surtout, du vieillissement et de l’espoir. Ne cherchez pas ici le strass et la paillette, les boas et les faux cils… ils y sont bien sûr, mais pas pour choquer ou le glamour, ils sont avant tout les accessoires grâce auxquels se parachève la métamorphose finale, celle qui nous éblouit et nous réconcilie avec les rares longueurs de la pièce. De fait, le rythme est volontairement lent, les tableaux entrecoupés d’un silence qui n’a rien de pesant. Le metteur en scène a pris le temps de réfléchir, de chercher la profondeur du sujet et de l’offrir à la vue des spectateurs fort silencieux en ce soir de première.

D’abord vêtus de complets-veston-cravate de couleurs mornes, les hommes sont tout aussi éteints que leurs habits, traînant les pieds. Vieux et usés, ils semblent perdus à l’annonce de la fermeture du cabaret. Puis ils quittent cette peau qui ne leur convient pas et nous montrent celle qu’ils cachent dessous, beaucoup plus colorée. Il est là le ballet, dans la grâce de leur transformation. En une série de clichés photographiques, Platel nous présente des souvenirs rayonnants, le plaisir et une certaine idée de la liberté.

En maître de cérémonie, la comédienne Vanessa Van Durme rayonne sans avoir besoin de paillettes. Solide, elle n’a ni besoin d’affirmer son identité sexuelle ni de la revendiquer pour s’imposer à nous. Elle orchestre la représentation avec grâce et humour, organisant son bouquet en plaçant et déplaçant chacune des fleurs qui la compose. Quant à ces fleurs, elles sont sept, six êtres vieillissants et un jeune homme qui incarne ce qu’ils ne sont plus. Et ils s’exposent avec naturel sans chercher à faire un show de leur strip-tease sur des grands airs pop ou classiques, du Boléro de Ravel à Comme ils disent d’Aznavour.

Malgré sa lenteur, ou plutôt grâce à elle, le spectacle de ces êtres délaissés est plein de douce tendresse et d’espoir. Alors qu’ils prononcent à peine quelques mots pendant la représentation, on ressent un élan d’affection pour les vedettes du cabaret qui, avec une certaine tristesse, s’effacent sur un dernier sourire.

02-06-2011


Hot Pepper, Air Conditioner, and The Farewell Speech - Tokyo, Japon
vidéo
2-3-4 juin à 19 h
Durée : 1 h 10
En japonais surtitrés en français
Cinquième salle de la Place des Arts
Un spectacle de chelfitsch
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 3 juin
Imprimer la critique

...la suite + critique de David Lefebvre

Ressources humaines
Les travailleurs d’une entreprise discutent d’une fête à organiser pour une collègue tout juste congédiée. Des employés débattent de la climatisation. Une femme licenciée prononce son discours de départ. Sous leur apparente banalité, ces trois situations illustrent le désarroi d’une société en pleine déroute.

Le Japonais Toshiki Okada sculpte la langue de ces jeunes travailleurs floués, leur attribue une parole tronquée, dépouillée, répétitive, celle des jeunes gens de Tokyo. Les corps sont agités malgré eux par de multiples soubresauts, sous des lumières brutales et des airs de jazz déconcertants. Mots manquants, corps absents à eux-mêmes, le portrait est acide, l’humour, décalé ; voici une jeunesse perdue dans son cauchemar climatisé.

Auteur et metteur en scène, étoile montante sur la scène théâtrale internationale, Okada traduit le malaise d’une génération de la précarité à qui l’on avait promis un avenir brillant et dont le désespoir s’avère criant. Le tableau, impitoyable, sonne juste. En Orient comme en Occident, c’est la mondialisation de l’instabilité.

Texte et mise en scène Toshiki Okada
Avec Mari Ando + Saho Ito + Kei Namba + Riki Takeda + Taichi Yamagata + Fumie Yokoo
Lumières Tomomi Ohira
Son Norimasa Us Hikawa

Coproduction Hebbel Amufer / Hau (Berlin) + Associate Production Precog (Tokyo) Avec le soutien de Agency For Cultural Affairs Government Of Japan In The Fiscal 2011 + The Saison Foundation

Présentation en collaboration avec Place des Arts

Création au Hebbel Am Ufer, Berlin en octobre 2009


Critique de David Lefebvre

Trois tableaux : quelques intérimaires tentent de s’entendre sur le choix d’un restaurant pour une fête en l’honneur d’une collègue remerciée de ses fonctions. Deux employés discutent d’un programme télévisé politique et de l’air conditionné déficient. Une stagiaire congédiée fait son discours de départ en racontant une histoire de cigale écrasée.

Le théâtre de Toshiki Okada, terriblement contemporain, décortique et déconstruit le langage des jeunes travailleurs de Tokyo pour créer un triptyque névrosé, décalé, absurde. L’auteur, metteur en scène et chorégraphe situe ses  personnages dans une aire de repos, aseptisée, au cœur d’une grande société nipponne. Le discours se veut une suite de répétitions qui roule, qui revient sur ses pas, qui s’enrichit de quelques nouveaux détails. Ces échanges, vides, banals, parfois égoïstes, voire égocentriques, démontrent tout le désarroi de cette classe sociale à qui l’on promettait, il n’y a pas si longtemps, un avenir prospère. Les mots se noient ou nagent au travers le rythme de quelques pièces de jazz entraînantes. Le corps, baigné d’une lumière crue ou vive et colorée, trouve un tout autre rythme, reproduisant de façon incontrôlable ou machinalement plusieurs mouvements de la vie quotidienne ; une chorégraphie désarticulée si précise qu’elle semble totalement aléatoire. Sans être dénuée d’humour, au contraire, la mise en scène de Toshiki Okada crée ainsi une superbe dichotomie entre le langage et le geste, métaphore d’une dure réalité : instabilité, incertitude, désillusion. Une danse déglinguée sur un tempo d’angoisse et d’amertume. 

Les comédiens, de grand talent, au jeu plus brechtien que traditionnel, ouvrent très peu la porte des sentiments, des émotions ; pourtant, l’absence d’espoir et la précarité se perçoivent entre chaque réplique, sous chaque geste. L’absurdité des situations, des échanges, et celle de la chorégraphie déclenchent les rires et hypnotisent tout à la fois. Un bien étrange objet, qu’est ce Hot Pepper.

03-06-2011


Octobre 70 - Québec
vidéo
3, 4 juin 20 h, 5 juin à 16h
Durée : 1 h 20
En français
Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
Un spectacle de Le Théâtre Blanc
Imprimer la critique

...la suite + critique d'Olivier Dumas

Octobre, vu de l’intérieur
Le 10 octobre 1970, les quatre membres de la cellule Chénier du Front de libération du Québec enlèvent le ministre Pierre Laporte dont on retrouve le corps une semaine plus tard dans le coffre d’une automobile. Que se passait-il dans la maison de la rue Armstrong à Longueuil où les quatre militants détenaient le ministre en otage ?

Le plan de la maison est là, au sol, pas de toit. De tous côtés, les spectateurs surplombent l’action, devenant témoins des interactions, des doutes, des actes. Martin Genest a adapté pour la scène le scénario du film Octobre de Pierre Falardeau, que le cinéaste avait écrit en collaboration avec l’un des ravisseurs. Il en a fait un engageant théâtre de l’observation.

Réactivant l’idée brechtienne d’un théâtre comme lieu d’objectivation critique des choix humains, Octobre 70 interroge avec une douloureuse rigueur les contradictions entre les convictions et l’action.

Inspiré librement du scénario du film Octobre de Pierre Falardeau
Tiré du livre Pour en finir avec Octobre de Francis Simard
Idée originale, adaptation théâtrale, mise en scène Martin Genest
Avec Vincent Champoux + Eric Leblanc + Louis-Olivier Mauffette + Renaud Paradis + Lucien Ratio
Scénographie Jean Hazel
Environnement sonore Stéphane Caron
Costumes Huguette Lauzé
Lumières Louis-Xavier Gagnon
Projections Lionel Arnould
Dramaturgie Mira Cliche

Présentation en collaboration avec Place des Arts

Création au théâtre Périscope de Québec par le Théâtre Blanc en mars 2010


Critique d'Olivier Dumas

Quarante ans plus tard, la crise d’Octobre demeure un sujet chaud. Du brillant roman de Louis Hamelin (La constellation de Lynx), au film kafkaïen de Michel Brault (Les ordres) en passant par les confidences contestables de Carole «Poupette» Devault, l’espionne du FLQ (Toute ma vérité) ou encore le feuilleton raté de la CBC, les témoignages n’ont pas manqué sur cet événement emblématique et sur les limites de la liberté quant à la situation politique du Québec. En transposant le récit de Francis Simard (Pour en finir avec Octobre) qui a inspiré le film de Pierre Falardeau (Octobre), l’auteur et metteur en scène Martin Genest et le Théâtre Blanc nous convient à un troublant moment historique avec son Octobre 70.

Sur le plateau du Théâtre Jean-Duceppe, le metteur en scène a placé au centre le lieu de détention du ministre Pierre Laporte, alors que le public se retrouve à regarder l’action des quatre côtés, en hauteur, à l’intérieur d’un immense échafaudage de trois étages. Pendant 80 minutes, nous suivons les dilemmes des quatre felquistes de la cellule Chénier (Francis Simard, Jacques Rose, Paul Rose et Bernard Lortie) qui ont pris en otage le ministre du Travail du gouvernement libéral de Robert Bourassa. Dans la maison de la rue Armstrong à Longueuil, la tension monte jusqu’au dénouement fatal.  

Présentée comme une approche brechtienne par les organisateurs du FTA, cette expérience tient effectivement en haleine. Il était beau et touchant de voir toutes ces têtes penchées vers le sol, presque en communion devant une tragédie dont la conclusion est connue de tous. Un théâtre politique de cette trempe entraîne une réflexion fondamentale entre les convictions profondes et les moyens légitimes (ou non) pour l’incarner dans l’action quotidienne et dans un projet d’indépendance nationale. Les cinq comédiens de la distribution incarnent avec fougue et engagement des personnes réelles avec leurs failles, leurs emportements, leurs contradictions et leur humanité. Une mention particulière à Vincent Champoux, émouvant de douleur dans la peau du ministre kidnappé par des idéalistes naïfs et largué par son propre parti.

La pièce Octobre 1970 a également le mérite de rappeler le long métrage de Pierre Falardeau, tout en possédant une griffe théâtrale distinctive. Martin Genest et le Théâtre Blanc font œuvre utile avec cette mise en lumière de l’un des traumatismes noirs de la société québécoise.

04-06-2011


L'enclos de l'éléphant - Montréal
vidéo
4 au 8 juin à 20 h
Durée : 1 h 20
En français
Espace libre
Un spectacle de Le théâtre du Grand Jour
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 5 juin

...la suite

De l’observation des intrus
Le temps d’une averse, un homme confortablement installé chez lui consent à laisser entrer un inconnu. Mais plus ce dernier parle, moins on comprend ce qu’il veut. Ce qui semblait clair devient brusquement trouble. Que peut faire un éléphant contre un moustique ? C’est ce que vous épiez, installé dans un petit théâtre conçu pour vous seul. Mais êtes-vous vraiment seul ? Vous voyez un visage sur un écran de surveillance miniature intégré à votre place. Vous remarquez aussi qu’il y a une micro-caméra… Vous observe-t-on pendant que vous observez ?

Voilà l’inquiétant dispositif fictionnel et théâtral imaginé par le dramaturge Étienne Lepage (Rouge gueule) et le metteur en scène Sylvain Bélanger ; s’y entrechoquent l’insécurité des temps présents et la dérisoire obsession de la surveillance. Bienvenue dans un microcosme : celui où vous êtes seul face aux terreurs sourdes qui sous-tendent votre quotidien.

Texte Etienne Lepage
Mise en scène Sylvain Bélanger
Interprétation Paul Ahmarani + Denis Gravereaux
Scénographie et costumes Romain Fabre
Conception sonore Larsen Lupin
Lumières André Rioux

Coproduction Festival TransAmériques


Neutral Hero - New York, États-Unis
vidéo
Théâtre musical
4, 5 et 6 juin à 19h
Durée : 2 h
Théâtre Centaur
En anglais avec surtitres en français
Un spectacle de New York City Players
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 5 juin

Imprimer la critique

...la suite + critique de Daphné Bathalon

De l'immortalité des héros
Dans une petite bourgade au milieu des États-Unis, les vieux mythes fondateurs de l’humanité cadenassent la vie, la condamnent à se répéter. Sur une grande scène vide comme le ciel du Midwest, des gens en apparence terriblement ordinaires jouent, sans aucun recours au pittoresque, des épisodes de leur vie quotidienne. Ils ne parlent pas, ils chantent avec cette simplicité désarmante de ceux qui ne connaissent pas l’artifice. Puis quelque chose de mystérieux se déploie lentement : sous leurs anecdotes se profilent les grandes violences de l’histoire américaine, mais surtout, les blessures jamais guéries des grands héros antiques – Gilgamesh, Ulysse, Énée – dont on ne cesse de répéter inconsciemment les cruels combats.

Dix ans après le triomphe de House, Richard Maxwell et la troupe des New York City Players reviennent enfin au FTA avec leur fascinant théâtre du réel à mille lieues du réalisme pour nous raconter que le destin existe toujours et que l’homme appartient au temps, comme les dieux à l’éternité.

Texte, mise en scène, composition Richard Maxwell
Avec Lakpa Bhutia + Janet Coleman + Keith Connolly + Alex Delinois + Bob Feldman + Jean Ann Garrish + Rosie Goldensohn + Paige Martin + James Moore + Philip Moore + Andie Springer + Andrew Weisell
Scénographie et lumières Sascha Van Riel
Costumes Kaye Voyce
Dramaturgie Tom King

Production Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) Coproduction Festival TransAmériques + Wiener Festwochen + Festival d’Automne (Paris) + Les Spectacles Vivants - Centre Pompidou (Paris) + Kampnagel (Hambourg) + Hebbel

Am Ufer/Hau (Berlin) + Théâtre de l’Agora + Scène Nationale d’Evry et de L’Essonne + De Internationale Keuze Van De Rotterdamse Schouwburg + La Bâtie - Festival de Genève + Théâtre Garonne (Toulouse) avec le soutien de The Greenwall Foundation

Création au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles en mai 2010


Critique de Daphné Bathalon

Le son des mots

Neutral Hero : le héros neutre qui, ne parvenant plus ni à ressentir ni à exprimer d’émotions, tente de comprendre pourquoi il les a perdus. Sur son chemin, il rencontre de nombreux personnages, des inconnus ou des membres de sa famille. Aucun n’exprime d’émotions comme si l’insensibilité du héros les avait également atteints. Toute trace de sensibilité semble avoir disparu. « Je veux ravoir des sentiments, je dois y arriver d’une manière ou d’une autre ». Le récit de l’épopée du héros n’est alors qu’une longue description de près de deux heures, d’abord du ciel et de la ville, petite bourgade américaine typique, puis des actions des personnages.

Sur scène, la troupe de 12 comédiens amateurs occupent l’espace vide. Ils sont noirs, blancs, jeunes, vieux, représentent New York et sa diversité. Toujours en scène, ils demeurent parfaitement neutres, assis sur leur chaise. Ils ne se lèvent que lors de leur tour de parole et conservent alors cette attitude détachée, ces voix atones. Malgré tout, parce que le théâtre est à la fois fiction et réel, le spectateur tend à attribuer des émotions aux expressions et aux mots. Cependant, Richard Maxwell dirige parfaitement ses comédiens. Le récit a été dépouillé du moindre élan dramatique. Seule la musique échappe à ce lissage, bien que les comédiens chantent sans afficher d’expression. Les banjos, guitares et percussions ramènent alors un peu de vie dans l’histoire.

« Il y a un paradoxe dans l’idée de porter à la scène quelque chose de neutre : c’est irritant, provocant » le reconnaît lui-même le metteur en scène. Et, en effet, le soir de la première représentation, une dizaine de spectateurs ont quitté la salle. À la sortie du théâtre, d’autres faisaient entendre leur mécontentement et leur incompréhension : aller au théâtre, c’est observer la vie, tenter de s’y raccrocher, mais à quoi peut-on s’accrocher lorsqu’aucune émotion n’est exprimée? Il faut être excessivement attentif au son des mots, à ce qu’ils communiquent malgré leur apparente neutralité, pour apprécier le spectacle, son rythme inhabituel (le temps semble ralentir) et ses silences. On est loin de l’urgence qui anime la société moderne et de son tourbillon de cris, de pleurs, de déchirements de chemise. Neutral Hero a ceci de bien qu’il permet de se concentrer sur le texte, de n’écouter que les mots et ce qu’ils disent vraiment.

Ainsi, malgré l’ennui ou la frustration qui peuvent surgir à l’écoute de ce récit, neutre mais jamais froid, il fait bon profiter de l’état de suspension, hors de toute émotion, proposé par Richard Maxwell et New York City Players.

05-06-2011


El Desarrollo de la Civilización Venidera - Buenos Aires
vidéo
8, 9 et 10 juin à 19 h
représentation du mercredi 8 annulée à cause du volcan Puyuhue
ajout d'une représentation samedi 11 juin, 14h

Durée : 1 h 15.
En espagnol avec surtitres en français
Cinquième salle de la Place des arts
Un spectacle de Daniel Veronese
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 9 juin
Imprimer la critique

...la suite + critique d'Olivier Dumas

Péril en la demeure
C’est dans une Maison de poupée dépoussiérée et rajeunie que nous entrons, désencombrée de tout ce qui ne trouve pas un écho à la vie, ici et maintenant. Dans une société en faillite, ne reste que le drame intime de Nora, dont les problèmes financiers et les dépits amoureux ne trouvent aucune issue.

Daniel Veronese traque la vérité dans chaque affrontement. Embrase fougueusement l’œuvre de l’auteur norvégien, expose une bourgeoisie sud-américaine bousculée par la crise économique. Constate au passage que rien n’a vraiment changé entre les hommes et les femmes depuis 150 ans. Brillamment, le maître du théâtre argentin parvient à combiner nordicité et latinité, féminisme pionnier et héritage machiste.

Son théâtre d’une grande profondeur éthique, sans tricherie, sans fard, dépouillé à l’extrême, emprunte à l’esthétique des telenovelas et se concentre tout entier sur les acteurs. Impressionnants de justesse, ceux-ci offrent une véritable leçon d’interprétation. Rythme enlevant, aplomb sidérant, tension implacable : Ibsen ravivé.

Adaptation de Maison de poupée de Henrik Ibsen
Adaptation et mise en scène Daniel Veronese
Avec Mara Bestelli + Maria Figueras + Ana Garibaldi + Carlos Portaluppi + Marcelo Subiotto
Scénographie Ariel Vaccaro + Daniel Veronese

Production Sebastián Blutrach + Théâtre Camarin de las Musas (Buenos Aires) avec la collaboration de Iberescena + Proteatro + Instituto Nacional del Teatro

Présentation en collaboration avec Place des Arts

Création au théâtre Camarin de las Musas, Buenos Aires, juillet 2009


Critique d'Olivier Dumas

De La maison de poupée du Norvégien Henrik Ibsen créée en 1879, le metteur en scène argentin Daniel Veronese en a extirpé tout le contexte historique, politique et social. Seule une trace du réalisme psychologique emblématique de l’immense dramaturge laisse entrevoir un lien avec El desarrollo de la civilización venidera, une production de haute tenue qui clôt en beauté cette édition du Festival TransAmérique.

Les relectures contemporaines des œuvres du répertoire ne donnent pas toujours des résultats très heureux. Ici, c’est tout le contraire. Car l’un des principaux intérêts de ce spectacle demeure son acuité à dépeindre une société aussi engoncée dans ses dogmes idéologiques qu’à l’époque d’Ibsen. La femme soumise aux diktats du mariage d’il y a deux siècles prend les traits de l’assujettissement à une crise économique dérèglementée par les entreprises et grands financiers. Dans cette Argentine du 21e siècle, Nora, l’héroïne de la pièce, symbolise à priori la femme émancipée avec ses fringues moulantes, ses bijoux clinquants, ses énergiques pas de danse. Ancien avocat acculé à la faillite, son mari s’est recyclé comme banquier. Dans un décor de cuisine qui rappelle ceux du Théâtre Jean-Duceppe, leur couple issu de la bourgeoisie s’effondre, preuve que le capitalisme sauvage détériore également les relations intimes.

La grande force de cette œuvre théâtrale de 80 minutes demeure certainement la direction d’acteurs de Veronese, aussi pétillante dans ses moments cocasses que douloureuse dans les passages dramatiques. Ses interprètes insufflent toujours les émotions justes.
La programmation du FTA comparait l’univers d’El desarrollo… à ceux des telenovelas latino-américains. Pourtant, avec leurs costumes quotidiens et drames très réalistes, les personnages de la pièce ne s’apparentent en rien aux invraisemblances des soaps d’après-midi.

La foudroyante violence de la scène finale ne laissera pas insensibles même les cœurs les plus endurcis. Et contrairement aux représentations de Milles anonymes ou de Neutral Hero auxquelles l’auteur de ces lignes a assisté, personne n’a quitté la salle avant les applaudissements nourris qui ont succédé à la tombée du rideau.

Au 19e siècle, Ibsen dénonçait l’emprisonnement de la femme sous le joug machiste de la société conservatrice et de la religion. En 2011, la tragédie d’El desarrollo de la civilización venidera démontre la destruction des individus par le pouvoir entre les mains de quelques financiers mâles. La liberté a-t-elle progressé pour autant?

10-06-2011


Yume No Shiro - Tokyo, Japon
vidéo
Du 8 au 11 juin à 21 h
Durée : 1 h 10
Spectacle sans paroles
Théâtre Prospero
Un spectacle de POTUDO-RU
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 9 juin
Imprimer la critique

...la suite + critique de Sara Fauteux

Comme au zoo
On observe huit jeunes adultes empilés dans un minuscule appartement de Tokyo : encombrement général, des matelas par terre partout, décoration post-adolescente, couleurs impossibles. Ils ne se parlent pas, s’endurent les uns les autres avec une souveraine indifférence, à peine ponctuée de brefs échanges de coups pour régler un conflit – comme changer le poste de la télé – ou d’échanges sexuels aussi banalisés qu’impersonnels. Ils ne remplissent que leurs besoins primaires immédiats : jouir, manger, dormir. Pas d’émotions, aucune. Si, pourtant, une jeune fille sanglote discrètement dans la nuit, mais rien n’indique pourquoi…

Bienvenue dans l’hyperréalisme du « théâtre semi-documentaire » du metteur en scène japonais Daisuke Miura, qui explose actuellement sur la scène internationale, avec ses acteurs qui ne cherchent pas à captiver les spectateurs, avec son absence d’actions soulignées, avec ce vide vertigineux parce qu’il ne cache que du vide.

Dramaturgie et mise en scène Daisuke Miura
Avec Runa Endo + Yusuke Furusawa + Kotaro Inoue + Yoshiko Miyajima + Megumi Nitta + Kento Ogura + Ryotaro Yonemura + Hideaki Washio
Lumières Takashi Ito
Son Yoshihiro Nakamura
Scénographie Toshie Tanaka
Film Norimichi Tomita
Accessoires Michiyo Ohashi

Création à Tokyo en mars 2006


Critique de Sara Fauteux

Dans Yume No Shiro, le spectateur est d'abord mis en position de voyeur, derrière une vitre, d'où il assiste à une première scène d'une sexualité explicite. Puis, la vitre se lève et l'on est libre d'observer la vie désoeuvrée de 8 jeunes nippons qui cohabitent dans une promiscuité qui n'a d'égal que leur indifférence les uns aux autres. Ils ne se parlent pas, seuls la musique techno, le son sourd de la télévision, les grognements et les gémissements de jouissance ponctuent leurs existences léthargiques.

Dans leur « château de rêves » (traduction de Yume no Shiro), dont les murs sont tapissés d'images de magasines, d'affiches et d'objets aussi colorés que leurs vêtements (dont un clin d’œil au public montréalais avec un drapeau du Québec), ils mènent une existence primitive au cœur de la ville. Dormant, mangeant, baisant, regardant la télé et jouant à des jeux vidéo, ces jeunes adultes ne semblent que répondre à leurs bas instincts, redevenus animaux dans cette extrême modernité.

Malgré le vide total dans le regard des personnages et la désorganisation de leurs ébats, la pièce est portée par une structure dramaturgique précise et efficace. Le spectacle est divisé en tableaux qui créent un rythme soutenu, presque captivant. Alors que tout dans cet univers semble dénué d'espoir et de beauté, quelques moments évocateurs viennent ébranler le spectateur qui retrouve une détresse profondément humaine.

Daisuke Miura présente ici un théâtre riche qui soulève autant de questionnements sur la réalité des jeunes japonais qu'il décrit que sur la représentation théâtrale et sa réception.

10-06-2011



Parcours urbain

Bodies in Urban Spaces
vidéo
4-5 juin 16 h
4 juin 21 h
6-7 juin 12 h
6 juin 18 h
durée : 1 h 10
Gratuit
Un spectacle de Cie Willi Dorner

...la suite

Fondus dans le macadam
Un essaim de performeurs multicolore envahit Montréal et se fond dans le décor. Leur mission : s’offrir comme unité de mesure de l’espace en remplissant les vides apparents dans l’aménagement urbain ; injecter un supplément d’humanité là où règnent le béton, le métal et les gaz d’échappement.

Ils avancent par grappes, prennent d’assaut les façades, s’empilent, s’accrochent, se suspendent, se perchent. Nichés sur les marquises, agglutinés autour des bancs, des poteaux, ils s’emboîtent dans de vertigineuses installations sculpturales. Œuvres éphémères de corps anonymes enchevêtrés. Au fil d’un étonnant parcours, la foule s’épaissit de spectateurs ébahis et avides d’un surplus de fascinantes invraisemblances.

Interrogeant à la fois notre perception du mouvement et de l’environnement, le chorégraphe autrichien Willi Dorner suscite un engouement immédiat partout où il passe avec Bodies in Urban Spaces. Jamais création in situ n’a aussi bien réussi à transformer le paysage urbain et le regard qu’on y porte.

Conception et chorégraphie Willi Dorner
Assistance au chorégraphe Esther Steinkogler

Avec le soutien de Office culturel de la ville de Vienne + Austrian Ministry Of Arts And Culture, Bmukk

Création au Viertelfestival Nö – Industrieviertel, à Baden (Autriche) en 2007


Danse, danse-théâtre, danse-musique
(pour plus de détails sur les spectacles de danse, consultez le www.fta.qc.ca)

TRUST - Berlin-Amsterdam
Vidéo
26-27 mai à 20 h
Durée : 1 h 45
Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
En allemand avec surtitres français et anglais
Un spectacle de Schaubühne
Imprimer la critique

...la suite + critique de David Lefebvre

Crise de confiance
Le théâtre et la danse ne font plus qu’un. Et cette union symbiotique est au cœur d’une œuvre brillante, troublante et criante d’actualité. TRUST, tableau vivant aussi caustique que vigoureux sur fond de crise financière, pose une question essentielle, urgente : à l’heure où les couples se forment et se disloquent aussi vite que les valeurs boursières grimpent, puis chutent, peut-on encore croire en quelque chose, en quelqu’un ?

Au sein de ce chaos idéologique, l’individu, isolé, désarmé, ne sait que faire. C’est ce désarroi engourdissant, cette funeste incapacité à se secouer et à agir que décrivent le cinglant auteur allemand Falk Richter et l’éloquente chorégraphe néerlandaise Anouk van Dijk. Lui, par des monologues directs et des échanges corrosifs ; elle, par des enchevêtrements de corps en constant déséquilibre, mais tentant de se soutenir mutuellement jusqu’à ce que, inéluctablement, l’un ou l’autre se défile. Un superbe et saisissant spectacle de la mythique Schaubühne de Berlin.

Un spectacle de Schaubühne Am Lehniner Platz
Mise en scène et chorégraphie Falk Richter + Anouk Van Dijk
Avec Peter Cseri + Anouk Van Dijk + Lea Draeger + Jack Gallagher + Vincent Redetzki + Judith Rosmair + Kay Bartholomäus Schulze + Stefan Stern + Nina Wollny + Malte Beckenbach (Musicien)
Scénographie Katrin Hoffmann
Costumes Daniela Selig
Musique Malte Beckenbach
Dramaturgie Jens Hillje
Lumières Carsten Sander
Vidéo Julia Elger

Avec le soutien de Fondation néerlandaise des arts vivants + Communauté d’Amsterdam + Ambassade du Royaume des Pays-Bas
Coproduction Anoukvandijk dc
Présentation en collaboration avec Place des Arts + Goethe Institut + Ministère des Affaires étrangères de l'Allemagne
Création à la Schaubühne Am Lehniner Platz de Berlin en octobre 2009


critique de David Lefebvre

Depuis sa renaissance officielle, le FTA conjugue de merveilleuse façon plusieurs disciplines artistiques, dont plus spécifiquement la danse et le théâtre. Trust, le spectacle d’ouverture de cette 5e édition du TransAmériques, est un exemple des plus judicieux pour démontrer cette tangente amorcée en 2007.

Écrite lors de la crise économique mondiale qui a sévi aux États-Unis et en Europe, Trust questionne et réfléchit sur la désillusion, sur la perte de confiance envers les instances économiques, et à plus petite échelle, sur cet accablement envers les relations amoureuses qui se consomment, comme tout autre produit du marché. Un marché, finalement, en plein effondrement. Le constat en est presque désespérant : peut-on croire encore en quelque chose ou en quelqu’un ?

Grâce au génie de ses créateurs, Falk Richter aux textes et Anouk Van Dijk aux chorégraphies, Trust, créée à partir d’improvisations,est un sublime mariage de la sensibilité de la danse et de la richesse des mots et du jeu théâtral. Ainsi, les deux disciplines ne font pas que cohabiter, elles respirent ensemble, se parlent, s’enrichissent mutuellement. On sent le cynisme et le mordant de Richter dans chaque monologue, chaque dialogue, aussi creux soient-ils. Les échanges ne sont pas dénués d’humour, au contraire. Cinglants, plusieurs touchent la cible, comme ce groupe qui tente de sortir de son engourdissement en tentant de japper de façon agressive. Une certaine poésie se dégage aussi, dû aux phrases courtes, simples, et à la répétition de quelques passages par les comédiens. Malheureusement, je ne pourrai décrire davantage et plus en profondeur l’apport réel du texte sur la pièce. D’où j’étais, à l’extrémité de la salle, vers l’arrière, les surtitres étaient totalement illisibles, trop pâles parfois, et projetés toujours trop petits. Je n’ai pu capter que des bribes, ici et là. Et comme la langue de Goethe m’est passablement incompréhensible, mon attention – et celle de toute ma section, il va sans dire – s’est alors fixée sur la scène. Anouk Van Dijk, la créatrice de la contre-technique, qui associe un mouvement et son contraire, crée ici une édifiante chorégraphie qui non seulement accompagne le texte, mais le transcende, le dépasse. Les corps sont flasques, lâches, ou alors témoignent d’un constant déséquilibre. Les interprètes offrent une performance terriblement solide, sentie. Certains portés sont sidérants ; il faut voir comment Judith Rosmair est empoignée sans ménagement, telle une poupée, transportée et lancée. La finale, où enfin on arrive à une certaine symbiose des gestes, touche, sans contredit.

La scénographie de Katrin Hoffman offre beaucoup d’espace aux danseurs et comédiens. La structure rappelle un loft que l’on pourrait situer dans un entrepôt. Mais s’il y a bien une construction qui épate du début à la fin, c’est sans nul doute celle de l’environnement sonore composé par Malte Beckenbach. Savoureuse combinaison d’éléments acoustiques et électros, la musique de Beckenbach, interprétée sur scène par le musicien, est d’une qualité exceptionnelle.

C’est une performance visuellement captivante que nous proposent les concepteurs et les artisans de Trust, de la légendaire Schaubühne Am Lehniner Platz de Berlin. Un affligeant conte contemporain, aux tableaux parfois absurdes, qui relate avec intelligence cette crise majeure qui ébranle notre société moderne dépourvue de relations de confiance tangibles et réelles.

26-05-2011


Le Continental XL - Montréal
vidéo
26 mai - 22 h 00
27 mai - 22 h 00
28 mai - 22 h 00
29 mai - 16 h 00
Durée : 30 minutes
Événement extérieur gratuit
Place des Festivals
Sylvain Émard Danse

...la suite

Party chorégraphique
Sylvain Émard persiste et signe une nouvelle création de son continental réinventé. Porté par le succès électrisant de ses deux premières expériences au Festival TransAmériques, ce pilier de la danse contemporaine québécoise a osé rêver encore plus grand pour la réalisation du Continental XL. Il réunit 200 personnes et fait déferler sur la place des Festivals une immense vague de passion, de fougue et de joie de vivre. Un chassé-croisé où la danse contemporaine contamine la populaire danse en ligne. Un tsunami de bonne humeur.

Âgés de 12 à 72 ans, étudiants en danse ou purs amateurs, les interprètes du Continental XL sont tous atteints par un même virus. Terriblement contagieux. Celui du plaisir viscéral de la danse en ligne qui atteint ici des sphères insoupçonnées. Guidés par une poignée de danseurs professionnels et accompagnés en direct par DJ Mini, ils nous invitent au rendez-vous le plus festif et le plus rassembleur du FTA.

Un spectacle de Sylvain Émard Danse
Chorégraphie Sylvain Émard
Conception sonore Martin Tétreault
Musique en direct DJ Mini
Lumières Bruno Rafie
Assistanat-interprétation Nathalie Blanchet + Maryse Carrier + Mark Eden-Towle + Geneviève Gauvreau + Jean-François Légaré + Alexandre Parenteau + Julie Siméon + Catherine Viau + 200 danseurs amateurs

Coproduction Festival TransAmériques
Coprésentation Quartier des spectacles

Création le jeudi 26 mai 2011 à la Place des Festivals, Montréal


Derrière le rideau, il fait peut-être nuit - Montréal
vidéo
27 mai 19h, 28 mai 18h et 19h
Durée : 25 min
Société des arts technologiques
Un spectacle de 14 lieux, Anne Thériault et Martin Messier

...la suite

La peur au ventre
Inversion des rôles. Ce n’est pas le mouvement qui est à l’avant-plan de cette performance, c’est le son. Il nous prend par les sens pour nous faire vivre l’aventure d’une femme prisonnière de la nuit. Il creuse son chemin de l’oreille au cerveau pour nous glacer le sang. Malaxant la noirceur d’un espace troué par des lumières de fortune, il sculpte minutieusement les contours d’un décor dans nos imaginaires mis en alerte par un étrange dispositif scénique. Concentration extrême. Suspense. Révélé dans ses moindres bruissements, littéralement placé sous la loupe du son, le geste semble si proche qu’il pourrait être nôtre. Là, juste là, Derrière le rideau, il fait peut-être nuit.

Conçue par le compositeur-performeur Martin Messier et la chorégraphe-interprète Anne Thériault, cette courte pièce est un petit bijou de précision et d’inventivité qui abolit la distance entre la salle et la scène, et exalte le lien entre son et mouvement. Poignant.

Interprétation et dramaturgie Anne Thériault
Composition, traitement sonore et dramaturgie Martin Messier
Oeil extérieur Simon-Xavier Lefebvre

Présentation en collaboration avec Société des arts technologiques [SAT]
Création auFestival Akousma, Conservatoire de musique de Montréal, novembre 2009


El final de este estado de cosas, redux - Séville
Vidéo
27-28 mai à 20 h
Durée : 1 h 35
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Sièges réservés
Un spectacle de Compañía Israel Galván
Imprimer la critique

...la suite + critique de David Lefebvre

La peur mise à mort
Irréductible conquérant d’une identité chorégraphique ibérique libre et affirmée, le prodigieux Israel Galván réitère ses audaces sur les terres encore vierges du flamenco. Il en extrait la substantifique moelle et en magnifie le geste dans de fulgurantes ruptures et suspensions. Il en injecte l’essence dans une arabesque nerveuse, un pas léger de tarentelle, une grimace de butô. Toujours authentique, toujours juste dans ce qu’il incarne.

Après avoir marqué le Festival avec Arena (2007), il revient cette fois-ci entouré de 11 musiciens de flamenco, heavy metal et musique contemporaine pour se livrer à une variation sur L’Apocalypse dans El final de este estado de cosas, redux. De la catin de Babylone au conflit israélo-libanais, en passant par la confrontation avec ses propres démons, une danse endiablée pour combattre la peur. La fin de cet état de choses. C’est ce que signifie le titre. De fait, après cet exorcisme, rien ne sera plus comme avant. Ni le flamenco. Ni ce génial danseur-chorégraphe. Ni son public.

Un spectacle de Compañía Israel Galván

Chorégraphie et interprétation Israel Galván
Direction artistique Pedro G. Romero - Máquina Ph
Mise en scène Txiki Berraondo
Chant Inés Bacán + Juan José Amador
Guitare Alfredo Lagos
Percussions José Carrasco
Danse Bobote
Violon Eloísa Cantón
Basse Marco Serrato (« Orthodox »)
Guitare Ricardo Jimenez (« Orthodox »)
Batterie Borja Díaz (« Orthodox »)
Percussions Antonio Moreno (« Proyecto Lorca »)
Saxophones Antonio Bocanegra (« Proyecto Lorca »)

Production A Negro Producciones
Production en collaboration avec Agence andalouse pour le développement du flamenco - Junta de Andalucia + Union européenne

Présentation en collaboration avec Carrefour international de théâtre de Québec + Place des Arts

Création au Teatro de la Maestranza, Séville, en septembre 2008


Critique de David Lefebvre

La danse comme libération ultime d'une peur aux racines bien ancrées au fond de soi. Celle de la mort, de l'Apocalypse par saint Jean, l'angoisse d'un garçon à qui on lisait la Bible chaque matin, et qui en fut imprégné. Le chorégraphe et danseur sévillan, Israel Galván, nous propose la fin de l'état de toute chose, traduction littéraire de son plus récent coup d'éclat, El final de este estado de cosas, redux. Pourquoi redux? Pour rendre hommage à Apocalypse Now, de Coppola. Parce que selon Galván, il passe au travers la scène comme le personnage de Martin Sheen qui traverse la rivière Nung, une odyssée vers une certaine rédemption.

C'est une vidéo d'une ancienne élève, la talentueuse Yalda Younes, qui a d'abord inspiré Galván. Younes y danse, en empruntant humblement les pas de son professeur, sur fond sonore de guerre, enregistré lors des bombardements israéliens dans son Liban natal. Elle y exprime sa rage, son impuissance, qu'elle expulse de son corps outré. Un exorcisme dont nous sommes aussi témoins, projeté tout de suite après le tableau d'ouverture, sur la moitié gauche de la scène. Ce témoignage douloureux pousse Galván à affronter lui aussi ses démons et ses terreurs ; en résulte un spectacle puissant, transcendant, où chaque pas, chaque zapateado, interprète à sa manière un passage, un mot des écritures de saint Jean. L'homme propulse encore une fois le flamenco loin du cliché des lamentations et des fêtes de rue ; il crée un langage hybride, jumelant d'autres formes d'expressions corporelles, pour expérimenter la mort dans tous ses états.

Pour preuve, El final commence par un numéro de butô japonais, pieds nus, dans le sable. Masque en place, au faciès défiguré, le corps de Galván se désarticule, se tord, s'enlaidit, se métamorphose en créature du néant. Convulsions, révulsions, c'est le théâtre des tourments. Suivent des tableaux qui frappent l'imaginaire et qui hantent encore le spectateur bien après la représentation. C'est une fin du monde : tremblement de terre, le danseur s'exécute sur un plancher mobile, trampoliné, d'une vibrante fougue. Il apparaît ensuite en putain de Babylone, boule disco, musique métal hurlant, gracieuseté du groupe espagnol Orthodox. Désintégration d'un tambour, furieuse tarentelle italienne, l'homme affronte finalement en face la mort en dansant dans sa propre tombe. Entre quatre planches, c'est l'ultime bataille d'un corps appelant la vie de toute ses forces, perdant peu à peu de son ardeur ; bouleversant. Séparé, donc, en cinq parties, El Final est une furieuse traversée, même si certaines chorégraphies mériteraient un resserrement. En éliminant ainsi une ou deux longueurs, les moments plus charnières, plus viscérales de l'histoire, se verraient être encore plus saisissants. 

Accompagné par 11 musiciens qui occupent une place de choix dans ce El Final, dont les fidèles Inés Bacán et Juan José Amador au chant, le génialissime Alfredo Lagos à la guitare et José Carrasco aux percussions, Israel Galván ne suit pas la musique, c'est elle qui s'appuie sur son rythme pour exister. Tout semble provenir du corps du danseur, chaque mouvement magnifiant l'environnement sonore et visuel immédiat.

À 38 ans, l'homme à qui l'on doit une modernisation presque salvatrice du flamenco est au faîte de sa forme et possède une technique unique et identifiable au premier coup d'oeil. Il avait littéralement captivé et conquis la critique et la foule en 2007 lors de la première édition du Festival TransAmériques, avec son spectaculaire Arena. Explorant la mort sous un tout autre angle, une thématique qui revient souvent chez Galván, il s'aventure ici dans des zones beaucoup plus sombres et denses ; en résulte une danse avec la mort dont personne n'en sort indemne.

28-05-2011


Pororoca - Rio de Janeiro
Vidéo
28-29-30 mai à 19 h
Durée : 1 h
Usine C
Un spectacle de Lia Rodrigues Companhia De Danças
Imprimer la critique

...la suite + critique de Mélanie Thibault

Les eaux de Babel
Pororoca. Le mot désigne le puissant corps à corps entre les flots rugissants de l’Amazone et les courants de l’océan Atlantique où il se jette. Pour Lia Rodrigues, il devient métaphore de la rencontre des différences. Elle agite la scène d’une houle incessante, dresse ses 11 danseurs en une fougueuse vague multicolore, masse fluide d’énergie compacte qui se gonfle, roule, se brise et se reforme dans une nouvelle étreinte des corps. Un nouveau choc avant la prochaine accalmie. Une nouvelle tentative de trouver le point de bascule qui va transformer le chaos en harmonie. Les gestes sont nerveux ; les souffles, rauques. Trouver sa place dans le frottement des chairs. Être. Être ensemble. Un défi de toujours.

Après avoir maculé le Festival du sang-ketchup d’Incarnat (2007), la chorégraphe brésilienne vient l’éclabousser d’une beauté crue nourrie de rage, d’espoir et d’animalité. Une fois encore, dans le silence le plus total. Un silence d’une rare éloquence.

Un spectacle de Lia Rodrigues Companhia De Danças

Création Lia Rodrigues
Création et interprétation Jamil Cardoso + Francisco Cavalcanti + Thais Galliac + Ana Paula Kamozaki + Lidia Larangeira + Amália Lima + Gabriele Nascimento + Calixto Neto + Leonardo Nunes + Paula De Paula + Bruna Thimotheo
Participation à la création Allyson Amaral + Carolina Campos + Volmir Cordeiro + Priscill A Maia + Clariss A Rego
Dramaturgie Silvia Soter
Costumes João Saldanha + Marcelo Braga
Lumières Nicolas Boudier

Coproduction Centre national de danse contemporaine (Angers) + Théâtre le Quai
Avec Théâtre Jean Vilar (Vitry-sur-Seine) + Théâtre de la Ville - Festival d’automne (Paris) + Kunstenfestivald Esarts (Bruxelles)

Avec le partenariat de Redes de Desenvolvimento Da Maré
Avec le soutien de Espaço Sesc (Rio de Janeiro) + Fondation Prince Claus pour la culture et le développement + Petrobrás
Présentation en collaboration avec Usine C

Création au Théâtre le Quai, Paris, en novembre 2009


Critique de Mélanie Thibault

Pas une musique, pas un mot, de rares cris que le mouvement amène dans son tourbillon. Brisant le silence, le bruit des frôlements, des portées, des chevauchements, un joyeux bordel qui semble d’abord fait de hasard, puis de rigueur. 

Onze danseurs se partagent l’espace, inspirés non seulement par les favelas de Rio, pied-à-terre de la compagnie, mais du Brésil entier. La création d’une heure est le résultat surprenant d’un état de corps qui répond au partage d’un espace par groupe.

Pororoca correspond en français au mascaret, moment de suspension avant qu’une vague ne se forme. Cette composition rythmique et spatiale sur scène est troublante parce qu’elle ne change jamais complètement d’ambiance. Des arrêts viennent briser ces enchevêtrements de corps à corps : moments révélateurs de grande beauté.

Dans le tumulte de ces vies à bout de souffle, la pièce est une bouffée d’air frais. Les danseurs de toutes tailles et de toutes couleurs, représentatifs d’un Rio hétéroclite, s’investissent avec une humanité touchante. Des images qui marquent.

29-05-2011


Oh deer! - Montréal
Vidéo
30-31 mai et 1er juin à 19 h
Durée : 1 h
Agora de la danse
Un spectacle de Chanti Wadge
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 31 mai

...la suite

Périple initiatique
Dans une nuit profonde pulsant du souvenir lointain des origines du monde, deux individus se dépouillent des oripeaux d’humains civilisés et retrouvent leur essence animale. Ils s’enfoncent dans la forêt, renaissent, font corps avec la terre. Ils s’affrontent, ils s’allient, respirent avec la terre. Courageux prospecteurs en recherche d’équilibre, ils libèrent leur vision des filtres de l’ordinaire quand le bois révèle son mystère et partage avec eux sa mémoire millénaire.

Dans o deer!, la chorégraphe montréalaise Chanti Wadge révère la puissance de la nature sauvage et ce qu’elle a de précieux. Passant d’une réalité concrète à une imagerie onirique empreinte de rituels chamaniques, elle traduit l’importance pour chaque être vivant de rester connecté à soi, aux autres et à l’environnement. Une idée qui filtre tout naturellement à travers un objet chorégraphique teinté d’humour et d’une grande poésie visuelle et sonore. Spirituel et écologique.

Un spectacle de Chanti Wadge

Chorégraphie, direction artistique Chanti Wadge
Interprétation David Rancourt + Chanti Wadge
Répétitrice et conseillère artistique Karine Denault
Musique, conception sonore Alexander Macsween
Scénographie et costumes Linda Brunelle
Lumières Lee Anholt

Coproduction Festival TransAmériques
Présentation en collaboration avec Agora de la danse

Création à Lille (France), Festival « Les Reperages », en mars 2010


Still Standing You - Gand, Belgique
vidéo
1er, 2 et 3 juin à 21 h
Durée : 45 min
Théâtre La Chapelle
Un spectacle de Campo
Chorégraphie : Pieter Ampe
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 2 juin

...la suite

D’homme à homme
Pas de tabous, pas de faux-semblants. La relation de Guilherme Garrido et Pieter Ampe est tissée de pulsions contradictoires que le tandem luso-belge expose sans pudeur dans Still Standing You. Sont-ils amis, amants, frères, rivaux ? On ne saurait jurer de rien, si ce n’est de la vigueur de leurs affrontements. De tapes dans le dos en coups de ceinture claqués sur la peau nue, de jeux de pouvoir en actes de rébellion, ils éprouvent la force de leur lien et se poussent mutuellement dans les cordes d’un ring imaginaire. Mais la violence est mâtinée d’un humour ravageur. Dans les corps suants et haletants s’enracinent avant tout complicité, confiance et tendresse partagée.

À l’aube de la trentaine, ce duo atypique de créateurs européens poursuit une recherche engagée voilà quelques années. Déchirant le silence et l’espace nu d’une puissance virile à l’état brut, ils renouvellent le regard sur la masculinité et sur la danse. 100 % testostérone !

Un spectacle de Campo

Chorégraphie et interprétation Pieter Ampe + Guilherme Garrido
Dramaturgie Rita Natálio
Oeil extérieur Louise Van den Eede
Coproduction Stuk (Louvain) + Buda (Courtrai)

Création à Gand, Belgique en avril 2010.


Road Trip (Je ne regrette rien) - Toronto
vidéo
2-3-4 juin 18 h
Durée : 30 h
Studio Hydro-Québec du Monument-National
Un spectacle de Susie Burpee et Linnea Swan
Imprimer la critique

...la suite + critique de Sara Fauteux

Double inconstance
Deux femmes clouées sur place en pleine action. Le feu des projecteurs les a figées comme deux lapins surpris par une voiture au beau milieu de la nuit. La première image de Road Trip (je ne regrette rien) laisse supposer que quelque chose de grave est arrivé. Son intrigue palpitante et subtilement déstructurée amplifie ce sentiment sans jamais l’éclaircir. La seule grande évidence est le lien viscéral entre les personnages. Un lien rongé par l’ambivalence et par l’irrésoluble rivalité féminine. Complexité de la nature humaine. Engagement absolu des corps dans les montagnes russes d’un face-à-face tragicomique.

Concoctée par Susie Burpee et Linnea Swan, jeunes créatrices basées à Toronto, cette courte pièce porte la marque d’une signature affirmée qui conjugue danse contemporaine et art du bouffon. Burlesque et tension dramatique se fondent naturellement dans un scénario qui superpose les univers de David Lynch et des Monty Python. Délicieusement extravagant.

Création et interprétation Susie Burpee et Linnea Swan
Conseil artistique Marie-Josée Chartier
Musique Rachel’s
Présentation en collaboration avec Monument-National

Création au Canada Dance Festival, Ottawa, Ontario, juin 2010


Critique de Sara Fauteux

Malgré les robes du soir que portent les interprètes, il n'y a rien de guindé dans Road Trip (je ne regrette rien). C'est plutôt la simplicité qui fait la force de la chorégraphie élaborée par Susie Burpee et Linnea Swan. À noter, à cause d'une blessure, Burpee a dû être remplacée par Sasha Ivanochk pour les représentations du FTA.

Le spectacle repose sur le lien qui unit les deux femmes. Tour à tour, elles se soutiennent, se repoussent et se dominent l'une l'autre. Les dynamiques se transforment et se révèlent à un rythme soutenu qui captive le spectateur. Sur une scène presque vide, à l'aide de quelques accessoires, elles font vibrer de manière évocatrice leur rivalité et leur solidarité.

Le numéro allie habilement gestuelle clownesque et danse moderne. On y retrouve à la fois des situations concrètes représentées par des gestes plus réalistes et l'évocation abstraite et gracieuse de la danse. Le dosage parfait de ces langages du corps nous permet d'intellectualiser juste ce qu'il faut tout en se laissant porter par les corps et les mouvements.

Ivanochk et Swan donnent à voir avec Road Trip un spectacle court et percutant, interprété avec précision et dont l'hybridité est parfaitement maîtrisée.  

03-06-2011


Hit and Fall - Montréal
vidéo
2-3-4 juin 19 h
Durée : 30 min
Salle de répétition du Monument-National
Un spectacle de 14 lieux

...la suite

Confrontation percussive
L’attaque est explosive. Le son claque dans l’espace et impose sa loi. Le mouvement s’y bute comme contre une porte vitrée. Il y puise sa force et y trouve sa perte. Hit and fall. Le compositeur-performeur Martin Messier et la chorégraphe-interprète Caroline Laurin-Beaucage se lancent à corps perdus dans un ardent échange autour d’une batterie. Un combat sans merci entre la chair et le son. Pas de balais pour caresser les peaux ni de roulements de tambour pour annoncer la couleur. Démembrée et à terre, la bête percussive se laissera peut-être amadouer. Mais pour un temps seulement. Invincible, impassible, elle regardera la danseuse s’abîmer dans une lutte aussi furieuse que vaine.

À partir de leur connexion corporelle à la batterie, les deux créateurs québécois poussent leurs recherches respectives sur le lien puissant entre musique et danse dans cette courte pièce construite en quatre tableaux frénétiques. Des percussions en perfusion qui font monter l’adrénaline.

Chorégraphie et interprétation Caroline Laurin-Beaucage
Composition musicale et interprétationMartin Messier
Oeil extérieur Sarah Hanley

Présentation en collaboration avec Monument-National
Création au Bain Saint-Michel, Montréal, juin 2009


Behind : Une danse dont vous êtes le héros - Montréal
vidéo
2, 3 et 4 juin à 20 h
Durée : 25 min
Studio Hydro-Québec du Monument-National
Un spectacle de maribé – sors de ce corps

...la suite

Une énigme à résoudre
Pourquoi une chorégraphe dirigerait-elle ses danseurs sans jamais voir comment leur corps habite l’espace ? Marie Béland s’est imposé cette folle contrainte pour calibrer au millimètre près une audacieuse expérience. Dans Behind : une danse dont vous êtes le héros, elle nous invite, en quelque sorte, à regarder la chorégraphie par le trou de la serrure. À nous de la deviner en observant les ombres portées des danseurs et le reflet diffus de leurs silhouettes sur le tapis de danse. À nous de mettre en images les échanges de plus en plus musclés d’un invisible couple, en s’accrochant aux indices sonores et visuels distillés au compte-gouttes. Quand s’ouvriront donc ces foutus panneaux qui obstruent la vision ?

Chorégraphe parmi les plus dynamiques de la génération montante, Marie Béland radicalise ici son questionnement sur les codes de la représentation et sur la relation au spectateur. Une expérience sensorielle et fantasmatique aussi inattendue que jouissive.

Création Marie Béland
Collaboration à la création et interprétation Rachel Harris + Peter Trosztmer
Dramaturgie Katya Montaignac
Musique Avec Pas d’Casque (Stéphane Lafleur + Nicolas Moussette + Joël Vaudreuil)
Lumières Frédérick Gravel
Décor Frédérick Gravel + Jonathan Inksetter

Présentation en collaboration avec Monument–National

Création à Tangente, Montréal, décembre 2010


Lanx + Obvie + Nixe + Obtus - Genève, Suisse
vidéo
Lanx + Obvie 3, 4 juin 18 h et 5 juin à 16 h
Durée : 1 h
Nixe + Obtus 3, 4 juin 20 h et 5 juin à 18 h
Durée : 1h20
Agora de la danse
Un spectacle de Cie Greffe
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 4 juin
Imprimer la critique

...la suite + critique des deux spectacles par Daphné Bathalon

Odes au corps et à la vie
Le corps humain, complexe, essentiel, inexorable, est à la fois objet d’étude et de passion pour Cindy Van Acker. En exposant celui des interprètes de ses soli Lanx, Obvie, Nixe et Obtus à l’ombre et à la lumière, en les rendant tour à tour visibles et invisibles, en les soumettant à la rapidité, puis à la lenteur, c’est l’essence même du temps, du mouvement et de la vie que la chorégraphe parvient à extraire. Dans Lanx, Van Acker elle-même soude son corps au sol, celui-ci devenant presque le partenaire d’un duo aussi organique qu’hypnotique. Obvie couple cette horizontalité graphique à une fluidité presque aérienne. La lumière des néons et l’accompagnement sonore de Mika Vainio créent dans Nixe une quasi-apesanteur, une atmosphère irréelle et obsédante, tandis qu’ils suscitent, dans Obtus, des mouvements angulaires et diaphanes. Quatre soli distincts, fruit d’une recherche viscérale et magnifique.

Lanx / Obvie Chorégraphie Cindy Van Acker
Interprétation Cindy Van Acker (Lanx) + Tamara Bacci (Obvie)
Création sonore Mika Vainio (Lanx) + Denis Rollet (Obvie)
Lumières Luc Gendroz (Lanx) + Denis Rollet (Obvie)
Scénographie (Lanx) Line Fontana + Cindy Van Acker
Réalisation scénographique Victor Roy
Costumes Aline Courvoisier Nixe / Obtus
Chorégraphie Cindy Van Acker
Interprétation Marthe Krummenacher (Obtus) + Perrine Valli (Nixe)
Création sonore Mika Vainio
Lumières et scénographie Luc Gendroz + Victor Roy + Cindy Van Acker
Costumes Aline Courvoisier

Coproduction Festival Electron (Lanx) + Association Circonstances + ADC Genève (Obvie) + La Bâtie-Festival de Genève (Nixe et Obtus)
Avec le soutien de Ville de Genève + Canton de Genève + Pro Helvetia + Loterie romande
Présentation en collaboration avec Agora de la danse

Création de Lanx au festival Electron, Genève, mars 2008.

Création de Obvie à l'ADC (Association pour la danse contemporaine), Genève, mars 2008,

Création de Nixe et Obtus à La Bâtie - Festival de Genève, août 2009.


Critique de Daphné Bathalon

On dit de Cindy Van Acker, chorégraphe d’origine flamande mais habitant la Suisse, qu’elle s’adresse moins à l’intellect qu’aux perceptions. On aurait tort en effet de chercher dans les quatre des six soli présentés au FTA, à vouloir élaborer à tout prix des bribes d’histoires auxquelles se raccrocher. Pour un public de théâtre, la tâche est rude. Le spectacle de Van Acker touche la recherche pure du mouvement. Il faut être attentif aux gestes, aux jeux de lumière, à la musique, s’accrocher jusqu’à ce que l’esprit, lui, décroche du sens et s’agrippe aux mouvements. Tandis que, engourdi, on cesse de réfléchir, les gestes lents ou rapides des danseuses se fragmentent et se multiplient. Un simple mouvement du bras se décline alors en dizaine de petits déplacements dans l’espace. Les visages, ici, n’ont pas d’histoires ni d’émotions. Fixes, ils disparaissent souvent dans l’ombre.

Dans Lanx (plateau), Cindy Van Acker exécute elle-même sa chorégraphie, un surprenant duo avec le sol. On ne voit que sa silhouette verte sur la surface toute blanche, puis ses bras s’animent. Dans un mouvement d’abord lent puis rapide et à nouveau lent, elle crée une succession de gestes avec les bras, qu’on dirait détachés de son propre corps. L’arythmie des mouvements laisse croire que le corps n’exerce plus aucun contrôle sur les membres alors que la chorégraphe fait montre d’une parfaite maîtrise. Tandis que nos yeux suivent à la trace les déplacements de Van Acker, nos oreilles sont captives de la bande sonore signée Mika Vainio. Les grésillements, de plus en plus forts et présents, sont peu à peu envahis par un bourdonnement qui confine à l’acouphène dans les dernières minutes de la chorégraphie. C’est à ce moment que les spectateurs se redressent et fixent toute leur attention, auparavant chancelante, sur ce qui se passe sur scène. La danseuse poursuit ses mouvements au sol tandis que la lumière diminue, donnant l’impression d’un mouvement perpétuel. Une finale saisissante pour ce premier solo.

Il est suivi, après une courte pause, d’Obvie. Dans ce solo, le corps de la danseuse Tamara Bacci ploie lentement et s’étale au sol. Chaque série de neuf mouvements de base qu’elle exécute est répétée inlassablement, à différentes vitesses, si bien que les gestes semblent parfois angulaires, parfois courbes selon la vitesse d’exécution. Toujours, le corps paraît vouloir s’arracher au sol, mais y revient, irrémédiablement attiré. C’est un solo plus difficile à apprécier, du fait de la répétition des mouvements qui lasse rapidement.

Le second spectacle, présenté une heure plus tard, propose deux autres soli. Dans le premier, Nixe (nymphe aquatique), deux rampes de néons, une horizontale et une verticale, découpent la silhouette de la danseuse Perrine Valli au fur et à mesure qu’augmente leur luminosité. Toute la scène est plongée dans le noir et seules ces sources lumineuses éclairent tour à tour les membres de la danseuse dont les mouvements lents évoquent une danse aquatique. L’œil doit constamment s’efforcer de capter les gestes dans la semi-pénombre. Là aussi, la répétition des gestes lasse cependant, et la bande sonore, moins nuancée que pour Lanx, crée un effet hypnotique auquel il est difficile de résister.

La série proposée par Van Acker se termine avec Obtus, dans lequel une ligne horizontale de néons dévoile peu à peu le profil de Tamara Bacci. Rien, en dehors de ce qui est éclairé ne semble exister. Un demi-corps flotte ainsi au-dessus de la lumière, sans attaches. Chaque mouvement qui l’éloigne de la lumière le fait disparaître. À la fin, seul un membre isolé, tantôt un bras, tantôt un pied, parfois émerge de la noirceur. Un visage de profil apparaît brièvement, puis est avalé par l’obscurité comme si elle était opaque. L’image n’est pas sans rappeler le travail de Denis Marleau avec l’ombre et la lumière. Quand la lumière n’éclaire plus que faiblement le corps de la danseuse, celle-ci devient une étrange bête à quatre pattes, notre esprit tentant de reconstituer son humanité sans y parvenir.

La musique, les jeux de lumière, la répétition des gestes et les variations de rythme concourent à rendre l’expérience à la fois saisissante et déroutante. Pour quiconque cherche à trouver un sens aux mouvements, la partie est perdue d’avance, mais pour peu que l’on accepte de n’y voir que la beauté du mouvement en soi, on explore avec Cindy Van Acker le corps dans toutes les possibilités de mouvement qu’il offre.

04-06-2011


What's Next ? - Montréal
vidéo
Danse-théâtre
6 au 9 juin à 21 h
Durée : 1 h 15
En français
Changement de salle : 1300 St-Patrick - Théâtre d'Aujourd'hui
Un spectacle de Transthéâtre
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 7 juin

...la suite

Elle, lui, la scène et la vie
What’s Next ?
est le prolongement de l’amitié indéfectible d’une femme et d’un homme, d’une metteure en scène et d’un chorégraphe, d’une amoureuse des mots et d’un maître du mouvement. Une œuvre hybride en tableaux, dont certains, chronologiques et narratifs, relatent les épisodes marquants de cette relation, tandis que d’autres, fantasmagoriques, lyriques ou insolites, résultent des improvisations non censurées de Brigitte Poupart et Dave St-Pierre. Deux artistes téméraires qui après avoir déjà repoussé les frontières de l’exploration scénique – qu’il s’agisse de nudité, d’intimité ou de franc-parler – se demandent jusqu’où ils pourront encore aller. What’s Next ?

Car, tout est possible pour des créateurs de cette envergure, animés, depuis la greffe bipulmonaire qu’a subi in extremis Dave St-Pierre en 2009, d’un incommensurable sentiment d’urgence. Puisque la grande faucheuse a échoué à séparer les deux comparses, ceux-ci sont, plus que jamais, prêts à tout pour créer un art qui vit, qui parle et qui secoue.

Création et interprétation : Brigitte Poupart et Dave St-Pierre


S'envoler - Montréal
vidéo
7 et 8 juin à 19 h
Durée : 1 h
Agora de la danse
Rencontre avec les artistes après la représentation du 8 juin
Un spectacle de Création Caféine + Montréal Danse
Imprimer la critique

...la suite + critique de Mélanie Thibault

Les ailes du désir
Sur l’étendue blanche immaculée de la scène avance un escadron timide et agité. Une innocente couvée d’oisillons qui s’aventure à la conquête du vaste monde. Les corps frétillent, se butent les uns aux autres, s’animent d’une frénésie irrépressible. Bien sûr, le danger rôde. Mais comment ignorer les impulsions soudaines qui les poussent hors du groupe ? Tiraillés par la peur, fouettés par le désir, les 12 danseurs s’éloignent et puis reviennent dans un roulement perpétuel de valses-hésitations et furieux décollages. De maladresses cocasses en audaces glorieuses, ils finiront par S’envoler.

Estelle Clareton s’est abondamment inspirée des oiseaux migrateurs pour croquer une lumineuse métaphore de la conquête de l’autonomie et de la liberté. Avec grâce et fluidité, elle traduit le mouvement de la vie dans une volée chorégraphique dominée par la fougue, la tendresse et la joie. Un saut de l’ange vertigineux dans l’ivresse de la danse.

Création Estelle Clareton en collaboration avec les interprètes
Interprétation Dominic Caron + Estelle Clareton + Noémie Godin-Vigneau + Marie-Eve Lafontaine + Sylvain Lafortune + Frédéric Marier + Mathilde Monnard + Brice Noeser + Rémi Ouellette + Alexandre Parenteau + Esther Rousseau-Morin + Jamie Wright
Dramaturgie Stéphanie Jasmin
Conseillère artistique Kathy Casey
Musique Eric Forget
Eclairages Martin Labrecque
Costumes Marie-Chantale Vaillancourt
Vidéo Ben Philippi

Coproduction Agora de la danse
Présentation en collaboration avec Agora de la danse

Création à l’Agora de la danse, Montréal, septembre 2010.


Critique de Mélanie Thibault

Un must lors des représentations antérieures à Montréal : S’envoler continue de faire des heureux pour le FTA avec une ovation bien sentie à la fin de la représentation d’hier.

L’humanité de ses danseurs est fascinante. Ils sont aussi vifs que des volatiles. Douze belles bêtes qui luttent, semble-t-il, pour trouver leur coin de soleil. Pétillant de propositions et rassembleur dans l’humour cocasse de certaines situations, c’est tout en subtilité que chaque tableau crée un tout qui conduit tout droit au septième ciel. Les mouvements gracieux comme maladroits s’alternent en toute harmonie, sans qu’un moment du spectacle ne soit figé.

Une heure est si vite passée en compagnie de ces oiseaux du futur qui, bien que cadrés dans des individualités par un choix de costume distinct de Marie-Chantale Vaillancourt, se rassemblent dans ce désir de suivre, de plaire, de se sentir moins seuls. La musique d’Éric Forget et les éclairages de Martin Labrecque installent le spectateur dans un flottement digne des plus grands voyages.

Cette création de la jeune chorégraphe présente la fraicheur et la gravité de notre société actuelle aux prises avec le devoir, séduit par le rêve. Clareton décrivait cette création comme étant plus intime que les précédentes et plus ludique, sans tomber dans l’émotivité, au profit du ludisme. Une analyse judicieuse mise sous les projecteurs. Sautez sur l’occasion !

08-06-2011


Last Meadow - New York, États-Unis
vidéo
9 et 10 juin à 20 h, 11 juin à 16 h
Durée : 1 h 30
Théâtre Rouge - Conservatoire d'art dramatique de Montréal
Un spectacle de Miguel Guttierez and The Powerful People
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 10 juin

Imprimer la critique

...la suite + critique de Daphné athalon

L’envers de l’Éden
S’attaquant avec hardiesse au mythe de James Dean sur une scène presque nue évoquant un plateau de cinéma, le chorégraphe new-yorkais Miguel Gutierrez met à mal l’image d’une Amérique toute-puissante et bien-pensante. Catapultés tour à tour dans l’espace vide des illusions perdues et sur le grand écran blanc des rêves à formuler, les personnages de La fureur de vivre, d’À l’est d’Éden et de géant révèlent leurs failles et leurs contradictions. Sensualité, ambivalence sexuelle, désir contrarié et jeux de pouvoirs animent ce trio détonant.

Œuvre hybride à l’esthétique queer, Last Meadow brouille les pistes à mesure qu’elle les trace par un habile travail de déconstruction et de déformation. Époques, genres, textes et musiques s’y superposent et s’y mélangent. Les corps s’y démènent jusqu’à l’épuisement.

Chorégraphie Miguel Gutierrez en collaboration avec les interprètes
Participation a la création Alex Anfanger + Neil Medlyn
Interprétation Michelle Boulé + Miguel Gutierrez + Tarek Halaby
Son Neal Medlyn
Costumes David Tabbert
Lumières Lenore Doxsee 

Présentation avec le soutien Mid Atlantic Arts Foundation

Création au Portland Center for the Performing Arts, septembre 2009


Critique de Daphné Bathalon

Il y a de ces spectacles qui, malgré tous les efforts fournis par le spectateur, demeurent en grande partie obscures. Des premiers instants de la représentation jusqu’au salut final, de brefs éclairs de lucidité nous font penser avoir saisi le fil de l’histoire ou de la réflexion du metteur en scène, puis le fil nous échappe à nouveau et nous voilà, bouche semi-ouverte, à chercher à rattraper l’idée perdue. Last Meadow fait partie de ces spectacles qui vous bousculent, vous agacent tout à la fois, et vous ennuient aussi, un peu, parfois.

S’inspirant de la personnalité de James Dean et surtout de trois des films auxquels il a participé (À l’est d’Eden, Géant et La fureur de vivre),  Miguel Gutierrez, le maître d’œuvre du spectacle, a placé cet acteur au cœur de sa création, se jouant des conventions cinématographiques tout en laissant une large place à la danse et aux mouvements. Pour interpréter James Dean, qu’il décrit comme un être à la fois lunatique, sexy et androgyne, Gutierrez a choisi Michelle Boulé, alors qu’il a attribué le rôle de la petite amie à Tarek Halaby, formant, avec le troisième personnage qu’il interprète, un atypique triangle amoureux. Leurs échanges, autant physiques que verbaux, dynamisent toute la représentation et c'en est le principal point d’intérêt, notamment les scènes de tournage où les acteurs reprennent encore et encore la même séquence, et les scènes où Boulé décrit chacun des gestes de la chorégraphie (stop, go back, laugh, crazy face, etc.), comme si elle nous lisait les didascalies du spectacle.

Trois fois hélas, ces moments plus percutants sont rares, car le plus souvent, les dialogues se perdent dans le brouhaha, pour ne pas dire la cacophonie ambiante. Loin de permettre aux spectateurs de comprendre la teneur du discours, le metteur en scène a fait le choix délibéré de créer des chœurs dissonants, des canons de voix qui avalent un mot sur deux, ne laissant pas l’opportunité au spectateur de s’immerger dans l’action. Au contraire, il en est brutalement exclu, les oreilles bourdonnantes et la tête trop pleine de cris et d’onomatopées, souvent inintelligibles car enterrés par la voix des autres acteurs ou par la musique très forte. Certaines séquences, qui s’apparentent à de l’hystérie collective, irritent plus qu’elles ne choquent ou surprennent, tandis que d’autres laissent dubitatives. Ainsi, brillante est l’idée de faire un entracte sur scène, mais personne dans la salle n’a compris qu’il pouvait lui aussi se délasser les jambes et l’esprit. Brillante aussi cette idée de poursuivre le spectacle pendant le salut et même après, alors que les lumières sont rallumées et le spectacle « terminé ».

Mais parce qu’au sortir de la salle, le sentiment qui domine est celui de l’agacement, agacement de n’avoir pas compris ce à quoi on vient d’assister, il y a lieu de se demander si pour la majorité des spectateurs, Last Meadow ne rate pas sa cible.

10-06-2011


Tempest: Without A Body - Aukland
vidéo
10 et 11 juin à 20 h
Durée : 1 h 30
Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
Un spectacle de MAU
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 10 juin

Imprimer la critique

...la suite + critique de Mélanie Thibault

Le crépuscule des libertés
Sur une planète où la vie se dessine en clair-obscur, d’étranges mélopées semblent sonner le glas d’un monde en perdition. Un homme se démène dans une poussière de cendres. Un ange aux ailes trop courtes hurle son impuissance. Un fauve tourne en rond dans une cage de lumière. Un groupe entame une danse à l’unisson. Surgis d’un temps où passé et futur se sont télescopés, les personnages d’une galerie de tableaux minimalistes et ultra stylisés opèrent un lent cérémonial énigmatique et bouleversant.

Œuvre coup-de-poing d’une sombre beauté, Tempest: Without a Body est une réponse aux politiques post-11 septembre qui engendrent la perte des libertés individuelles. Son auteur, le chorégraphe néo-zélandais d’origine samoane Lemi Ponifasio, ouvre le champ de la création contemporaine avec une signature unique, imprégnée de cultures océaniques et libre de tout cliché. Un artiste majeur à découvrir d‘urgence.

Concept, scénographie, chorégraphie, texte et mise en scène Lemi Ponifasio
Interprétation Frances Chan + Kelemete Fu’a + Tame Iti + Ioane Papalii + Helmi Prasetyo (Teater Ruang) + Tangaroa Taara + Teataki Tamango + Gerard Tatireta + Arikitau Tentau + Maereke Teteka + Burebure Tibwere
Lumières Helen Todd

Avec le soutien de Arts Council Creative New Zealand

Présentation en collaboration avec Place des Arts


Critique de Mélanie Thibault

En lenteur, esthétique épurée, le créateur Lemi Ponifasio joue sur les extrêmes en amenant des images fortes ou chaque détail happe. La clarté de rares rayons lumineux amène de la densité à la noirceur qui mobilise la scène du début à la fin de la pièce d’une heure trente minutes.

L’impuissance du bonheur face à un monde en complète perdition est le constat tragique qui ressort de cette représentation. Une troublante mise en perspective amenée avec sobriété, guidée par des personnages témoignant, comme un cri du cœur, du désastre contemporain.

Un ange désespéré aux ailes minuscules, des danseurs sortis d’un temps indéfini, un animal errant, un homme tatoué mobilisé par le rite, tous s’alternent dans le chant cérémonieux du mal-être. Rien n’est plus triste dans ce paysage dévasté qui résume avec sensibilité et intelligence le gouffre dans lequel l’humain s’enfonce. Une dérive indescriptible qu’il faut vivre pour se ressaisir au plus vite avant que notre ange intérieur ne se fane. 

12-06-2011


The You Show - Vancouver
vidéo
9, 10 juin 20 h et 11 juin à 16 h
Durée : 2 h (avec entracte)
Usine C
Un spectacle de Kidd Pivot Frankfurt RM
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 9 juin

Imprimer la critique

...la suite + critique de Mélanie Thibault

Dans l’œil du spectateur
Ralenti, pause, flash-back. Crystal Pite fabrique un kaléidoscope chorégraphique en quatre tableaux, où l’image de l’amour idyllique et de l’entente parfaite se fracasse dans ses propres reflets. Un banal incident conjugal se transforme en un combat de titans. L’effondrement d’un couple est commenté en voix off. Les atmosphères sont irréelles. Les neuf danseurs, électrisants. La parfaite alchimie entre geste, son et lumière éveille l’imaginaire du spectateur, le fait glisser au cœur même de l’action. C’est de lui que parle The you show.

La chorégraphe vancouveroise conjugue humour et sensibilité dans ces courtes pièces aux couleurs contrastées. Son sens aigu de la théâtralité fait le grand écart entre lyrisme et débordements désopilants d’un pastiche de comics. Elle passe de la tension au relâchement en un quart de seconde, décompose le mouvement dans une gestuelle organique qui traduit aussi bien la vulnérabilité des êtres que l’incroyable puissance de la machine humaine. Magnétique. Brillant.

Chorégraphie Crystal Pite
Interprétation Eric Beauchesne + Peter Chu + Sandra Marín Garcia + Yannick Matthon + Rena Narumi + Anne Plamondon + Jiří Pokorný + Cindy Salgado + Jermaine Maurice Spivey
Musique Owen Belton
Texte Crystal Pite
Eclairages Robert Sondergaard
Costumes Linda Chow 

Coproduction Kidd Pivot Frankfurt Rm + Künstlerhaus Mousonturm + Gemeinnütziger Kulturfonds Frankfurt Rhein Main
Coprésentation Agora de la danse

Présentation en collaboration avec Usine C
Avec le soutien Goethe Institut

Création : Künstlerhaus Mousonturm, Francfort, novembre 2010


Critique de Mélanie Thibault

Neuf danseurs, quatre tableaux où ils se produisent principalement en duo. Un spectacle pour le spectateur, explique la chorégraphe Crystal Pite. Plus facile de s’identifier avec deux personnes sur scène. Sauf pour ceux qui se sentent comme une bande de jeunes à eux tout seuls. Car, ce qui a fait lever la foule est ce dernier passage où tous les danseurs interviennent, en continuité avec le corps des deux personnages principaux.

La précision et la vitesse d’exécution des mouvements, magnifiés par des arrêts sur image saisissants, témoignent d’une technicité hors norme chez les danseurs. Aussi, cette fascination pour la théâtralité du geste capte-elle par la prise de parole, l’incarnation, les gesticulations faciales, dont la danse contemporaine et souvent pauvre.

Mais, au-delà de cette nouvelle manière de transmettre l’angoisse des relations amoureuses et les deux dimensions présentes dans une même personne, la portée du propos a ses limites, même s’il se veut extrême pour le corps. Ce constat est réchappé par l’humour et la qualité des images que livrent les interprètes. 

10-06-2011


Théâtre - Exposition - Photos
(pour plus de détails, consultez le www.fta.qc.ca)

La porte du non-retour
28 avril au 11 juin
Heures d'ouverture
Jusqu'au 22 mai :
Mardi, mercredi et jeudi : 13 h à 19 h
Vendredi, samedi et dimanche : 13 h à 17 h.
À partir du 23 mai :
Mardi, mercredi et jeudi : 13 h à 19 h
Vendredi et samedi : 13 h à 17 h
Maison de la culture Frontenac
Durée : 45 minutes
Audioguide en français

L’Afrique intérieure
La porte du non-retour
fait référence à des monuments de la côte ouest africaine érigés en mémoire des millions d’esclaves déportés de l’Afrique vers l’Amérique. Une fois cette porte franchie, les esclaves savaient que jamais plus ils ne reviendraient.

Une salle d’exposition. Une cinquantaine de photos. Un audioguide. Le spectateur enfile un casque d’écoute. Voyageur solitaire, il surprend des réflexions, parfois enragées, parfois engagées, toujours poétiques, chuchotées dans son oreille. Commence alors un périple au cœur du continent africain. Celui des négriers, des réfugiés, des exodes urbains, des déplacés des guerres et de la misère.

Vécu par Philippe Ducros, ce parcours initiatique rassemble photos et récits stockés par l’auteur de L’affiche. Sa soif de justice s’y retrouve, intacte. Le spectateur devient migrant, fait face au monde et à ses marges, perçoit la vie qui bat, ailleurs. De ces voyages, le narrateur comprend que jamais il ne pourra revenir tout à fait.

Texte, mise en scène et photographie / Text, direction and photography Philippe Ducros
Traduction / Translation Shelley Tepp Erman
Version française avec / French version with Étienne Pilon + Klervi Thienpont
Version anglaise avec / English version with Catherine Bérubé + Alex Ivanovici
Musique / Music Ludovic Bonnier
Conseillère à la scénographie / Set consultant Magalie Amyot
Coproduction Festival Transamériques

Productions Hôtel-Motel

En parallèle : « La mémoire politique au théâtre », table ronde avec Gabino Rodriguez, Luisa Pardo, Philippe Ducros et Martin Genest, 2 juin 12h30, Quartier général du FTA


Installation interactive
(pour plus de détails, consultez le www.fta.qc.ca)

Solenoid
vidéo
17 mai au 7 juin
Place des Ars, salle d'exposition de l'espace culturel Georges-Émile-Lapalme
Gratuit

Le cercle des danseurs disparus
Surprenante invitation à entrer dans la danse. Dans l’installation interactive SoleNoid, huit chaussures de claquettes placées autour d’un dispositif technologique bardé de fils entament une chorégraphie digne de Busby Berkeley. Par la magie combinée de l’informatique et de la mécanique, talons, pointes et semelles livrent une symphonie de rythmes et de frappes qui donnent envie de taper du pied. La performance ne dure que quelques minutes. Invité à la table de contrôle, le spectateur aventureux peut la réinventer. Chacune des 16 clés mises à sa disposition déclenche de courtes séquences de mouvements et de sons avec lesquelles il peut jouer pour composer sa propre création.

Réunissant virtuel et réel dans cette structure robotique déployée à la manière d’un mandala, le plasticien Peter William Holden évoque la perfection et la complexité de l’univers. Sculptant simultanément l’espace et le temps, il offre une double occasion de jeu et de méditation. Ludique et insolite.

Une installation interactive de Peter William Holden
Composition originale Marko Wild
Documentation photo graphique Medial Mirage / Matthias Möller
Coprésentation Place des Arts
Création en 2009


Film - performance
(pour plus de détails, consultez le www.fta.qc.ca)

Bonanza - Anvers
vidéo
27 mai - 18 h 00
27 mai - 20 h 00
28 mai - 15 h 00
28 mai - 17 h 00
29 mai - 15 h 00
29 mai - 17 h 00
Durée : 1 h 10
En anglais avec sous-titres français
Studio Hydro-Québec du Monument-National
Un spectacle de Berlin

...la suite

L’Ouest, le vrai
Bonanza, la ville la moins peuplée du Colorado : sept habitants pour cinq maisons. Tout autour, la nature luxuriante. On est pourtant bien loin du paradis. Jadis florissante, l’ancienne cité minière n’abrite plus qu’une poignée d’humains, imbibés de spiritualité douteuse, accusant leurs voisins des pires crimes. Les relations pourrissent lentement, profondément gangrénées par les jalousies, les petites mesquineries et les rumeurs malsaines.

Sur la scène, une maquette de la ville surplombe cinq écrans pour les cinq maisonnées. Îlots isolés, pourtant contigus. Projections simultanées d’instantanés du quotidien, aveux candides et ragots ahurissants forment un portrait rudement authentique de ces « personnages » pourtant bien réels, mais semblant tout droit sortis d’une fiction des frères Coen.

Le groupe belge Berlin a imaginé ce voyage aux frontières du théâtre, du documentaire et de l’installation. Bonanza s’impose comme un microcosme de la vie en société, une peinture décapante et férocement humaine.

Conception Berlin (Bart Baele + Yves Degrise + Caroline Rochlitz)
Photographie Bart Baele + Nico Leunen
Montage Bart Baele
Bande sonore et mixage Peter Van Laerhoven
Recherche Berlin + Nico Leunen
Conception graphique Gerjo Van Dam
Miniatures Koen De Ceuleneer
Coproduction Stuk (Louvain) + Kvs (Bruxelles) + Vooruit (Gand)
Avec le soutien de Flanders Audiovisual Fund + Ville de Anvers + Flanders Image
Présentation en collaboration avec Monument-National

Création au Kunstencentrum Stuk, Louvain (Belgique) en décembre 2006


Retour à l'accueil